Villefranche-de-Rouergue. Aveyron : aide à domicile, une profession à revaloriser

Abonnés
  • La grille salariale propose une paie en dessous du smic pour les débutants./Photo illustration
    La grille salariale propose une paie en dessous du smic pour les débutants./Photo illustration
Publié le
Elisa Centis

Le travail d’aide à domicile peine à attirer, en raison notamment du salaire.

"Plusieurs employées sont épuisées, tant psychologiquement que psychiquement", décrit Pierre Slusarczyk, directeur de l’Aide ménagère à domicile (Amad) à Villefranche-de-Rouergue. Les aides à domicile doivent faire le ménage mais aussi manipuler les personnes âgées dont la mobilité a diminué. "Face à des personnes isolées, parfois déprimées, on ne peut pas être complètement insensible", ajoute le directeur de l’Adam. Les auxiliaires de vie doivent aussi faire face à la virulence de certains bénéficiaires. Les maladies neurodégénératives pouvant générer des comportements agressifs. "Ce n’est pas pour rien que nous sommes en rapport avec un organisme de soutien psychologique", renchérit Gilles Foudral, président de l’Admr de La Casette, présent sur le Villefranchois.

Payé au smic

Au regard de leur rémunération, il semblerait que les pouvoirs publics aient oublié ces travailleuses. "Aucune revalorisation salariale digne de ce nom n’a eu lieu depuis 2012", peste Gilles Foudral. Résultat : les aides à domicile qui démarrent sont payées à hauteur du smic. "Et encore, selon la grille salariale elles devraient être payées en dessous, mais nous compensons la différence", insistent les deux responsables de ces associations à but non lucratif. Tous deux remarquent ainsi que celles qui viennent en aide aux autres sont elles-mêmes touchées par la précarité. "La majorité des auxiliaires de vie sont des femmes de la quarantaine, seule avec des enfants", observe Gilles Foudral.

Financer des formations

"L’accord paritaire négocié par les partenaires sociaux, visant notamment la revalorisation des salaires n’est toujours pas validé par l’État. Pourtant cela fait un an et demi que les débats ont débuté, et le président de l’ADMR de poursuivre courroucé. La loi Grand âge, qu’on nous avait promis a elle aussi été fois reportée aux calendes grecques."

De meilleurs salaires permettraient de rendre le secteur plus attractif alors qu’aujourd’hui beaucoup candidatent "par défaut", regrette Pierre Slusarczyk. "On a perdu beaucoup de bons éléments qui sont partis à l’hôpital car c’est payé 300 euros de plus pour ceux qui ont le diplôme d’aide-soignant", complète Hélène Duchann, auxiliaire de vie à l’ADMR.

Il manquerait "4 à 5 milliards d’euros" sur le plan national pour le secteur, estime Pierre Slusarczyk. Cet argent financerait les salaires, mais aussi les formations. Nombreuses sont les personnes qui arrivent sans diplôme. Or, il est utile d’apprendre les bons gestes pour les transferts notamment (manipulation des personnes lors des déplacements). Cela éviterait les multiples arrêts de travail pour lumbago.

Une formation pour la gestion des repas serait aussi nécessaire, car les auxiliaires de vie sont amenées à cuisiner pour des personnes diabétiques, par exemple. " Elles seraient ainsi aptes à s’adapter à toutes les situations", valorise Pierre Slusarczyk.

Des compétences qui leur permettraient de se sentir mieux dans leur travail et qui profiteraient aux premiers intéressés : les personnes âgées. Un public fragile dont le maintien à domicile s’avère pertinent dans le contexte de la crise sanitaire, alors que les Ehpad peuvent devenir des clusters.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?