Villefranche-de-Rouergue. Villefranche : passe d’armes au dernier conseil municipal

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  • Les 4 millions du Pôle culturel grèvent le budget de la commune et impacte les habitants./Photo MCB.
    Les 4 millions du Pôle culturel grèvent le budget de la commune et impacte les habitants./Photo MCB. DDM
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"Vous êtes parti sans payer l’addition" a reproché Jean-Sébastien Orcibal à Laurent Tranier.
 

Rien ne laissait augurer l’ambiance électrique qui a monté d’intensité au fur et à mesure du déroulement du dernier conseil de mardi soir si ce n’est l’examen des chiffres du budget qui provoque toujours des crispations.

Après avoir observé une minute de silence suite au décès de l’ancien maire de Villefranche-de-Rouergue (de 1997 à 2001) Claude Penel, et à la disparition de l’ancien conseiller municipal de Robert Fabre (de 1971 à 1983) Jean Duranton, les élus ont écouté, presque religieusement, la deuxième adjointe en charge des finances, Alix Janodet, présenter le budget primitif de la ville pour 2021.

De sa voix douce, elle a égrené tous les budgets (principal, eaux, assainissement, camping) ainsi que la fiscalité dont la principale caractéristique est de ne pas augmenter, les taux d’imposition restant inchangés. "Le budget se présente dans un contexte délicat entre la suppression de la taxe d’habitation et la stagnation des aides de l’état. 2020 fut une année exceptionnelle en raison de recettes qui n’ont pas eu lieu et de dépenses supplémentaires dues à la crise sanitaire. Cela donne un résultat atypique et l’équilibre budgétaire qui en résulte ne peut servir de base à l’élaboration du budget 2021 car de nombreuses inconnues perdurent. Néanmoins la maîtrise des dépenses de fonctionnement, l’optimisation des ressources propres, la stabilité de la fiscalité permettent un programme d’investissement ambitieux". On note donc un budget de fonctionnement de près de 17 M € pour un investissement de presque 11 millions d’€.

Hausse des charges de personnel

C’est à la fin de cet exposé que la voix de Laurent Tranier, chef de file de l’opposition, a commencé à s’élever. Celui-ci considère comme "un dérapage, les fortes hausses de charges de personnels", plus 12,79 %, selon lui. "C’est énorme dans le contexte actuel. On renouvelle notre alerte, vous allez trop loin dans les dépenses de personnel par rapport aux possibilités de la commune. On ne peut pas financer des dépenses durables par des économies ponctuelles". "Nous ne sommes pas dans la politique qui s’est faite précédemment", répondait Jean-Sébastien Orcibal, "nous avons mis un Atsem par classe et un agent de police municipale pour 1 000 habitants". Ce qui monte le total à 12 contre 3,5 avant. "On a 300 000 euros d’économie des abattoirs, c’est un choix politique de mettre des crédits sur le personnel", précisait Jean-Claude Carrié, le premier adjoint. Laurent Tranier s’est dit aussi "interpellé par le produit des cessions de mobilisation de l’ordre de 275 000 €. Où en sont ces ventes ? Notamment celle de la moitié de l’immeuble des Sociétés, place Bernard-Lhez, au Département. N’est-ce pas du rêve ?". Ce à quoi Éric Cantournet, conseiller départemental et membre de la commission des finances, rétorquait que si le Conseil départemental n’a pas encore délibéré sur cet achat, il s’est néanmoins engagé et son président, Jean-François Galliard, s’est encore récemment positionné en faveur de cette acquisition. "Le dossier a évolué car le calendrier s’est détendu". La prise de possession interviendra en 2023 ce qui impacte aussi les deux versements de 400 000 euros.

Espace de convivialité au stade

Laurent Tranier, posant moult questions sur chaque achat foncier, tentait de provoquer l’exaspération du maire, en demandant inlassablement le détail du projet, son évaluation, son calendrier. Jean-Sébastien Orcibal, imperturbable et d’un calme olympien, déroulait tranquillement ses explications. Le Moulin de Colonges ? "Trop souvent inondé, en devenant propriétaire la ville contrôlera sa salubrité et y placera la Maison de l’Amitié où les aînés disposeront d’une espace de 130 m2 avec une piste de danse qui servira aussi pour d’autres activités. Cela deviendra un lieu mutualisé intergénérationnel". Il manque aussi des places d’hébergement pour les étudiants, "l’immeuble Buffard permettra la réalisation d’un campus en cœur de ville dont l’exploitation sera confiée à un bailleur, donc cette opération ne pèsera pas sur le budget". Par ailleurs, "l’achat d’une parcelle, la maison Marre, au milieu de l’enceinte du stade Henri-Lagarde permettra de créer un espace de convivialité pour les réceptions d’avant et après match", a détaillé Stéphanie Bayol. Cette dernière, adjointe en charge des sports, était d’ailleurs émue lorsqu’elle a récolté l’unanimité pour baptiser la grande salle du gymnase Robert-Fabre, en salle José-Correia, son oncle, qui a porté le club de handball pendant plus de trente ans.

CPAM

Quid de la CPAM, revenait à la charge Laurent Tranier, et c’est là que les choses se corsaient… La précédente équipe municipale s’était en effet lancée dans une procédure judiciaire pour un vice de forme, estimant que ce bien appartenait à la commune. Dénonçant l’insécurité juridique de cette démarche, le maire actuel a préféré négocié avec la CPAM un rachat à moindre coût. Le projet de Jean-Sébastien Orcibal est de raser ce bâtiment pour sécuriser le marché et l’école Pendariès et proposer de nouvelles places de stationnement. " Pour aller plus vite, vous faites un chèque de 178 000 euros pour un truc qui appartient déjà à la commune. C’est choquant, ce n’est pas une bonne gestion", objectait Laurent Tranier. "L’exercice budgétaire est un exercice de réalité. Et la réalité des chiffres est en train de vous rattraper", reprenait-il s’adressant au maire. "J’entendrais encore mieux si vous n’étiez pas parti sans payer l’addition. La moitié de mon budget sert à payer les 4 millions d’euros de votre Pôle culturel", rétorquait Jean-Sébastien Orcibal. Enfin, pour clôturer les débats avant le vote (l’opposition a voté contre), Jean-Claude Carrié déclarait : "C’est un budget ambitieux, novateur et volontariste. Pas question de faire de l’immobilisme, il va de l’avant malgré le climat de morosité. L’enveloppe pour la voirie est conséquente car, en un an, on en a déjà rattrapé trois".

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