De Viviez à Rodez, les "Sam" durcissent le ton
Toujours dans l’impasse et dans l’attente d’un repreneur "crédible", les 365 salariés de l’usine Sam ont une nouvelle fois exprimé leur colère devant la préfecture de l’Aveyron, à Rodez, jeudi après-midi.
Quand les salariés de Sam "montent" à Rodez, ils savent se faire entendre. La dernière fois, c’était le 11 mars, sur le parvis de la salle des fêtes. Et déjà, chez les salariés comme les élus du Bassin decazevillois, on disait qu’une solution devait être trouvée au plus vite sinon "cela se finirait mal ". La large table ronde avait néanmoins atténué la colère, Renault annonçant qu’il injecterait 10 millions d’euros supplémentaires dans ses commandes pour l’usine aveyronnaise, ouvrant ainsi la porte aux négociations avec le seul repreneur potentiel CIE Automotive, géant de l’industrie espagnole présent dans pas moins de 15 pays. Un mois plus tard, les "Sam" sont revenus dans les rues de Rodez, cette fois devant la préfecture.
"Cette offre de reprise est une coquille vide"
Plus bruyant, plus tendu, le rassemblement était une nouvelle fois l’occasion de mettre la pression sur l’État et le constructeur français. Car les négociations avec CIE Automotive n’ont rien donné, le repreneur souhaitant rester sur son offre de reprise initiale prévoyant la suppression de 214 emplois sur les 365 actuels dans la fonderie, fleuron de l’industrie dans le Bassin. "Le gouvernement et Renault ont voulu nous enfermer dans cette offre de reprise qui n’est qu’une coquille vide et qui a pour seul projet de supprimer des emplois ! Aujourd’hui, l’état est la marionnette de Renault et ça, on ne peut pas l’accepter, d’autant plus venant d’une multinationale qui a reçue cinq milliards d’euros d’aides publiques. C’est donc à eux de trouver une solution et un repreneur crédible ", a expliqué David Gistau, délégué départemental CGT avant d’être reçu, aux côtés des représentants du personnel de l’usine, par la préfète de l’Aveyron, Valérie Michel-Moreaux, en personne. Sous le bruit des pétards et les "vive la Sam" scandés par les manifestants, l’entrevue a duré plus d’une heure. " La préfète nous a rappelés que l’État était mobilisé sur le dossier et que des discussions étaient en cours pour trouver un autre repreneur ", a lancé Ghislaine Gistau à ses camarades. Pas de quoi vraiment calmer la colère : "Elle est légitime et elle va monter crescendo s’il n’y a pas de solutions. Renault ne peut pas avoir droit de vie sur des femmes, des hommes et un territoire tout entier. C’est à l’État maintenant de lui dire d’assumer l’avenir de Sam !"
Site bloqué
En attendant, le site de Viviez est de nouveau bloqué depuis hier matin alors que CIE Automotive a indiqué en fin de semaine dernière qu’il ne prorogerait pas son offre de reprise, dénonçant "un manque de volonté de toutes les parties prenantes"… Un autre repreneur se présentera-t-il dans les jours à venir avec un projet industriel prévoyant la sauvegarde d’un maximum d’emplois ? Les "Sam" l’espèrent sous peine de devoir une nouvelle fois exprimer leur colère. "On ne lâchera rien !", ont-ils tous promis, hier après-midi sous les fenêtres de la préfecture.
Jeudi, Carole Delga, présidente de la Région, a interpellé, via une lettre, le Premier ministre Jean Castex sur la situation de l’usine Sam. "Je sollicite un entretien de toute urgence en présence des élus locaux et des représentants du personnel de l’entreprise. Nous sommes dans l’attente de l’annonce d’un repreneur pour leur usine sous-traitante automobile, placée en redressement judiciaire. La proposition CIE a été présentée par Madame la ministre, Agnès Pannier-Runacher, comme la seule option possible. À ce stade, il est nécessaire de nous rencontrer pour imaginer d’autres options pour la Sam et ses salariés", écrit la présidente de Région rappelant que la collectivité "jouera pleinement son rôle dans la mobilisation collective".
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