Sévérac d'Aveyron. Sévérac, plus qu’un château

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Centre Presse

La fondation du patrimoine vous invite à la découverte de la cité sévéragaise.
 

Qui ne connaît pas Sévérac et son château se dressant, tel un phare dominant la vallée de l’Aveyron, à la vue des utilisateurs de l’A75 ? Mais faites-vous partie de ces heureux qui, décidant de faire une pause, sont partis à la découverte de ruelles de sa cité médiévale ? La cité, encore à l’abri de ses remparts, ne se découvre qu’à pied, en se perdant dans ses ruelles et carayrolles*. Un dépliant, disponible à l’office du tourisme, rue des Douves, permet de s’orienter. Remontez le temps en franchissant la porte, et découvrez un condensé de la vie d’autrefois, du XIVe au XVIIIe siècles…

Le bourg s’est installé sur le flanc sud de la butte, sous la protection du château, vraisemblablement dès l’an 1000. Un peu d’imagination permet de retrouver ses remparts médiévaux dans l’alignement des maisons, rue des Douves, en un unique mur de façade. On entre dans la cité, par la porte du Peyrou ou par celle du Latazou, deux des quatre portes fortifiées de herses et pont-levis, qui la sécurisaient.

La maison de Jeanne à découvrir

Au Moyen-Âge, la cité était un lieu de protection mais également un lieu d’échanges commerciaux avec le marché couvert ou sestayral qu’il faut découvrir au fond d’une impasse caladée, derrière la Maison des consuls. Là encore, le visiteur doit faire appel à son imagination : l’espace actuel se poursuivait autrefois dans les caves voûtées des maisons adjacentes.

Derrière les grilles modernes, on aperçoit deux cuves en pierre : ce sont les sétiers, les mesures officielles de Sévérac pour le commerce des céréales. Au quotidien, commerçants et artisans proposaient leurs produits dans les échoppes que l’on reconnaît encore à leur ouverture caractéristique : deux étals en pierre, de part et d’autre de la porte. Il en subsiste dans toute la cité mais les plus belles sont visibles en haut de la rue Amaury-de-Sévérac, du nom du baron de Sévérac, maréchal de France, assassiné à Gages en 1427.

Comment vivait une famille d’artisan à l’époque d’Amaury-de-Sévérac (XVe siècle) ? La maison de Jeanne en témoigne : construite sur pans de bois et en encorbellements, sa surface habitable qui augmente d’étage en étage rend compte de la pression démographique à l’intérieur des remparts. Le rez-de-chaussée se partageait entre une petite échoppe et un espace pour les animaux. Autour d’une cheminée et d’un évier en pierre, le premier étage constituait la pièce commune où l’on mangeait et où l’on dormait. Le grenier, abritant les réserves, servait également de chambre pour les enfants… Imaginez qu’une famille de six à huit personnes pouvait y vivre. Aujourd’hui, propriété communale, elle se visite en saison.

Sévérac est située en bordure des Grands Causses : l’abondance de la pierre calcaire a marqué son architecture. S’il subsiste dans la cité quelques maisons à colombages comme la maison de Jeanne, la plupart des constructions sont en pierres. Certaines, dites "turriculées", sont dotées d’une tour-escalier et de sculptures sur la porte et les fenêtres, témoignages de la richesse du propriétaire. Si vous cherchez bien, vous en découvrirez treize disséminées dans toute la cité !

"Art dans la cité"

Une cité en hauteur, protégée par des remparts, surtout en région de causse, était vulnérable pour son accès à l’eau. Sévérac bénéficie d’une résurgence (ou puits artésien) captée en haut du village, à la fontaine romane. Passez la tête à l’intérieur pour voir ses deux bassins et sa belle voûte romane. C’était le seul point d’eau public de la cité et les anciens se souviennent que, jusque dans les années 1950, l’eau pouvait être rationnée par un garde en cas de sécheresse. Le manque d’eau a surtout été problématique dans le château, où l’on recueillait l’eau de pluie dans une immense citerne, lorsqu’il a été impossible d’éteindre les incendies successifs…

Dès 1432 et la prise en main de la baronnie par le comte de Rodez, Jean IV d’Armagnac, Sévérac est dotée de représentants : les consuls. Désormais, les habitants du bourg et des villages "élisent" chaque année leurs représentants. Préfigurant nos conseillers municipaux, les consuls surveillent le commerce, répartissent les impôts, assurent la police, organisent l’entretien des biens communs, détiennent les clefs de la ville dont ils règlent la surveillance… Ils gèrent même le bordel ! La maison commune a subsisté : c’est la Maison des consuls, ouverte gratuitement de 15 heures à 19 heures en juillet et en août. N’hésitez pas à passer la porte : dans un cadre d’époque XVIIe, vous découvrirez, sur trois étages, l’histoire de Sévérac, la maquette de son château à l’époque de Louis d’Arpajon (vers 1660)… et des expositions temporaires autour d’objets anciens.

L’exposition 2021, "Se soigner au XVIIe siècle, entre science et superstition" sera inaugurée pour la Nuit des musées, le 3 juillet (programme bientôt sur la page Facebook "maison des consuls 12150").

Au détour des ruelles, vous verrez l’église Saint-Sauveur qui dépendait du couvent des bénédictins et fut partiellement détruite lors des Guerres de religion. Une superbe statue en bois d’époque XVIIe sera l’occasion de découvrir la légende de Gloriande de Thémines, malheureuse épouse de Louis d’Arpajon.

La petite cité de Sévérac ne fut jamais extrêmement prospère ni très peuplée : ses cinq quartiers, puis les deux faubourgs (ou "barry") qui se développent à l’extérieur des remparts (à partir du XVIIe siècle), ne devaient pas compter plus de 1 000 habitants. Cependant, l’arrivée du chemin de fer en 1880 et le choix d’une gare en fond de vallée vont paradoxalement la protéger. Désormais, l’activité économique va se concentrer à Sévérac-gare, nœud ferroviaire et centre d’entretien, qui compte très vite plus de 3 000 habitants, dont 500 employés du chemin de fer. Un quartier de maisons cheminotes et l’impressionnante sous-station témoignent de ce passé, lui aussi révolu.

Avec le déplacement du centre actif vers la gare, la "vieille-ville" de Sévérac s’endort doucement, victime pour 100 ans d’un sort contraire, telle la belle au bois dormant… C’est dans l’authenticité de son architecture préservée qu’elle se réveille aujourd’hui. L’été, le dispositif "Art dans la cité" permet d’accueillir dans ses échoppes une quinzaine d’artisans d’art et des comédiens redonnent vie à ses ruelles : la cité n’attend que vous !

*carayrolles : nom des étroites ruelles caladées qui serpentent entre les maisons, en direction du château.

Sévérac d’Aveyron

Les GPS en perdent leurs coordonnées, et les touristes s’égarent… Depuis la création en 2016 de la commune nouvelle de "Sévérac d’Aveyron", Sévérac-le-château n’a pas disparu : le bourg est désormais, comme Buzeins, Lapanouse, Lavernhe et Recoules-Prévinquières, une partie de la nouvelle commune. Il est heureux que le nom de Sévérac ait subsisté : à travers la légende d’un Sévérus centurion de Jules César en – 52, il nous raconte un peuplement gallo-romain de ce site stratégiquement intéressant et favorable à l’agriculture. En 882, c’est le nom d’une viguerie carolingienne avant de devenir pour 500 ans celui des barons du lieu. L’assassinat d’Amaury de Sévérac, en 1427, marque la fin de la présence de la famille de Sévérac dans la cité…Depuis 1986, l’association des Amis du château et du patrimoine sévéragais fédère les énergies pour restaurer, promouvoir, faire connaître le patrimoine. Si leurs actions ont débuté au château, dont les travaux sont gérés aujourd’hui par la municipalité, ils sont toujours partie prenante des actions touristiques et culturelles. Leur quartier général est à la Maison des consuls.
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