Derrière l'insolent succès du jeu vidéo, la dure réalité des conditions de travail

  • "L'une des raisons pour lesquelles moi-même et tant d'autres immigrants sommes restés à Montréal est le nombre de studios. Vous pouvez changer d'emploi sans renoncer à vos amis, à votre propriété et à votre qualité de vie".
    "L'une des raisons pour lesquelles moi-même et tant d'autres immigrants sommes restés à Montréal est le nombre de studios. Vous pouvez changer d'emploi sans renoncer à vos amis, à votre propriété et à votre qualité de vie". EvgeniyShkolenko / Getty Images
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Relaxnews

(ETX Daily Up) - Des concepteurs de jeux vidéo multiplient les témoignages en dévoilant les parties désagréables, voire handicapantes, de leur métier. Déménager, rogner sur la vie professionnelle et personnelle de son conjoint ou conjointe, retrouver un travail épanouissant... Sans parler du cas des travailleurs étrangers qui seraient les plus touchés par ces conditions de travail aux Etats-Unis.


Si il y a bien un secteur qui n'a pas pâti de la crise sanitaire, c'est bien celui du jeu vidéo. Contrairement au cinéma ou la musique, les confinements successifs ont boosté ce marché qui pèserait désormais 200 milliards de dollars, selon une étude publiée en avril dernier par le cabinet de conseil Accenture.

Mais ce succès, qui devrait perdurer dans les années à venir selon les spécialistes, n'empêche pas un marché de l'emploi du secteur parfois précaire. Les carrières peuvent être irrégulières, mouvantes ou stagnantes. Et quand la passion est centrale au métier, ce dernier peut empiéter sur tous les pans de la vie.

Sur Twitter, Laralyn McWilliams, concepteur de jeux vidéo depuis les années 90, raconte dans un thread la "taxe tacite" à payer dans le monde du développement de jeux vidéo : celle qui implique de déménager souvent. Elle liste notamment ses nombreux déménagements (10 en 27 ans) qui ont eu des conséquences sur sa vie personnelle. "Cela détruit presque certainement la carrière de votre conjoint/partenaire parce qu'il n'a pas de cohérence, pas d'antécédents, moins de possibilités d'avancement. Et il devient de plus en plus difficile de se faire des amis dans de nouvelles villes en vieillissant, surtout pour une introvertie comme moi", explique Laralyn McWilliams.

"L'une des raisons pour lesquelles moi-même et tant d'autres immigrants sommes restés à Montréal est le nombre de studios. Vous pouvez changer d'emploi sans renoncer à vos amis, à votre propriété et à votre qualité de vie", répond Gavin Young, programming projects lead, soulevant un problème concernant les travailleurs immigrés.

60 jours pour retrouver un travail

Le dévouement des développeurs de jeux vidéo se heurte à un marché complexe et saturé. Aux Etats-Unis, le secteur embauche directement 143.000 personnes, grâce à des éditeurs majeurs comme Electronic Arts, Activision Blizzard ou Valve, selon l'Entertainment Software Association. Mais à part les Etats-Unis, très peu de pays peuvent proposer un grand nombre d'emplois.

Une contrainte qui oblige souvent les salariés de ce secteur à prendre les premières offres d'emplois, ou à devoir changer de ville pour s'assurer une qualité de vie.

En avril dernier, le média d'actualité technologique The Verge pointait le risque d'expulsion des designers étrangers en publiant le témoignage de plusieurs concepteurs de jeux vidéo. 

"Ils ne perdent pas seulement un emploi. Ils peuvent être contraints d'abandonner complètement leur vie et de quitter le pays. Cette crainte se répercute sur différents aspects de leur carrière, limitant les endroits où les développeurs peuvent se permettre d'accepter des emplois et le poids dont ils disposent pour demander de meilleurs salaires ou conditions de travail une fois qu'ils sont en poste", détaille la journaliste de The Verge. 

Car "dans l'industrie des jeux, en particulier, être embauché en deux ou trois mois n'est pas une chose courante, ou alors c'est très rare et difficile à obtenir", a déclaré Jennifer Scheurle à The Verge. Après l'annulation de projets, Jennifer Scheurle a perdu son emploi et n'avait que 60 jours pour trouver un nouveau travail pour ne pas être expulsée. Ce temps court l'a amenée à ne pas écouter ses envies pour prendre des décisions pour le futur de sa carrière.

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