À Estaing, l’église d’Annat a retrouvé sa cloche restaurée

C’était un vendredi de septembre, en fin d’après-midi, le rendez-vous était donné au petit village d’Annat pour le retour de la cloche, partie depuis quelques mois pour une restauration.

L’accès se fait par une route de campagne, avec tours et détours, pour rejoindre, sur les hauteurs, au nord de la commune d’Estaing, cet agréable hameau. C’est un lieu accueillant et entretenu avec de belles maisons en pierre restaurées et, au cœur du village, l’église Saint-Pierre. D’Annat, de Cauvin, de La Coursière ou encore d’Estaing, ils sont nombreux à rejoindre le parvis de l’édifice et à se rassembler autour du maire, Nathalie Couseran, et des conseillers municipaux.

On sent de la joie, de l’amitié et du bonheur de se retrouver pour le retour de la cloche. Elle est installée dans l’église. En attendant son retour dans le clocher, chacun peut la voir, la toucher, lire les annotations inscrites dessus. C’est une réparation parfaitement réussie et on ressent la fierté des habitants de ce quartier de voir leur patrimoine sauvegardé grâce à la municipalité et au soutien de l’État et du conseil départemental.

Aussi, ce soir-là, c’était l’occasion pour Madame le maire de remercier les partenaires financiers, l’entreprise pour le travail accompli et les habitants pour les actions menées bénévolement tout au long de l’année afin de maintenir cette partie de la commune accueillante : entretien de l’église, du cimetière, du hameau.

Cette rencontre se poursuivait autour du verre de l’amitié accompagné de gourmandises salées et sucrées confectionnées par les habitants. Un vrai moment de partage que les participants ont prolongé au milieu des nombreuses conversations.

Trois cloches, trois sons

Les cloches sont le plus bel ornement du clocher. À Annat, elles sont au nombre de trois, parfaitement harmonisées, Mi Sol Do. La première cloche, le Do, a été fondue à Annat même. Le fondeur ambulant trouva sur place les matériaux nécessaires. Elle n’est pas polie mais le son, un peu aigrelet, est excellent. Ensuite, grâce à la générosité des compatriotes de Paris, ce fut l’acquisition de deux nouvelles cloches. C’est la fonderie Pourcel, à Villefranche-de-Rouergue, qui a été chargée de les produire. Deux nouvelles cloches pour deux sons doux et mélodieux, Mi et Sol. Le prix et le poids de ces deux dernières acquisitions sont de 2 158 francs et 770 kg environ pour le Mi, et 1 167 francs et 417 kg pour le Sol.

La plus petite cloche des trois installées dans le clocher a été réparée cette année. C’est à l’occasion de l’entretien annuel de l’électrification des cloches sur les églises communales que l’entreprise Bodet Campanaire a constaté une fissure, de plus de 15 centimètres, sur la cloche. Aussitôt, l’horloge a été mise à l’arrêt pour ne pas aggraver la fissure.

Au mois d’avril dernier, la cloche a été déposée pour partir vers les ateliers Bodet Campanaire, à Trémentines, dans le Maine-et-Loire. Quelques mois de travaux ont été nécessaires pour une restauration complète avec traitement thermique, soudure avec recharge en bronze, décapage et nettoyage ainsi que la restauration du mouton (traitement et renforts). Des étapes nécessaires pour garantir la pérennité de la réfection qui sont préconisées par l’entreprise : restauration du mouton, restauration complète du chêne et des ferrures permettant le réemploi, la sécurisation et la mise en valeur de l’ouvrage.

L’entreprise Bodet Campanaire a réalisé avec succès cette opération et a préservé l’authenticité de l’ensemble. Une magnifique restauration ! La présence d’une cloche indiquant les heures est particulièrement appréciée dans les petits villages et reflète une identité culturelle forte.

Un peu d’histoire

La paroisse d’Annat n’est pas très ancienne ; elle existe seulement depuis 1852. Cette création était due au nombre de ses habitants (330) et à la distance kilométrique qui séparait le hameau du chef-lieu paroissial. À l’ombre du chêne, au centre du village, les anciens s’y sont réunis pour délibérer. L’église sera bâtie au point central, sur le Couderc communal, un lieu sain et sec pour accueillir cet édifice. Grâce au dévouement des habitants, au travail des ouvriers et au don d’un généreux bienfaiteur, l’église a été construite à l’endroit désigné.

Cette dernière a été aménagée tant bien que mal et, en attendant l’arrivée d’un prêtre, les paroissiens s’y réunissaient pour y chanter les vêpres, présidées par un pieux laïque. Le premier prêtre, natif de Combefouillouse, à Espalion, a été Guillaume Pierre Cayzac, vicaire au Monastère-Cabrespines. Il y est resté jusqu’à sa mort avec l’aide de trois vicaires dont le dernier, l’abbé Albert Prat de la paroisse d’Alcorn, est devenu curé d’Annat.

Après la mort de l’abbé Prat, en janvier 1954, Annat n’a plus eu de prêtre résidant. Toutefois, l’église a continué à être desservie régulièrement par les prêtres demeurant à Estaing ou à Espalion. Depuis 1998, seuls les grands événements et certaines fêtes sont célébrés. Ainsi, on peut souligner que pour les cérémonies d’enterrement, la cloche joue un rôle important pour les paroissiens.

Cet édifice, dédié à saint Pierre, a été à la hauteur de toutes les attentions des villageois : entretien, réparation, consolidation. L’intérieur de cet édifice est très sobre avec peu de mobilier liturgique.

À l’image de l’inauguration de la réfection de cette cloche, prêtres et paroissiens ont su être attentifs à l’entretien de cette petite église qui trône fièrement au centre du hameau d’Annat.

C’est une belle histoire de réfection pour une belle histoire de sauvegarde de patrimoine.