Enfant togolais puis maire aveyronnais : un livre pour témoigner

  • Dans son ouvrage, l'élu évoque son intégration dans l'Aveyron, notamment par le biais du rugby.
    Dans son ouvrage, l'élu évoque son intégration dans l'Aveyron, notamment par le biais du rugby. Centre Presse
  • Dans son ouvrage, l'élu évoque son intégration dans l'Aveyron, notamment par le biais du rugby.
    Dans son ouvrage, l'élu évoque son intégration dans l'Aveyron, notamment par le biais du rugby. Repro CP
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Xavier Buisson

Simon Worou, réélu maire de Sainte-Juliette-sur-Viaur en 2020, retrace dans un livre de 192 pages son histoire peu commune, depuis ses 6 ans et sa première rencontre avec son père au Togo jusqu'à son accession au statut d'élu de la République française.

"C'est un regard sur mon parcours depuis l'Afrique jusqu'à mon arrivée ici, pour faire voyager les Aveyronnais, la France". Dans son livre "Simon Worou, enfant du Togo, maire en Aveyron" (Editions Toute latitude), l'élu aveyronnais, connu pour avoir été le premier maire noir de l'Aveyron en 2014, retrace son incroyable histoire, qui l'a mené depuis le Togo jusqu'en Aveyron.    

"J'ai fait ma scolarité au Togo, puis j'ai réussi le concours de sous-officier de l'armée, j'ai donc ensuite intégré la base de Rochefort, à 24 ans", se souvient Simon Worou. Le jeune Togolais fait ses classes, passe un Brevet de technicien supérieur, puis retourne travailler au Togo. "ça a été le choc culturel ! Plus de salle de bains, aller chercher de l'eau au puits... Alors je suis revenu en France. C'est le parcours d'un immigré !", s'amuse-t-il. 

Après une première partie consacrée à ses jeunes années, le maire de Sainte-Juliette-sur-Viaur en ouvre une deuxième autour de l'Aveyron. "Comment intégrer cette vie aveyronnaise", se demande-t-il... Cela passera beaucoup, comme il le raconte, par le rugby. Son solide gabarit aidant, Simon Worou s'intègre, entre les clubs de Rodez et surtout Cassagnes, jusqu'à occuper six années durant un poste de conseiller municipal à Sainte-Juliette. "Ensuite, je me suis dit : pourquoi pas moi ?... et je me suis présenté en 2014", se souvient-il.

Son accession au poste de maire se fait dans un climat parfois hostile, comme il le raconte dans le livre, et l'homme, employé au sein de Rodez agglomération, est sollicité par de nombreux médias pour témoigner de son expérience de maire noir dans l'Aveyron, un département où la diversité est loin d'être une réalité pour beaucoup.

Signataire de la préface du livre, l'ancien ministre Kofi Yamgnane souligne, outre "l'ambition" de cet "homme de devoir""la leçon que les électeurs et les électrices de Sainte-Juliette-sur-Viaur ont donnée à la France des racistes, des antisémites, des fascistes et autres extrémistes de tous bords et de toutes obédiences".

Une cérémonie sera organisée vendredi 12 novembre entre famille et amis de l'auteur pour célébrer le lancement du livre. Le ministre des Affaires étrangères du Togo devrait y être présent. Le lendemain samedi 13 novembre, Simon Worou dédicacera son ouvrage de 9 heures à midi à la Maison du livre de Rodez.

C'est la maison d'édition aveyronnaise Toute latitude qui a aidé Simon Worou à réaliser ce livre. La sortie officielle, samedi 13 novembre, est un "événement important" pour son fondateur Laurent Tranier, puisque le livre, tiré pour l'heure à 1000 exemplaires, sera présent dans toutes les librairies de France.

Extrait : chapitre 8, "élu maire de Sainte-Juliette-sur-Viaur, après bien des péripéties"

Lorsqu’à la fin du conseil municipal de ce mois de janvier 2014, Mme le Maire nous confirme sa décision de ne pas se représenter pour un deuxième mandat, je projette alors de briguer le poste de maire.

Je me voyais bien tenir les rênes de cette commune rurale, ma commune d’adoption. Mon ambition était grande, je ne m’en cachais pas et je voulais aller au bout de ma décision. Mais j’ai vu tout de suite que mon projet dérangeait Mme le Maire et un grand nombre de conseillers. Un Noir pouvait assumer des tâches dans l’ombre de Mme le Maire mais un Noir ne pouvait pas être à la tête de la commune. Quelle serait la réaction de la population ? Tu ne te rends pas compte Simon, tu vas les effrayer, tu dois oublier cette idée, tu n’es pas fait pour ça, me disaient certains. »

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