Aveyron : insultes, dégradations... il harcèle son ex-compagne depuis trois ans

  • Entre le prévenu et son ex-compagne, rien ne va plus.
    Entre le prévenu et son ex-compagne, rien ne va plus. - José A. Torres
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"Il n'entend pas la rupture et oscille entre nostalgie et colère. Ses traits de psychorigidité et ses ruminations font craindre un basculement vers un état délirant". Ce constat est celui d'un expert psychiatre. En 2020, la justice lui demande de rencontrer un agriculteur de la commune de Castelnau-Pégayrols. Le trentenaire aux revenus plus que modestes - 3 000€ par an ! -, sans compter une allocation aux adultes handicapés, vient d'être condamné à plusieurs reprises par le tribunal de Millau pour harcèlement sur son ex-compagne, une Anglaise qui s'est installée dans la petite commune pour y ouvrir une chambre d'hôtes. Leur relation n'a duré que quelques mois et s'est terminée en 2017. "J'étais le seul à l'aider et à l'accepter dans le village, j'ai fait tous les travaux de sa maison. J'ai trop subi avec elle, elle partait en vacances sans moi... Mais je suis passé à autre chose", explique-t-il à la barre du tribunal de Rodez, cette fois. Le hic, c'est que les faits prouvent le contraire. Et plusieurs témoignages accablent l'agriculteur. "Il la harcèle depuis 2018, ça fait trop, beaucoup trop ! Il franchit la ligne rouge là", s'est énervé le substitut du procureur de la République, Bernard Salvador.

Une "dernière chance"

Car plus que les intimidations et les passages récurrents devant le domicile de son ex-compagne - plus de 10 fois par jour selon plusieurs témoignages ! -, une longue série de faits sont reprochés au prévenu. Des insultes tout d'abord, récurrentes là aussi selon la victime se disant aujourd'hui "traumatisée et dans un état de stress permanent". Des dégradations également comme ce jour où il coupera les câbles d'électricité de la chambre d'hôtes ou encore quand il inscrira à l'aide d'un objet tranchant ces mots sur la voiture de son ex : "Profiteuse, manipulatrice". 

"Il me suit partout, je n'ose plus sortir de chez moi. À chaque fois, il est sur le trottoir. Je ne peux plus vivre comme cela, j'ai l'impression d'être en prison, je ne veux plus qu'il me terrorise", témoignera encore la victime à la barre, sous le coup de l'émotion. Le prévenu, lui, nie tout, ou presque. "Quand on veut faire porter le chapeau à quelqu'un, on y arrive par tous les moyens", dit-il, alors qu'il lui est également reproché d'avoir lancé un objet sur un gendarme lors d'une des nombreuses auditions à la suite d'une plainte de son "ex". "Je me suis excusé pour cela", rappellera-t-il, d'un ton ferme. Pour son conseil, Me Emma Buttet, "la victime en rajoute beaucoup". "Mon client a besoin de soins surtout, l'envoyer en prison ne résoudra pas le problème", plaide-t-elle, afin d'éviter le maintien en détention de son client, requis par le ministère public. Ses arguments feront mouche car le tribunal a laissé "une dernière chance" au trentenaire en le condamnant à six mois de prison ferme... aménageables. 

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