Snam et Phenix Batteries, nouvelle "licorne" du Bassin ?

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  • Éric Nottez est aux commandes de Snam et de Phenix Batteries.
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    Snam et Phenix Batteries, nouvelle "licorne" du Bassin ?
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RICHAUD Guilhem

Si proche et pourtant si loin de la SAM, "liquidée" ce vendredi... Avec 600 embauches annoncées pour la fabrication de batteries recyclées, Phenix Batteries, aboutissement du projet Phenix et filiale de Snam s’apprête à faire entrer l’entreprise, basée à Viviez et à Decazeville, dans une nouvelle dimension. Dans les prochaines années, la société va devenir la première entreprise industrielle du département, et un véritable moteur pour le Bassin, en maîtrisant la totalité de la chaîne. Snam est le leader européen du recyclage des batteries et Phenix vise la même place pour la production de nouvelles batteries à partir des matériaux récupérés.

Avec 600 embauches annoncées pour la fabrication de batteries recyclées, Phenix Batteries, aboutissement du projet Phenix et filiale de Snam s’apprête à faire entrer l’entreprise, basée à Viviez et à Decazeville, dans une nouvelle dimension. Dans les prochaines années, la société va devenir la première entreprise industrielle du département, et un véritable moteur pour le Bassin, en maîtrisant la totalité de la chaîne. Snam est le leader européen du recyclage des batteries et Phenix vise la même place pour la production de nouvelles batteries à partir des matériaux récupérés.

Il y a une simple lettre de différence, mais un monde d’écart. Alors que la fonderie Sam, à Viviez, est en grande souffrance, avec un avenir plus qu’incertain pour les 300 salariés, environ, qui travaillent actuellement sur le site, le voisin Snam, se porte particulièrement bien. Spécialisée dans le recyclage de batteries, et leader européen dans ce domaine, l’entreprise est en plein développement avec l’augmentation exponentielle de leur nombre dans les usages du quotidien. Elle connaît une forte phase de croissance. Surtout, depuis plus de dix ans, elle travaille sur la fabrication de nouvelles batteries à partir des pièces recyclées. C’est en 2009 qu’Éric Nottez, son président, comprend que cette activité peut être un nouvel axe de développement. "J’ai été surpris en visitant les ateliers et le laboratoire d’un fabricant de batteries neuves de voir qu’il y avait les mêmes métiers que chez nous qui les recyclons, note-t-il. Il faut du métallurgiste, du chimiste, mais aussi de l’électronicien et de l’électricien. On a réfléchi et on s’est dit que si on avait besoin des mêmes compétences, on pourrait franchir un pas et refabriquer des batteries puisqu’on avait les savoir-faire en interne pour le faire, même à notre petite échelle."

Des embauches à venir dans les deux structures

C’est ainsi qu’est né ce qui ne s’appelait alors qu’encore que le projet Phenix. Près de dix ans de recherche et développement plus tard, la production en série démarre. Et Snam est sur le point de créer une véritable filiale, Phenix Batteries, dans laquelle la Région a d’ailleurs annoncé qu’elle prendrait des parts, afin de l’aider dans son développement. Car le projet a tapé dans l’œil des collectivités. " On est aidés par France Relance et par la Région, reprend Éric Nottez. Toutes les bonnes fées sont vraiment autour du berceau. Il y a un dynamisme d’appui de toutes les agences gouvernementales et régionales. " À tel point que le groupe peut sereinement envisager l’avenir et l’investissement de 60 M€ à parts égales dans les deux structures, pour accélérer le développement.

Cela va se traduire par l’embauche, d’ici à six ans, de 600 personnes chez Phenix Batteries, et de plusieurs centaines également, chez Snam. Le tout avec beaucoup de sérénité. "600 emplois sur six ans, sur Phenix, c’est une ambition importante, convient le président. Mais que va-t-il se passer s’il y a des ratés en cours de route ? Le projet Snam lui-même sera créateur de beaucoup d’emplois puisque ce sont des activités qui sont consommatrices de beaucoup de main-d’œuvre. Si on a une difficulté sur Phenix, de toute façon, la création de l’emploi sur 6 ans sera au rendez-vous car il y a de plus en plus de batteries à recycler. " Et donc du matériel pour en fabriquer de nouvelles. Celles de Phenix, qui a obtenu la certification CE fin 2020 et donc le précieux sésame pour lancer officiellement la production en série, contiennent 80 % de pièces réutilisées. "Les seules choses qui sont neuves sont les circuits imprimés puisque nous avons choisi de développer notre propre électronique de pilotage, et quelques câblages, détaille le responsable. Et c’est sans fin puisqu’on pourra de nouveau recycler ces batteries Phenix. A priori, la seule limite, c’est de savoir si elles nous seront restituées." Pour cela, la réglementation qui pousse toujours plus les entreprises à trouver des solutions pour recycler leurs déchets industriels, est un réel atout.

Phenix Batteries produira 1 400 pièces en 2021. Un chiffre bien inférieur à la demande. Celles-ci ne se retrouveront a priori jamais dans les mains des particuliers. Avec une puissance de 3 kw/h, soit le triple de la grande majorité des Powerbank en vente pour le grand public, elles ont vocation à avoir un usage industriel. " Les batteries industrielles peuvent avoir un poids et un volume important, détaille Éric Nottez. Les nôtres sont destinées à être placées dans des armoires ou dans des containers pour être combinées en série ou en parallèle. Par exemple, elles peuvent servir à stocker l’énergie récupérée des ombrières de supermarché, mais aussi stocker la production d’un champ photovoltaïque, ou d’éolienne… " Avec l’enjeu, pour les fournisseurs d’électricité, de sécuriser au mieux le réseau. " Il ne se passe pas une année sans qu’on ait des aléas climatiques violents avec des foyers privés d’électricité et des urgences pour rétablir le courant. Les énergies renouvelables donnent aussi des fluctuations dans la production puisqu’il n’y a pas du soleil ou du vent en permanence. La solution peut être de mettre des containers de stockage électrique dispersés sur le territoire qui permettent de lisser la fourniture électrique auprès des foyers, reprend le responsable. Je pense que c’est le marché de l’avenir. Nos batteries vont permettre de stocker davantage et nos clients vont être des intégrateurs, des gestionnaires, des exploitants énergétiques et accessoirement les grandes sociétés d’énergie qui ont besoin de stocker leur courant à moindre coût. " Les batteries Phenix n’ont donc pas vocation à être dans le garage de monsieur tout le monde, mais pourront un jour servir à l’alimenter.

Le projet est novateur. Aujourd’hui, Snam n’a pas de concurrent réel en Europe. Mais Éric Nottez sait très bien qu’il ne faut pas traîner. " Le marché ne nous attendra pas, reprend le président. Si on est ambitieux, c’est qu’on a des cartes à jouer. Mais si on attend, en 2025, d’autres auront pris la place. "

Bientôt la première entreprise industrielle de l’Aveyron

À ce rythme, et avec les déboires de Bosch et de Sam, le duo Snam Phenix Batteries va rapidement devenir la première entreprise industrielle du département. Pas de quoi pour autant faire bondir de joie Éric Nottez. "Je n’ai rien contre le fait de faire partie d’une élite restreinte, reprend-il. Mais ce qui me fait peur, c’est de voir à quel point elle se restreint de plus en plus. Une licorne ne peut pas faire une économie. Ici, on fait travailler des prestataires sur des services annexes. Ce qui m’embête, c’est d’avoir une fragilité sur le tissu local. La seule chose qui peut nous freiner, c’est de ne pas avoir les sous-traitants ou les services qui sont nécessaires. C’est ça le vrai problème." Et quand on lui demande si le fait d’être dans une zone sinistrée est un handicap, le président répond tout de go : "Non, une responsabilité". "Je ne dirai pas que je dors bien tous les soirs, ajoute-t-il. Il faut faire en sorte qu’on arrive à avoir la boîte de chaudronnerie qui survit, la boîte d’ingénierie qui a un carnet de commandes bien rempli, la boîte de BTP qu’on fait bosser qui puisse fonctionner… Les gens qui pensent qu’on est heureux d’avoir plein de gens sur le carreau car ils vont faire la queue pour venir chez nous se trompent. On a besoin d’un bassin économique fort." Un écosystème qui vit autour d’une "licorne" finalement. Snam et Phenix ont tout pour être celle-ci. Reste plus qu’à s’assurer que l’environnement économique tiendra autour…

 

Un développement dans la zone du centre à Decazeville

Il y a quelques semaines, Phenix Batteries annonçait son ambition de recruter 600 personnes, sur les six prochaines années, pour accélérer le développement de son activité de création de batteries recyclées. Ils s’installeront sur le site de Decazeville, dans la zone du centre, là où se trouvaient avant les établissements Bourgeois. Les machines de la future ligne de production sont attendues dans les prochains mois. "On a pour philosophie de ne pas laisser des friches vides pour aller faire des choses neuves à côté, annonce Éric Nottez, le président de Snam. Ma vision est d’utiliser systématiquement des friches industrielles existantes. On a un immobilier qui n’est pas cher au début, mais qui nécessite beaucoup de travaux de réaménagement. Cela fait plus d’effort et de travail, mais je pense que c’est important. Dans la zone du centre, on a assez de place. À un moment, on aura des besoins de stockage plus important et on prendra des hangars ailleurs, mais les activités industrielles et l’assemblage pourront rester là sans soucis."Pour le recrutement, le responsable est bien conscient que ce ne sera pas forcément évident. "On est confronté aux mêmes problèmes que toutes les entreprises, reprend-il. Il y a un énorme problème d’adéquation entre les aspirations de la société et le monde du travail." Pour contourner cela, l’entreprise mise notamment sur la formation. Elle a monté un programme d’alternance spécifique avec l’Afpa et Pôle emploi sur neuf mois et vise à la création d’au moins deux promotions de 20 élèves par an. Et quant à la question des risques et de la manipulation de matières dangereuse, elles ne sont pas, pour Éric Nottez, un réel frein. "Chez Snam, on a réussi à embaucher 37 personnes depuis un an, détaille-t-il. C’est évident que quand je suis arrivé il y a quinze ans, on avait une image déplorable qui n’était d’ailleurs pas toujours justifiée. Les mauvaises réputations se construisent en une nuit, mais les bonnes mettent des années à se faire. On est dans le rabâchage constant de la sécurité et du principe de précaution. On a de bons résultats et ça commence à se savoir."
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