Pression et intimidation sur les députés aveyronnais Anne Blanc et Stéphane Mazars

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  • Les députés Stéphane Mazars et Anne Blanc sentent un regain de tension.
    Les députés Stéphane Mazars et Anne Blanc sentent un regain de tension. Centre Presse - José A. Torres
Publié le , mis à jour

Les deux élus LREM reçoivent des flopées de messages anonymes pour leur reprocher leur position sur le pass vaccinal notamment.
 

"Tu seras décapité sur la voie publique, ton sang viendra tacher le goudron, ta tête finira dans la bouche d’égouts. […] Tout ce qu’il va se passer, c’est que Macron va venir déposer trois bougies et vous allez faire une loi, sauf que cette fois-ci, ce ne sera pas un islamiste. […] Pour ton cas, nous avons décidé qu’il s’agira d’une décapitation."

Le message, anonyme, émanant de quelqu’un dont les motivations précises ne sont pas bien claires, mais qui s’oppose visiblement aux mesures prises par les parlementaires et le gouvernement pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 est d’une violence inouïe. Il a été reçu la semaine dernière par le député de la première circonscription de l’Aveyron, Stéphane Mazars.

Des envois groupés et massifs

Celui-ci fait partie des 28 députés qui, selon le ministère de l’Intérieur, ont été menacés de mort depuis le début d’année. Ce courriel a été envoyé à plusieurs parlementaires. L’élu a transféré le message, comme d’autres, à la cellule créée pour les gérer au sein de LREM. "Je pense que je ne suis pas plus visé que la moyenne, désamorce-t-il. Même objectivement, sûrement un peu moins. Mais bien sûr, je reçois des dizaines et des dizaines de mails qui se veulent un peu intimidants."

Si le cas de la menace de mort est une exception, les autres, qui arrivent souvent de façon groupée, à chaque fois qu’une nouvelle loi qui touche aux libertés individuelles est votée à l’Assemblée, sont tout autant dirigés. "On nous dit qu’on doit faire attention à ce qu’on vote, reprend l’élu. Pour certains, ça dépasse parfois le cas classique. Pour moi, il y en a eu un ou deux assez menaçants. Ce sont des lettres types. On avait déjà connu ça au moment des gilets jaunes. Mais là, le procédé a évolué. Au moment du vote, on est arrosés de courriels."

Le député ruthénois n’a pas dû faire face à des situations de menaces ou agressions directes, comme ce fut le cas encore ce week-end pour son confrère de Saint-Pierre-et-Miquelon, en décembre avec l’incendie du garage d’un parlementaire de l’Oise ou encore l’été dernier avec l’incendie de la permanence d’un élu de Poitiers. Pour autant, le ministère de l’Intérieur a donné consigne aux préfectures de sensibiliser policiers et gendarmes afin de surveiller les abords des permanences et des domiciles des parlementaires. En Aveyron, des patrouilles régulières ont été mises en place et la vigilance est de mise.

Aucun débat possible

Anne Blanc, députée de la deuxième circonscription, subit également cette pression. Si elle n’a pas eu de menaces de mort, sa boîte mail est régulièrement spammée. "On reçoit parfois une cinquantaine de fois par jour le même mail, détaille-t-elle. On les supprime d’un coup. Il y a des gens qui sont très extrêmes. C’est assez surprenant parce qu’ils nous accusent d’atteinte aux libertés et d’avoir installé une dictature, mais leur comportement est bien plus dictatorial."

Si les interactions directes sont moins fréquentes, la députée sent bien que le contexte est de plus en plus tendu. "C’est une minorité, reprend-elle. La semaine dernière je suis partie d’un commerce parce qu’on me reprochait le pass vaccinal. Ce n’était pas un débat d’idées. Il n’y avait pas de dialogue possible. On a affaire à des gens qui remettent en cause, la science et les chiffres."

Pas de plainte pour le moment

Dans ce contexte, Stéphane Mazars comme Anne Blanc sont surtout inquiets pour leurs salariés. "On sent qu’il y a une pression qui est aujourd’hui exercée sur les parlementaires, reprend l’élu. Il faut forcément être plus vigilant. Il y a aussi pas mal d’agressivité avec des gens qui appellent en direct et qui tiennent des propos injurieux ou insultants. Ce n’est pas très agréable pour l’équipe de travailler dans un tel contexte. D’autant plus que ça n’a aucun effet. On ne va pas se laisser influencer par un tel procédé."

Lui a porté deux fois plaintes, pour des dégradations sur sa permanence au moment des manifestations des gilets jaunes. Anne Blanc avait fait de même quand, au moment des manifestations contre la réforme des retraites, en 2020, les vitres de son local à Villefranche avaient été cassées. Cette fois, pour le moment, aucun des deux n’a engagé de poursuite vis-à-vis des menaces reçues ces derniers temps par mail et ils préfèrent calmer le jeu et appellent même au débat, pour peu qu’il soit poli et mesuré. Mais le député-avocat Mazars prévient : "Personne n’est jamais anonyme sur internet"…

A lire aussi : Depuis le début de l'année, 28 députés ont été menacés de mort par mail

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