Millau. Environnement : en Aveyron, loups et éleveurs de brebis vont devoir cohabiter

  • Deux loups au moins rôdent en Aveyron.
    Deux loups au moins rôdent en Aveyron. Archives J.-A.T.
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RICHAUD Guilhem

Après deux années où les attaques avaient quasiment disparu, en 2021 les cas de brebis tuées par le loup ont été nombreux. À tel point que les autorités suivent avec beaucoup d’attention la situation. En ce début d’année, deux bêtes sont formellement identifiées en Aveyron, mais d’autres rodent aux frontières des départements voisins.

Deux loups identifiés en Aveyron : un sur l’Aubrac, un sur le Larzac. Quatre dans l’Hérault, dont au moins deux sur le Larzac héraultais. Deux dans le Tarn, à la lisière avec le département. Des attaques dans le Cantal et en Lozère. Après plusieurs années de répit, la problématique du loup en Aveyron est repartie de plus belle en 2021.

Si le nombre d’attaques en Aveyron est encore limité comparé aux chiffres d’il y a encore quelques années, les faits ne trompent pas, et les autorités, qui rechignaient encore, il y a quelques années, à reconnaître la présence du loup, malgré la mobilisation importante des éleveurs, notamment ceux du Sud-Aveyron, principales victimes d’attaques, sont désormais pleinement conscientes du problème.

624 spécimens estimés en France

Le loup est nuisible pour les troupeaux de brebis, mais il ne s’agit pas de l’éradiquer. En effet, c’est une espèce protégée, qui a failli disparaître il y a quelques années, et son maintien en France n’est dû qu’à des programmes de protection spécifiques mis en place dans les Alpes. Avec aujourd’hui 624 spécimens estimés à l’échelle de la France, le canidé est un peu moins en danger, mais il ne s’agit pas pour autant de le chasser.

Sa régulation est très encadrée et ne peut être faite que pas les brigades de louveterie, sur demande des préfectures. Celle compétente en Aveyron est basée dans le Sud de la France et n’a pas vocation à intervenir en permanence localement. Alors les éleveurs aveyronnais en ont conscience : ils vont devoir apprendre à cohabiter avec le loup. Une situation indispensable, mais qui va nécessiter des aménagements pour les agriculteurs du Sud-Aveyron, les principales victimes d’attaques.

Indemnisation et patous

En effet, pour l’immense majorité d’entre eux, ils élèvent des brebis lait qui doivent, pour respecter le cahier des charges de l’AOP roquefort notamment, rester en pâturage à l’extérieur une bonne partie de l’année. Et vu la configuration des terrains, il semble impossible de clôturer l’ensemble des champs.

Si les exploitations touchées sont indemnisées (23 120 € attribués au cours de l’année 2021), les agriculteurs ne peuvent pas s’en satisfaire. Ils ont donc demandé, et obtenu, auprès de la préfecture, l’autorisation de faire des tirs de défense, en cas d’attaque, afin d’effaroucher la bête. En parallèle, l’État, via la DDT, a décidé de la mise en place d’un plan de financement, qui peut aller jusqu’à 80 % de l’investissement dans "l’acquisition et l’entretien" de chiens de protection des troupeaux. Des patous en l’occurrence, qui ont pour mission de veiller sur les bêtes. La configuration des troupeaux aveyronnais, souvent éclatés sur plusieurs immenses parcelles oblige les éleveurs à avoir plusieurs de ces chiens, qui doivent être élevés pour remplir correctement leur mission. 23 dossiers de financement ont déjà été déposés en 2022 en Aveyron et d’autres devraient suivre, tant la problématique semble inquiéter les agriculteurs.

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