Avec "1000 cafés", Kévin Magne remet la convivialité au milieu du village

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  • Kevin Magne : "J’adore accompagner les gens dans leur soif d’entrepreunariat mais j’avais envie de remettre la lumière sur la partie ruralité." @KM
    Kevin Magne : "J’adore accompagner les gens dans leur soif d’entrepreunariat mais j’avais envie de remettre la lumière sur la partie ruralité." @KM
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Aurélien Delbouis

Natif d’argence-en-Aubrac, le trentenaire passé par l’hôtellerie-restauration réinvente aujourd’hui les cafés de village. son rôle : redynamiser les communes de moins de 3 500 habitants en rouvrant des lieux de convivialité là où il n’y en a plus, ou en donnant un coup de pouce aux derniers existants. Rencontre.

Plus jeune, il envisageait de reprendre le café du village, ou bien "d’en devenir maire". Dix ans plus tard, il fait finalement le pont entre ces deux mondes, celui des collectivités et de l’entrepreunariat.

Son objectif : ouvrir des lieux de convivialité pour redynamiser les zones rurales grâce à l’initiative "1 000 cafés" qui prévoit, vous l’aurez compris, d’ouvrir 1 000 établissements dans 1 000 communes de moins de 3 500 habitants. Ambitieux ?

"Évidemment, valide Kévin Magne, responsable développement de "1000 cafés" pour la région Occitanie. Mais les besoins sont là. Au cours des 100 dernières années, plus de 80 % des cafés ont disparu dans les zones rurales." Des besoins qui expliquent d’ailleurs l’enthousiasme de ces mêmes collectivités pour le projet.

"Au lancement, il y a 2 ans, nous avons reçu plus de 1 000 candidatures, confirme Kévin qui ne s’attendait pas à un tel engouement. Nous avons été complètement submergés, mais aujourd’hui, après un travail de fourmis, nous avons visité 400 communes, validés 100 projets, ouvert 45 lieux et 55 de plus devraient voir le jour d’ici à la fin de l’année."

Des bars, restaurants, supérettes, multiservices… voués à redynamiser les centre-bourgs. "Le constat est simple, confirme le trentenaire, 26 000 communes en France n’ont pas ou plus de café, plus de lieu de services, plus de liens de proximité. C’est pourtant, pour une grande majorité des habitants, un lieu emblématique et fédérateur du village. Un élément fort de son identité".

En charge de l’Occitanie, l’émissaire "1000 cafés" mesure les besoins, la faisabilité des projets coconstruits entre municipalité et association, sélectionne les candidats, les accueille et offre un suivi de tous les instants. Pour la petite histoire, le natif d’Argence-en-Aubrac vient d’ouvrir un premier lieu en Aveyron. À Gramond. Non loin de Baraqueville. "J’ai aussi validé la candidature de Sénergues, petit village près de Conques. D’autres devraient suivre."

"Un clin d’œil à mon histoire"

Enthousiaste pour deux, Kévin se félicite de "rendre un peu à ce territoire" qui l’a vu grandir et qu’il a quitté depuis quelques années pour la capitale. Comme ceux qu’il accueille et accompagne dans "ces nouveaux projets de vie", "laissant parfois tout derrière eux", lui aurait aussi aimé reprendre un café-restaurant. Pendant de longues années, ce fut même son projet.

"Après l’école de Saint-Chély, j’ai validé un master en entrepreunariat appliqué au secteur de l’hôtellerie-restauration. J’avais vraiment dans l’idée de créer mon établissement." En parallèle, sa soif d’entreprendre l’amène à lancer un premier projet compilant ressources humaines et restauration.

"L’idée était de créer une plateforme où chaque salarié de la restauration pouvait partager son opinion, ses retours sur les coulisses des établissements qu’il connaissait." L’initiative n’aura finalement pas "l’impact espéré", tant les employeurs, aux pratiques parfois peu avouables, n’avaient finalement pas intérêt à les dévoiler.

"C’est là, où j’ai commencé à me questionner, rembobine Kévin. Avais-je vraiment envie d’évoluer dans cet univers de valeurs ?" La réponse est non. "Je suis alors parti travailler dans une entreprise spécialisée dans la réorientation à une époque où moi-même je me posais pas mal de questions sur mon avenir."  Pour Kévin, c’est le déclic.

"En voyant autant de personnes s’interroger finalement sur le sens à donner à leur travail, j’ai compris qu’il y avait justement un travail à faire en amont sur les questions d’insertion professionnelle." De fil en aiguille, il lancera "Boost me I’m famous", une agence dédiée à l’accompagnement de jeunes en insertion professionnelle : des jeunes issus du milieu rural pour la grande majorité. "C’était important pour moi. Une sorte d’écho à mon histoire"

Il rejoint ensuite "Article 1", une association parisienne qui accompagne, là encore, des jeunes de milieux populaires avant de postuler chez "1000 cafés". "J’adore accompagner les gens sur ces thématiques. Mais j’avais envie de remettre la lumière sur la partie ruralité. "1000 cafés" regroupe finalement tout ce que j’avais connu auparavant : l’accompagnement, la ruralité, l’entrepreunariat." Pour ce rêveur qui garde ses pieds solidement ancrés sur terre, "toutes les planètes se sont finalement alignées."

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