Rodez : six millions d’euros, le juste prix pour le haras ?

Ce vendredi, en fin de matinée, le conseil départemental actera la vente du haras de Rodez lors d’une assemblée. Le président Arnaud Viala s’y était engagé depuis plusieurs mois, connaissant déjà l’acquéreur du patrimoine : la Ville de Rodez. Celle-ci n’a pas attendu l’assemblée de ce matin pour acter de son côté cet achat. En dévoilant notamment son prix : six millions d’euros. Un juste prix ? « On peut en débattre, mais une chose est certaine : l’histoire nous donnera raison », a d’emblée lancé Christian Teyssèdre, lors de la délibération, reconnaissant volontiers qu’il n’y avait pas vraiment de choix, le Département « étant vendeur à ce prix-là ».
Pour les opposants ruthénois, cela questionne néanmoins. Car récemment, une estimation du domaine avait fixé son prix à… 2,7M€. « Cela s’explique car la plupart des terrains qui étaient constructibles autour ont été déclassés car justement, je ne veux pas que les promoteurs nous mettent la pression pour s’en emparer », a justifié l’édile, rappelant que le fameux haras servirait dans le futur à bon nombre d’activités de la Ville : accueil d’enfants dans le cadre périscolaire, création d’un institut culinaire, Estivada, Rodez Plage, concerts (lire ci-contre)… « Un projet fourre-tout », pour Jean-Michel Cosson, désormais assis dans le camp des frondeurs, et « un achat à n’importe quel prix, du moins au double de son estimation ! ».

Et les travaux ?

Même son de cloche chez les deux autres oppositions, Rodez Citoyen et la droite, qui quelques minutes auparavant avaient pourtant reproché au maire son manque d’investissement en 2021 et « un jeu à qui a la plus grosse capacité d’autofinancement avec vos amis d’autres villes »…
Sur le dossier du haras, la question était autre : qu’en sera-t-il du prix des travaux nécessaires pour réhabiliter ce patrimoine ? « Ce sera peut-être six millions aussi, a répondu Christian Teyssèdre. Mais on bénéficiera de nombreuses aides, qui pourraient monter jusqu’à 60 % du montant global ». Et si le maire a souligné qu’il « n’était pas un expert en immobilier », il n’a pas oublié de rappeler que « les appartements à Combarel se vendent à 3000€ du m2, alors que sur cette affaire, on achète à peine à 1000€ du m2… » Et de conclure : « On peut discuter du prix toute la nuit, mais nous marquerons l’histoire de Rodez avec cette acquisition, comme avec la construction du Musée Soulages. Les Ruthénois adopteront très rapidement ce lieu, soyez-en certain ! »

Station A, direction Combarel ?

Mais avant d’adopter le haras, la Ville doit composer avec l’occupant actuel, le tiers-lieu Station A. Ce dernier a d’ailleurs déjà annoncé son programme de l’été… « On cohabitera en juin et juillet, la situation se débloque et les choses vont dans le bon sens contrairement à ce qu’on lit et qu’on entend partout ! », s’est voulu rassurant le maire, alors que plusieurs employés du tiers-lieu avaient pris place dans le public de l’hémicycle. Quelle est donc cette situation débloquée ? Selon Christian Teyssèdre, les responsables du tiers-lieu auraient accepté de déménager dans le quadrilatère de Combarel… Le hic, c’est que celui-ci appartient toujours à un promoteur immobilier. « Nous parviendrons à un accord rapidement », a annoncé l’édile. Indiquant qu’aujourd’hui, les deux parties « avaient le sourire ». Le garderont-ils tout au long de ce « mercato immobilier », comme qualifié par Marion Berardi ?