Rodez. Présidentielle 2022 : en Aveyron Le Pen avance, la participation piétine

L’Aveyron comme la France. À ceci près que les électeurs du département ont fréquenté les bureaux de vote mieux encore que le reste du pays, habitués qu’ils sont à figurer sur le podium national de la participation.

Cela dit, il n’y a pas grand écart après cinq ans, où les deux candidats avaient convaincu, ici, 79,86 % des électeurs de se rendre aux urnes. On enregistre ce dimanche 77,45 % de votants, mais dans un contexte où l’abstention devait prédominer dans ce remake de 2017 mâtiné du bilan critique du président sortant, de l’effondrement des partis traditionnels et de la montée des populismes, des élans assagis de la candidate du Rassemblement national…

Peu de votes blancs, abstention mesurée

Deux France qui s’opposent, deux projets dont on disait qu’une bonne partie des Français étaient fondés à les rejeter, dont on souhaitait (Emmanuel Macron l’avait martelé) que le vote ne soit pas celui d’un "front républicain". Et malgré tout, l’expression citoyenne ne s’est pas perdue en cours de route, du moins en Aveyron, où le score des votes blancs (6,31 %) est un peu inférieur qu’en 2017 (7,66 %), alors que la physionomie politique a évolué et poussait au "ni-ni".

Difficile de dire à qui cette participation a clairement profité. Emmanuel Macron reste au sommet de la vague, mais la poussée de Marine Le Pen dans le département s’est carrément affirmée, gagnant 12,5 points en cinq ans.

Perdus dans la dilution du premier tour, les suffrages qui s’étaient portés vers le radicalisme conservateur (notamment Éric Zemmour) ont rejoint sans surprise les rangs de la maison Le Pen.

Au-delà de l’arithmétique

Il n’est pas simple de comprendre en revanche où se sont évadés les votes pour Jean Lassalle, arrivé quatrième au premier tour (8,68 %). A l’image des électeurs deux communes qui l’avaient majoritairement choisi : Murasson a rejoint Marine Le Pen quand Mélagues a préféré Macron.

L’arithmétique a été favorable à la candidate dans quelques bureaux, à l’image de Murols, qui lui accorde 58,90 % après avoir choisi Macron au premier tour. Pour autant le Nord-Aveyron n’a pas globalement marqué sa différence d’un tour à l’autre. Il en est de même côté sud, où l’on remarquera toutefois que l’emprise du Rassemblement national se raffermit au fil des scrutins…

Conversions épidermiques dans le Bassin

Ce qui est finalement nouveau viendra de l’ouest. Si Les Albres, Asprières, Boisse-Penchot ou encore Bouillac ont confirmé Marine Le Pen ce dimanche, les bastions mélenchonistes ont basculé vers la candidate. à commencer par Aubin et ses 53,60 % de voix pour Mme Le Pen. Cransac lui emboîte le pas (55,43 %) et aussi Viviez (52,08 %). La gauche a bien marqué son rejet de la politique Macron, sans pour autant s’abstenir de voter, la participation sur ces trois communes est identique à celle de l’Aveyron, votes blancs inclus (lire l’analyse page suivante). La consigne de l’Union populaire (pas une voix à l’extrême droite) n’a pas survécu au ressentiment… Moins sujet à conséquence, on retrouve dans certains quartiers "mélenchonistes" de Rodez, cette solubilité entre la France insoumise et le Rassemblement national, "vases communicants naturels", souffle un élu ruthénois.

Face à ces manœuvres d’isoloir, l’appel à voter Macron émanant des Républicains et du centre droit a été entendu dans ce département porté à les suivre depuis (presque) toujours. "Presque", car il faudra désormais surveiller ce troisième tour que sont les législatives de juin, sur lesquelles la présidentielle laisse toujours des traces.