Rodez. Chez Biomae, la Ruthénoise Salomé Nouet plonge dans le grand bain

Elle le confesse volontiers : "A 18 ans, j’avais vraiment envie de quitter Rodez que je connaissais en long, en large et en travers." Cinq ans plus tard et des milliers de kilomètres au compteur, là voilà qui s’en rapproche. Aujourd’hui installée à Lyon, l’ingénieure ruthénoise fraîchement diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires de Nancy a retrouvé le climat tempéré de l’hexagone.

Après une année au Québec et six mois sur les hauteurs d’Ajaccio à élaborer des recettes de produits cosmétiques à base d’huile d’olive, la jeune femme de 23 ans consacre tout son temps à surveiller l’appétit des crevettes ! Celui des gammares plus exactement, – Gammarus fossarum –, sorte de mini-crevettes d’eau douce qui ont la capacité de répondre à des stress polluants. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, surveiller la pollution des milieux naturels grâce à ces micro-organismes dont le comportement évolue selon les qu’ils sont ou non en présence d’une pollution.

"Si le cours eau est chargé en pesticide par exemple, ou en métaux lourds, le gammare va adopter des comportements différents : comme se nourrir moins", explique Salomé qui évolue au sein de l’entreprise lyonnaise, Biomae, jeune pousse innovante qui permet aux acteurs de l’eau –, gestionnaires publics ou industriels –, de mesurer la toxicité des micropolluants dans les milieux aquatiques. "Chaque crevette exposée est ensuite analysée en laboratoire pour mesurer l’accumulation de composés chimiques dans les organismes – métaux, substances chimiques de synthèse comme produits chimiques et médicaments – et de permettre ainsi d’évaluer la qualité d’un milieu et l’impact des activités sur ces milieux."

Bio essais normalisés

Une entreprise à visée environnementale et écologique que vient de rejoindre la Ruthénoise passée auparavant par le monde de la cosmétique à l’occasion d’un master à Chicoutimi, au Québec.

"Avec le Covid, la période choisie n’était pas la plus appropriée pour tenter l’expatriation, reconnaît la jeune femme qui validera finalement son cursus avec un stage sur les hauteurs d’Ajaccio en Corse. "Une expérience plutôt agréable", reconnaît la stagiaire qui passera finalement six mois en recherche et développement de produits cosmétiques naturels.

"J’ai apprécié cet univers, à plus forte raison dans une petite structure où j’ai eu l’occasion de toucher à tous les postes. De la récolte en oliveraie jusqu’à la manutention. J’ai même assuré l’étiquetage, s’amuse la Ruthénoise. Mais il me manquait quelque chose. C’est pourquoi j’ai préféré choisir les biotechnologies. L’étude en somme de ce qui se fait déjà dans les organismes vivants au service des êtres humains."

Pour cette amoureuse de nature, de montagne, il manquait aussi ce volet environnemental qu’elle a retrouvé chez Biomae. Quant à la suite ? Là encore rien de figé. Elle qui espère boucler la boucle lyonnaise par une thèse en lien avec l’écotoxicité ne compte pas rentrer au pays dans les prochaines années, convaincue de la richesse de la mobilité. "Si mon expérience peut donner envie aux gens de voir le monde, c’est déjà ça ! L’ouverture d’esprit est quelque chose d’important." À méditer, "quand on voit ce qui se passe actuellement en France."