Tourisme en Aveyron : l’Aubrac dans la crainte de la surfréquentation

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  • Neuf cents affiches et 5 000 stickers ont été imprimés.
    Neuf cents affiches et 5 000 stickers ont été imprimés.
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Guilhem Richaud

En 2020, avec le Covid, le plateau avait été particulièrement attractif. Résultat, les prestataires de tourisme n’avaient pas été en mesure d’accueillir correctement les visiteurs. La situation a laissé des traces et en ce début d’été, l’inquiétude d’une situation similaire est forte.

"Un raz de marée." Lors de l’été 2020, mais aussi l’année dernière, dans une mesure toutefois moindre, l’Aubrac a profité de la peur des touristes de se rendre dans des lieux très fréquentés, à cause du Covid, pour attirer beaucoup de visiteurs. Plus qu’à l’accoutumée. Et s’il est difficile de quantifier le nombre de visiteurs tant le plateau est vaste et ouvert, cette fréquentation massive n’a pas vraiment fait que des heureux dans le Nord-Aveyron. "Nous, agents du parc, on ne s’en rend pas forcément compte, concède Mylène Gras, chargée de mission tourisme durable et activités de pleine nature au sein du PNR de l’Aubrac. Mais ceux qui en parlent le mieux, ce sont bien les prestataires (hébergeurs, restaurateurs, guides, moniteurs… NDLR). À l’issue de l’été 2020, tous s’accordaient pour dire que l’Aubrac avait été trop fréquenté." Avec notamment des soucis remontés sur les principaux lieux d’attraction : les lacs, la cascade du Déroc (à Nasbinals), et certains sentiers de randonnée. "Au-delà des sites qui ont été surfréquentés, c’est aussi les hébergements et les restaurants qui se sont retrouvés complets, dans l’impossibilité d’accueillir toute la demande, reprend Mylène Gras. Cela a créé beaucoup d’insatisfaction de la part des visiteurs de l’Aubrac."

Commentaires négatifs sur la toile, plaintes d’éleveurs…

Ceux-ci, estimant ne pas avoir été assez bien accueillis, ont laissé beaucoup de commentaires négatifs, sur internet notamment. " Le territoire n’est pas prêt à accueillir autant de monde, reprend la chargée de mission au sein du PNR. Nous n’avons pas l’offre qui correspond à autant de fréquentation. Il y a une volonté de la part de tout le monde de bien accueillir les visiteurs. Pour cela, ils ont besoin de prendre le temps pour bien les servir. Là, tout devait être fait rapidement, ce qui n’est pas forcément gage d’un bon accueil. "

Un second problème a été identifié : "Des itinéraires ont été fréquentés par de nouveaux visiteurs qui n’ont pas l’habitude de nos territoires très ruraux, très naturels. Ils n’avaient pas les codes et les bons comportements." Dans la liste des soucis : des mauvaises lectures d’itinéraires balisés, des soucis de stationnement sur des sentiers, des chiens pas tenus en laisse et des plaintes d’éleveurs harassés de voir des randonneurs "prendre un selfie avec des vaches parce qu’elles ont des cornes". Ces situations ont été principalement vécues sur le plateau, en Aveyron et en Lozère. Dans la vallée du Lot, les prestataires de tourisme, eux, auraient bien aimé voir les touristes descendre un peu plus.

"L’incivilité de certains touristes"

Pour prévenir une situation similaire cet été, le PNR a donc décidé de lancer une campagne de communication spécifique intitulée "Que la montagne est belle" (lire ci-dessous). "C’est nécessaire afin que nous passions tous un été dans de bonnes conditions. souligne Vincent Alazard, maire de Laguiole, vice-président du PNR, mais aussi agriculteur, bien au fait des risques pour les touristes d’approcher d’un peu trop près les vaches. Nous souhaitons interpeller, sans braquer. Le bilan de la saison 2020 a montré l’incivilité de certains touristes, pas habitués à la montagne. Nous souhaitons les sensibiliser sur le respect et le bon sens." Et donc pour message principal qu’il faut, sur le territoire de l’Aubrac, faire du tourisme avec "du savoir-vivre, dans le respect de la nature, et qu’il est préférable de photographier la flore plutôt que de la cueillir, et que de s’approcher trop des vaches peut s’avérer dangereux". Un peu de bon sens nécessaire pour que l’Aubrac reste un trésor que les touristes aiment découvrir.

Une campagne de communication pour alerter

Pour faire passer les messages aux touristes, le PNR de l’Aubrac a décidé de reprendre une campagne de communication qui a vu le jour dans le Parc des Pyrénées catalanes l’an dernier, confronté aux mêmes difficultés. Celle-ci propose des visuels avec des messages associés aux grands classiques de la variété française. "Ne me quitte pas" (Jacques Brel) accompagné de la mention "aucun déchet n’a de place dans la nature". "Oh… J’vais tout casser si vous touchez au fruit de mes entrailles" (Daniel Balavoine) pour rappeler qu’il vaut mieux se tenir à distance des vaches. "Il était où, hein, le Youki ?" (Richard Gotainer), pour inciter à tenir son chien en laisse ou encore, "Ferme la barrière Djaja, y’a pas moyen Djaja" (Aya Nakamura), pour rappeler qu’il ne faut pas rentrer dans les prés fermés.900 affiches et 5 000 stickers ont été mis à disposition des offices de tourismes, institutions et prestataires et le PNR, qui a été aidé financièrement par la Région et le Département, compte bien renouveler l’opération l’an prochain.
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