Énergie : "On paie les mauvais choix gouvernementaux", dénonce le maire de Rodez Christian Teyssèdre

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  • La Ville devra s’acquitter d’un million d’euros supplémentaire pour régler ses factures d’énergie cette année.
    La Ville devra s’acquitter d’un million d’euros supplémentaire pour régler ses factures d’énergie cette année. JAT
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Le maire annonce que l’explosion des prix de l’énergie coûtera un million d’euros supplémentaire à la Ville. Et il ne cache pas sa colère face aux diverses politiques énergétiques des gouvernements "depuis 30 ans". Entretien.
 

Avez-vous pu mesurer l’impact financier de l’explosion des prix de l’énergie pour la Ville ?

Sur le plan général tout d’abord, je regrette fortement la politique énergétique de la France depuis des années. Quand on veut tout faire à l’électrique et qu’on ne construit rien pour cela, il ne faut pas s’étonner ! Cela fait plus de 10 ans que l’EPR de quatrième génération de Flamanville aurait dû être mis en service. Et que dire des socialistes qui se sont prononcés pour la fermeture de Fessenheim ? Ils portent une lourde responsabilité sur la situation actuelle.

J’ai travaillé dans une entreprise (EDF) où tout fonctionnait très bien, avec un service public impeccable et une sécurité d’approvisionnement. Voir où on en est aujourd’hui est calamiteux et la guerre en Ukraine n’est pas la seule responsable. Cela vient de bien plus loin, de 1986 lorsque les pouvoirs ont décidé de travailler sur une Europe de l’énergie. Depuis, il y a eu 50 directives de l’UE et ce n’est plus l’État et EDF qui fixent les tarifs mais les marchés. C’est pitoyable. C’est de la pleine responsabilité de tous les gouvernements depuis 30 ans et j’en suis scandalisé !

Quant à l’impact pour la Ville de Rodez, le coût de l’énergie a doublé : on passe de 900 000 € à 1,90 M€ sur l’année. C’est énorme. Ce sera la même chose sur l’Agglomération. Sans compter qu’on ne sait toujours pas ce qu’il va se passer dans les mois à venir. Car je rappelle que les collectivités ne bénéficient pas du tarif réglementé.

Piscines fermées, baisse du chauffage, extinction des éclairages… Les mairies annoncent à tour de rôle des concessions à venir. Qu’en sera-t-il à Rodez ?

Les finances de la Ville sont très saines et cela nous permettra d’amortir tous les chocs. Même s’il ne faut pas se leurrer : ce sera moins pour l’investissement. Mais il n’est pas question de fermer des structures. Si la crise dure des mois et des mois, on adaptera peut-être les horaires d’ouverture. En attendant, on ne change rien. Pourquoi les communes annoncent-elles des fermetures de centres nautiques ? Car elles les ont concédés à des sociétés privées, ce qui n’est pas notre cas ! Quand le prix de l’énergie est au plus bas, les capitalistes ne ferment pas les structures…. Cette période me donne totalement raison sur la prise en régie directe de divers pôles. J’attends d’ailleurs de pied ferme tous ceux qui critiquaient ma gestion rigoureuse des finances publiques… Et je prends l’engagement de ne pas augmenter les tarifs de la cantine également malgré des coûts qui ont plus que doublé là également.

Des communes ont également augmenté leur taxe foncière. Vous vous engagez à ne pas le faire ?

J’en prends l’engagement. Non seulement je ne l’augmenterai pas du mandat, mais je la baisserai. Aujourd’hui, lorsqu’on se compare avec d’autres villes de l’Occitanie, nous sommes déjà l’une de celles où les taux d’impositions sont les plus bas.

La rénovation énergétique des bâtiments publics ne devient-elle pas plus urgente que jamais dans le contexte actuel ?

Sur la transition énergétique, la première chose que nous avons faite est le passage des éclairages publics à plus de 50 % en LED. En 2024-2025, tout l’éclairage le sera. Cela permettra de belles économies même si l’investissement est lourd. On est à hauteur de 800 000 € pour les 4 600 points lumineux. Nous comptons également éteindre l’éclairage de 1 à 5 h dans tous les quartiers ou presque.

Puis, nous n’avons pas attendu les mesures gouvernementales pour passer à 19 degrés maximum dans les bâtiments publics, ni même l’arrêt de la climatisation… Nous le faisons déjà.

Nous avons aussi pris des mesures en construisant une production d’électricité sur l’usine de production d’eau de La Boissonade. Plus de 400 000 kWh par an y sont produits grâce à une pompe turbine sur le réseau.

On a également mis des panneaux photovoltaïques sur l’école de Saint-Félix et nous construisons tous les logements sociaux via de la géothermie. Malheureusement, ni l’État, ni la Région ne financent cette géothermie. Alors ceux qui annoncent que l’Occitanie sera bientôt à énergie positive, je me demande comment cela sera possible ? C’est à mourir de rire !

Qu’attendez-vous désormais de l’État dans cette crise et comment jugez-vous son discours de sobriété ?

Tous les gouvernants depuis 30 ans tiennent des discours à l’emporte-pièce sur l’énergie. Quand on vend une partie du capital d’EDF qui était la meilleure entreprise de la planète en termes de production et de tarifs, on ne vient pas donner de leçons aux Français ensuite ! Surtout, ces politiques ne savent pas de quoi ils parlent. La situation qu’on avait il y a 30 ans était confortable : la production nucléaire représentait 70 % de l’électricité. Aujourd’hui, on en est à 50 % par la faute du manque de maintenance. C’est impensable.

Au lieu de subventionner le litre d’essence pour les gens qui ont les moyens, l’État ferait mieux de nous aider pour le développement de la géothermie et des énergies renouvelables dans sa globalité par exemple. Mais malheureusement, il n’est plus souverain. C’est l’Europe qui décide. Déjà en 2002, je manifestais à Barcelone contre ce grand marché de l’énergie…

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Les commentaires (1)
Milsabords Il y a 1 année Le 07/09/2022 à 16:23

" il ne cache pas sa colère face aux diverses politiques énergétiques des gouvernements "depuis 30 ans". Ben voyons, mais qui donc en tant que socialiste puis macroniste a depuis 1993 soutenu et approuvé la politique de la majorité des gouvernements de cette période ? Il a surtout la mémoire courte ...