Avec la hausse des prix du gaz, les obsèques par crémation vont-elles coûter plus cher ?

  • La crémation représente un peu plus de 40 % des obsèques en France.
    La crémation représente un peu plus de 40 % des obsèques en France. Archives Centre Presse Aveyron
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Centre Presse Aveyron

La hausse des prix de l’énergie affecte aussi la mort : selon certains spécialistes du secteur, les crémations, qui utilisent beaucoup de gaz, risquent de coûter plus cher aux familles dès 2023.

Le prix pourrait augmenter de plus de 35 %

Une étude du comparateur de services funéraires Meilleures Pompes Funèbres publiée fin septembre estime ainsi que le prix d’une crémation pourrait augmenter au "minimum" de 35 % sur les deux prochaines années, quand les contrats d’approvisionnement en gaz seront renouvelés.

Elle évalue à 20 % la part du gaz dans les coûts d’une crémation. Or, le prix du gaz naturel en Europe est deux fois plus élevé en octobre qu’en début d’année et a été multiplié par 7 par rapport à début 2021 sur le marché de référence, le TTF néerlandais.

La start-up funéraire Advitam va quant à elle beaucoup plus loin : dans un communiqué publié mardi 11 octobre, elle assure que le prix pourrait être "multiplié par 2,5" en 2023. Une estimation qui semble toutefois "surévaluée" selon d’autres experts du funéraire.

En prenant en compte les divers frais des pompes funèbres comme le cercueil ou le transport du défunt, Advitam considère que les obsèques avec crémation pourraient coûter environ 30 % plus cher l’an prochain.

De son côté, l’un des principaux groupes de pompes funèbres, Funecap, confirme que "des hausses sont à prévoir" mais que leur montant est encore inconnu. 

La crémation représente un peu plus de 40 % des obsèques en France

"Si les prix augmentent trop, ce n’est pas sûr que les familles puissent payer", alerte également Frédérique Plaisant, présidente de la Fédération française de crémation, qui regroupe des associations en faveur de ce rite mortuaire.

Elle redoute que cela contraigne le choix des familles entre inhumation et crémation, alors qu’il s’agit d’un "choix profond" lié aux convictions de chacun, et compte saisir le Comité national d’éthique du funéraire (CNEF) à ce sujet.

La crémation représente un peu plus de 40 % des obsèques en France et si un grand nombre de familles décidait de privilégier un enterrement, cela pourrait aussi poser des problèmes de place dans les cimetières.

En pratique, la décision d’augmenter les prix des crémations ne peut être prise qu’au cas par cas par les communes disposant d’un crématorium : elles s’en occupent directement ou confient la gestion à un prestataire privé.

Plutôt que de faire peser la hausse des coûts sur les familles endeuillées, certaines pourraient donc décider de s’arranger avec les prestataires en baissant par exemple la "redevance d’occupation du domaine public", une somme qu’ils versent aux communes pour exploiter le crématorium, ou encore en subventionnant directement les crémations.

S'adapter pour consommer moins d'énergie

Les hausses de prix dépendront de la situation de chaque crématorium. Selon Charles Simpson, auteur de l’étude de Meilleures Pompes Funèbres, elles pourraient être plus importantes pour ceux gérés par des prestataires indépendants que par des grands groupes, car ces derniers négocient plus facilement leurs contrats d’énergie et sont donc moins exposés à la hausse des coûts.

Funecap promet d’ailleurs que ses hausses de prix "ne répercuteront que partiellement la hausse du coût d’approvisionnement" et prévoit déjà d’adapter sa façon de travailler pour consommer moins d’énergie.

Pour Frédérique Plaisant, une solution au niveau national serait préférable afin d’éviter "une rupture d’égalité des citoyens devant la mort". Elle appelle l’État à intervenir et les fournisseurs de gaz à faire un geste.

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