Et vous, vous faites quoi pour le climat : comment les petites lignes ferroviaires regagnent du terrain

  • En août 2022, après cinquante ans sans circulation, les trains ont repris leurs trajets sur la rive droite du Rhône, reliant à nouveau Bagnols-sur-Cèze, Pont-Saint-Esprit et Nîmes.
    En août 2022, après cinquante ans sans circulation, les trains ont repris leurs trajets sur la rive droite du Rhône, reliant à nouveau Bagnols-sur-Cèze, Pont-Saint-Esprit et Nîmes. Midi Libre - GIACOMO ITALIANO
Publié le
B. D.

L’Occitanie réussit l’exploit de proposer les trains régionaux les moins chers de France, tout en investissant dans la réouverture des petites lignes. Exemple dans le Gard et dans le Sud de la Haute-Garonne où le premier train à hydrogène de France va faire des essais.

Sans crier gare, les Gardois avancent du point de vue des transports écoresponsables. Depuis le printemps 2019, les cars liO qui relient Vauvert à Vergèze roulent au bioéthanol. Et depuis le 29 août 2022, le train est le moyen le plus sûr pour relier Pont-Saint-Esprit à Nîmes. "Cela fait près de 50 ans que cette ligne était fermée. On est ravis de sa réouverture, commente Claire Lapeyronie, la maire de Pont-Saint-Esprit. C’est un vrai outil d’attractivité. En plus, au vu de la politique tarifaire de la Région Occitanie, c’est bon à la fois pour le pouvoir d’achat et pour la planète".

A lire aussi : Vignes, pommes, soja... comment agriculteurs d'Occitanie s'adaptent aux aléas climatiques ?

Le Cominges, prochain secteur désenclavé

Cerise sur le gâteau, les habitants de Pont-Saint-Esprit qui préfèrent le train à la voiture gagnent 20 minutes sur le trajet. Résultat, la barre des 20 000 usagers sera franchie la semaine prochaine sur cette ligne. Des chiffres qui font rêver les maires de Montréjeau, Gourdan-Polignan et Bagnères-de-Luchon. Le Comminges sera en effet le prochain secteur désenclavé par le train grâce au volontarisme de la Région Occitanie. Les travaux de rénovation de la voie démarreront au second semestre 2023 dans la perspective d’une réouverture aux voyageurs en 2024, dix ans après la fermeture de la ligne. Les élus du Comminges en salivent déjà.

La promesse de l'hydrogène vert

"L’hydrogène aura notamment un impact dans les domaines clés de la mobilité (en complément des batteries et pour électrifier la mobilité lourde comme les trains, camions, bus) et du transport (pour transporter de l’énergie d’un point de la planète à l’autre). Ça n’est pas rien !", s’enthousiasme Florence Lambert, présidente de la société Genvia (Schlumberger, CEA, Arec Occitanie, Vinci Construction et Vicat), qui produira de l’hydrogène décarboné dans son usine de Béziers (Hérault).

L’hydrogène vert est fabriqué à partir d’eau et d’électricité issue d’énergies renouvelables. "Nous espérons pouvoir distribuer une énergie accessible financièrement, de façon équitable et sans polluer d’ici 2030", poursuit la responsable. La future giga factory emploiera 500 personnes. "La transition énergétique peut permettre de réindustrialiser le pays".

Le groupe Ogeuva tripler ses cadences

"Les jeunes Luchonnais pourront venir plus facilement au collège de Gourdan-Polignan. Et on espère aussi que le train ramènera les gens vers la base de loisirs qui accueille 2 000 personnes par jour, l’été", confie Eric Miquel, le maire de Montréjeau.

À l’autre bout de la ligne, Éric Azémar, le maire de Luchon, pense aussi aux poumons de ses administrés. "Aujourd’hui, l’accès à Luchon ne se fait que par la route qui est encombrée de camions. En plus, le groupe Ogeu, qui vient de racheter l’usine d’embouteillage à Intermarché, va tripler les cadences, ce qui va ajouter 20 à 25 camions tous les jours sur la route à partir d’avril 2023. C’est là que le ferroutage prendrait toute sa logique".

Un coût de 67 M€ pour la Région

Cela tombe bien, « la ligne est dimensionnée pour accueillir les trains de marchandises », assure SNCF réseau. Des routes dégagées avec en perspective 26 fois moins de CO2 dans l’air, ça donne envie de délaisser les moteurs thermiques au profit du train. Dans ces conditions, Alain Puenté, président de la communauté de communes Pyrénées haut-garonnaises, voit dans la réouverture prochaine de la ligne « une réponse bénéfique pour le territoire et le développement économique ». Un développement qui a un coût : 67 M€ pour la Région Occitanie en charge de la maîtrise d’ouvrage des travaux. Mais si ça peut aider la station de ski de Superbagnères à remonter la pente…

Quelques exemples

  • Grands causses : l'auto en partage avec le Parc régional

Les transports absorbent 35 % de la consommation d’énergie en France, mais jusqu’à 42 % dans le Parc régional des Grands Causses qui occupe 50 % de l’Aveyron (2 habitants au km2 dans certains endroits), avec peu de transports en commun. Le Parc a donc opté pour l’auto en partage en 2018. "Il y en a 7 aujourd’hui, en partenariat avec Citiz Occitanie. Cela incite les utilisateurs à rationaliser leurs déplacements. L’utilisation a été multipliée par trois entre l’été 2021 et l’été 2022", explique-t-on au Parc. La voiture d’un particulier est immobilisée 95 % du temps, ça voudrait dire moins de voitures vendues, donc de matériaux utilisés, si le système se développait.

  • Occitanie : Wimoov joue la carte de la mobilité durable

Les 25 salariés de Wimoov auront accompagné 2 800 personnes en insertion professionnelle vers une mobilité autonome et durable en 2022, dans six départements d’Occitanie. "Nous faisons la promotion systématique des transports en commun sur la région", explique Pierre Garcia, le directeur régional de Wimoov qui propose des voitures électriques en location solidaire, des voitures sans permis pour des déplacements courts dans les Hautes-Pyrénées et le Gers, des scooters électriques (loués 2,50 €/j) et trottinettes à Saint-Gaudens… et s’apprête à créer un vélo école itinérant. Contact : occitanie@wimoov.org et 05 62 31 94 41.

  • Coeur d'Hérault : Rézo pouce, Mobicoop, l'auto-stop solidaire

Elsa Achard n’est pas peu fière de son rôle de chargée de mission stratégie urbaine durable à la communauté de communes vallées de l’Hérault. L’auto-stop solidaire mis en place avec Rézo pouce puis Mobicoop marche du feu de Dieu sur le territoire. "Cela idéal pour les gens des petits villages qui ont besoin de venir faire une course à Gignac. Le Département a installé les panneaux. C’est un bon repère pour mieux voir les autostoppeurs pour qui tout est gratuit". Et pour les trajets plus longs, le Pays Cœur d’Hérault a lancé PichoLines, la première plate-forme de covoiturage en logiciel libre. Idéal pour les déplacements domicile travail.

  • Toulouse : Aura Aéro se lance dans l'avion électrique

Toulouse accueille les pionniers de l’aéronautique décarbonnée. Parmi eux, Aura Aéro que Jérémy Caussade a fondé avec deux associés en 2018. Ils n’étaient que 5 quand le Covid a démarré. Ils sont aujourd’hui 140, auxquels s’ajoutent 60 collaborateurs en externe. "Intégral", leur biplace de formation volera pour la 1re fois avec son moteur électrique en 2023. Aura travaille aussi sur Era, un avion électrique de 19 places qui est présenté comme le plus avancé au monde de cette taille. La batterie et le turbo générateur prévu lui donneront jusqu’à 600 mille nautique d’autonomie. "C’est le plus gros avion commercial qu’on peut imaginer aujourd’hui avec cette technologie-là", confie Jérémy Caussade qui annonce un premier vol en 2025. Et surtout des places aux alentours de 100 €, "convaincu qu’on volera un peu moins à l’avenir, mais mieux".

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
Dentalco12 Il y a 1 année Le 23/11/2022 à 15:30

et , pendant ce temps les achats sur internet ?