Sécheresse, inondations, chaleur… pourquoi 2022 est l’année de tous les extrêmes

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  • La France fin août : 4e vague de chaleur. La France fin août : 4e vague de chaleur.
    La France fin août : 4e vague de chaleur. Photo eu/sentinel-3 - Copernicus imagery
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Ollivier Le Ny

Copernicus, le programme spatial européen d’observation du changement climatique, a livré ce mardi 10 janvier son bilan de l’année 2022. La deuxième année la plus chaude de l’histoire en Europe.

Le propos est teinté d’une triste ironie, prononcé par le climatologue Carlo Buontempo, du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF), ce mardi. "Si je devais parier", sur le temps qu’il fera l’été prochain, "je parierai qu’il fera chaud. Les événements rares, désormais, ce seront les années froides."

Le chercheur et ses collègues de l’ECMWF présentaient le rapport annuel climat du programme européen d’observation de la Terre Copernicus. Quatre satellites nommés Sentinel qui orbitent autour du globe et dont les données et images, dans différentes longueurs d’onde, sont notamment exploitées par les pouvoirs publics et les chercheurs dans la gestion des crises et l’étude du changement climatique. Le bilan d’une année "d’événements climatiques extrêmes", inondations, sécheresse, vagues de chaleur, incendies de forêt, fonte des glaces, qui n’ont épargné aucune région du monde et pourtant mis la nôtre en exergue.

"L’Europe se réchauffe un peu plus vite que les autres continents", constate Freja Vamborg, on y a battu l’an passé, partout, la plupart des records de chaleur, au gré de vagues qui ont particulièrement frappé l’ouest et le nord "de mai à octobre". Des records estivaux "mais aussi en automne et en hiver", pointe Carlo Buontempo. 2022 entre dans l’histoire pour les Européens, qui ont eu à souffrir l’été le plus chaud jamais observé en France, en Italie ou en encore Espagne, de 4° supérieur à la moyenne de la période 1991-2020, et la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée. En septembre encore, le Groenland connaissait des températures dépassant de 8° la moyenne de cette même période de référence.

Des faits " imprévisibles mais pas surprenants "

Le plus marquant ne serait cependant pas dans ces statistiques par État. "Le plus important, reprend Carlo Buontempo, cette fois à l’échelle mondiale, est que les huit dernières années ont été les huit plus chaudes et ont dépassé de 1,2° la moyenne des températures de l’ère pré-industrielle", 1850-1900. Des événements "imprévisibles, mais pas surprenants", lâche-t-il, se sont déroulés durant ces douze mois. Ils ont notamment vu 33 millions de Pakistanais meurtris par les débordements de la mousson, une partie de l’Australie sous les eaux, des inondations dramatiques au Soudan ou Nigéria, l’Amérique du Sud ployer sous les températures, la banquise reculer de 11 % de plus que d’ordinaire à la sortie de l’été antarctique. "Des proportions jamais observées en quarante-quatre ans de mesures par satellite", souligne Copernicus.

2 700 incendies, cet été, ont ravagé l’Europe

Résultante de l’absence de pluviométrie, de la déshydratation des sols et de pics de chaleur, la sécheresse en Europe, évaluée comme la pire du genre "durant les cinq cents ans écoulés", a laissé les cours d’eau exsangues, entraîné des restrictions d’eau dans 90 des 96 départements français de la Métropole, dont certaines ont encore cours. Elle a participé à l’élévation de la température de la Méditerranée sur les côtes françaises et italiennes (des pics à + 5° cet été) et entraîné une "crise" des feux de forêts "d’une exceptionnelle intensité et étendue", commente l’ECMWF.

786 000 ha de bois et forêts ont brûlé dans l’Union européenne au cours de 2 700 incendies, deux fois et demie plus que la moyenne annuelle habituelle.

Pour les climatologues européens, après 2022, le concept même "d’événement extrême doit être repensé". "Ces événements soulignent que nous subissons déjà les conséquences dévastatrices du réchauffement de notre planète, analyse Samantha Burgess, directrice adjointe du volet changement climatique de Copernicus, le C3S. C3S fournit des preuves claires que pour éviter les pires conséquences, la société devra à la fois réduire de toute urgence ses émissions de carbone et s’adapter rapidement au changement climatique."

Méthane et CO2 en augmentation

deserre Une "bonne" nouvelle chassant l’autre, les deux gaz – méthane et CO2 – principalement à l’origine du réchauffement de la planète sont toujours plus présents dans l’atmosphère. Leur concentration s’est accentuée en 2022, dans des proportions voisines des années précédentes, "sans aucun signe de ralentissement", remarque le Français Vincent-Henri Puech, responsable du volet surveillance de l’atmosphère de Copernicus. En Europe, les nombreux feux de l’été ont largement contribué à ces émissions.
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