Millau. Sud-Aveyron : face au changement climatique, la vallée du Tarn va devoir s’adapter

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  • Fabien Daumas, chargé de mission auprès du PNR aux côtés du vice-président, Jean-François Dumas. A.D.
    Fabien Daumas, chargé de mission auprès du PNR aux côtés du vice-président, Jean-François Dumas. A.D.
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Aurélien Delbouis

Face à l’évolution du climat, le PNR lance son "Plan paysage de la Vallée verte" pour faire de la vallée du Tarn, une vallée "productrice, résiliente, et génératrice de qualité de vie."

Si l’été dernier a confirmé le futur du climat mondial marqué par une succession d’épisodes extrêmes qui charrie son lot de calamités, il signe aussi pour la vallée du Tarn le commencement d’un avenir nécessairement plus résilient.

C’est en tout cas le "cahier des charges" que se sont fixées "les forces vives" du territoire qui sous le patronage du Parc naturel régional des Grands Causses ont décidé de prendre le taureau par les cornes pour infléchir un avenir à faire frissonner les derniers climatosceptiques. "On sait aujourd’hui qu’en 2050, on comptabilisera par an, 25 jours en plus avec des températures supérieures à 30 °C. On s’attend donc à une augmentation des sécheresses avec pour corollaire la perte de 10 jours de pluie durant l’année", résume Fabien Daumas, chargé de mission aménagement et paysage auprès du PNR. Toujours à cet horizon, "le syndicat Tarn-Amont annonce aussi un débit du Tarn en baisse d’au moins 20 %", complète le vice-président du PNR, Jean-François Dumas qui a avec le "Plan paysage de la vallée verte" souhaite dans un premier temps "éveiller les consciences."

L’incendie de Mostuéjouls au mois d’août dernier n’est que la partie immergée. Le futur climatique de la planète aura des incidences problématiques pour ne pas dire catastrophiques sur la vie de la vallée du Tarn dont la baisse de population s’accompagne aussi de son vieillissement.

Pour le PNR qui vient de livrer son pronostic et son plan d’action pour les prochaines années, le problème n’est pourtant pas là. Avec la hausse moyenne des températures et la baisse attendue des précipitations sur un territoire dont l’économie se résume peu ou prou au tourisme, la viticulture et l’arboriculture, les certitudes n’ont plus cours.

Se refaire la cerise

Comment demain faire naviguer un canoë sur une rivière dont le niveau d’étiage, comme ce fut déjà en partie le cas l’été passé, ne le permet déjà plus aujourd’hui ? Comment aussi cultiver des cerises et s’assurer un revenu décent quand la Drosophila suzukii, minuscule ravageur ailé trop bien connu des producteurs de la vallée, fait déjà des ravages dans les plantations ? Si se poser ces questions n’exige pas encore d’y répondre l’idée du Parc est bien de susciter la réflexion autour de ces sujets qui vont modifier durablement le paysage de la vallée verte et son bassin de vie d’une superficie de 160 km², étalée sur 50 km, qui englobe 16 communes entre les villages du Rozier et du Viala-du-Tarn. "En fonction des secteurs, du type de sol, du type de culture, il n’y a pas une seule et unique solution, fait valoir Fabien Daumas. Pour lutter par exemple contre la mouche suzukii, il existe un prédateur naturel, une petite guêpe qui pond dans la mouche. L’Inra étudie actuellement l’intérêt de faire venir ce prédateur en France. On peut aussi changer de variété ou installer des filets à très petites mailles. Une solution mécanique qui entraîne évidemment un surcoût" que ne semblent pas encore prêts à assumer les producteurs qui préfèrent se tourner vers la prune mirabelle moins sensible aux ravageurs mais plus gourmande en eau. "Cette vallée à vraiment une spécificité particulière, résume Fabien Daumas, grâce à ces vergers, cette vigne mais aussi la trufficulture" dont les superficies atteignent respectivement, 260, 80 et 50 hectares. Tout sauf neutre à l’échelle d’un territoire amené, c’est un préalable, à s’adapter au climat et non plus l’inverse.

Objectif "Zéro phyto"

À ce titre, la ressource en eau est un enjeu crucial, valide Jean-François Dumas. Essentielle à la vie du territoire, à l’activité des 212 exploitants agricoles du périmètre et à l’arboriculture qui occupe déjà 15 producteurs le long de la vallée verte – des producteurs engagés à réduire de 50 % l’utilisation d’intrants d’ici 3 à 4 ans –, cette ressource, précieuse, sera plus que jamais cruciale dans les années à venir.

Indispensable à l’agriculture, elle conditionne aussi l’économie de tout un territoire par son volet touristique, incontournable les premières douceurs estivales venues. "On travaille évidemment sur la réduction des produits phytosanitaires, un point sur lequel les producteurs comme les communes ont énormément progressé, valide le chargé de mission mais aussi autour d’activités de pleine nature qui peuvent occasionner des conflits d’usages sur des espaces protégés particulièrement riches en biodiversité. Le but est aussi de préserver ces milieux avec des pratiques plus durables." Les préserver tout en permettant aux habitants de la "vallée verte" de s’inscrire durablement dans l’avenir d’un territoire qui est aussi le leur.

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