Les Français ne veulent pas des zones à faibles émissions (ZFE), selon une consultation

  • Une généralisation des ZFE en France est prévue par la loi d'ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants.
    Une généralisation des ZFE en France est prévue par la loi d'ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants. photoschmidt / Getty Images
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ETX Daily Up

(AFP) - La mise en place de zones à faibles émissions (ZFE) pour lutter contre la pollution de l'air dans les grandes agglomérations rencontre une forte opposition de la population, qui redoute un creusement des inégalités sociales et territoriales, selon une étude du Sénat parue jeudi.

Jamais une consultation sénatoriale auprès des citoyens n'avait recueilli autant d'avis: plus de 51.300 réponses en moins d'un mois. Jamais non plus elle n'aura recueilli autant d'avis négatifs.

"Ce succès, entre guillemets, témoigne des nombreuses inquiétudes que ce dispositif génère chez les Français, même s'il s'agit d'une consultation basée sur le principe du volontariat et non d'un sondage représentatif", a expliqué devant la presse le sénateur des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot (LR), rapporteur de la mission de contrôle sur les ZFE qui doit rendre ses conclusions mi-juin.

Au total, 86% des particuliers et 79% des professionnels ayant répondu à la vingtaine de questions posées par les sénateurs se disent ainsi opposés au déploiement des ZFE.

Parmi les répondants, 93% sont des particuliers et 7% des professionnels.

"Il s'agit d'une mesure technocratique qui de surcroît crée une véritable rupture d'égalité d'accès au centre-ville selon que vous soyez aisé ou non", lit-on parmi les témoignages.

Une généralisation des ZFE en France est prévue par la loi d'ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants. A ce jour, onze métropoles, emmenées par Lyon, Grenoble et Paris, ont leurs ZFE avec des calendriers différents.

"On a eu la question des +gilets jaunes+ parce qu'on touchait à la voiture. Là aussi on touche à la voiture, donc on ne peut pas ne pas y voir une similitude" mais "on ne veut pas en arriver là", a commenté M. Tabarot. "On a vraiment envie de ne pas créer une bombe sociale supplémentaire alors qu'il en existe déjà quelques-unes".

- Fractures -

Parmi les enseignements de la consultation, dont les résultats ont été analysés par un spécialiste de la donnée, plus un répondant réside loin du centre d'une agglomération et plus il a tendance à être défavorable à la mise en place d'une ZFE.

Ainsi, seuls 8% des habitants de communes rurales y sont favorables contre 23% des habitants de centre-ville.

Le fait de disposer d'une alternative à la voiture a également une influence sur les réponses, seuls 16% des répondants estimant avoir des solutions alternatives suffisantes.

Enfin, le ressenti varie beaucoup d'une catégorie socioprofessionnelle à une autre, 25% des cadres étant favorables aux ZFE contre 11% des employés et 4% des ouvriers.

Le premier frein au déploiement des ZFE réside dans le coût d'acquisition des véhicules propres, jugé trop élevé pour 77% des particuliers, devant l'accessibilité insuffisante des métropoles depuis les zones périurbaines ou rurales (51%) et l'insuffisance d'offres de transports alternatifs (42%).

Malgré la menace, à terme, d'une amende de 68 euros, 83% des particuliers n'envisagent pas pour autant de changer de véhicule pour fréquenter une ZFE.

La mission d'information "flash" du Sénat sur l'acceptabilité des ZFE a mené plus d'une quarantaine d'auditions depuis mars.

"On constate qu'aujourd'hui des métropoles particulièrement volontaristes ont fixé des calendriers assez resserrés et sont contraintes de revenir en arrière. Nous ne sommes plus sur un clivage politique", a reconnu M. Tabarot.

A propos du ressenti largement négatif des citoyens, le sénateur espère "trouver une ligne de crête".

"On ne peut pas ne pas prendre en compte les chiffres que l'on a, mais on ne peut pas ne pas prendre en compte l'impératif de santé publique", a estimé l'élu, pour qui il semble "évident" qu'il y a une "désynchronisation entre le calendrier (des ZFE, ndlr) et l'avancée des alternatives à la voiture".

La priorité est donc, selon lui, "d'aller vers du report modal, vers les transports en commun, car 40 millions de véhicules électriques ne régleront pas le problème de la congestion automobile".

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