Football : une saison en montagnes russes pour Rodez

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  • Les Ruthénois ont alterné entre tristesse et joie tout au long de la saison.
    Les Ruthénois ont alterné entre tristesse et joie tout au long de la saison. Centre Presse Aveyron - Jean-Louis Bories
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Guillaume Verdu

Plus de dix mois de compétition, un changement d’entraîneur, une trêve inédite, de nouvelles tribunes, une épopée en coupe… Avant son déplacement capital pour le maintien en Ligue 2, à Bordeaux vendredi 2 juin, le Raf connaîtra le verdict d’une saison inédite sous bien des aspects. Rappel.

Un été en pente raide

Quelques semaines après un maintien obtenu à l’arraché, Rodez s’est lancé dans la saison actuelle avec la volonté de faire autrement. Après avoir émis des doutes sur sa volonté d’honorer sa dernière année de contrat, l’entraîneur Laurent Peyrelade est reparti avec certaines de ses exigences exaucées par la direction (dont l’arrivée d’un nouvel entraîneur des gardiens et la présence d’un kiné avant chaque séance d’entraînement).

Question recrutement aussi, les plans ont été revus. Avec le spectre des quatre relégations, en raison du passage progressif des championnats professionnels à 18 clubs, et un calendrier chamboulé par la coupe du monde placée en novembre, il était impératif de renforcer l’effectif, en qualité comme en quantité. Mais courtiser des joueurs expérimentés, quand on n’est pas le plus fortuné de son championnat, nécessite de s’armer de patience. De nombreuses recrues (Loris Mouyokolo, Kevin Boma, Aymen Abdennour, Eric Vandenabeele, Marvin Senaya, Wilitty Younoussa, Andy Pembélé, Jung-Bin Park) ont débarqué durant les trois dernières semaines du marché des transferts.

Abdennour et Vandenabeele se sont engagés au Raf fin août.
Abdennour et Vandenabeele se sont engagés au Raf fin août. Centre Presse Aveyron - Jean-Louis Bories

Une situation qui n’a pas été du goût de l’entraîneur, déçu dans le même temps des départs de Julien Célestine et Adilson Malanda, pas forcément prévus. Ce contexte a provoqué le mauvais début de saison du Raf, trop longtemps en manque de repères, à l’image des larges revers contre Bordeaux (3-0) et Metz (4-1). En coulisses, cela a donné lieu à des désaccords entre l’entraîneur et sa direction, qui ont éclaté au grand jour avant la réception des Girondins (2e journée). "On s’appauvrit sportivement", a regretté Peyrelade. "Le président préside, il prend les décisions ; le manager manage, il me propose des profils ; l’entraîneur doit entraîner", a recadré Pierre-Olivier Murat, le boss du Raf.

Le divorce avec Laurent Peyrelade

Cet échange avait peut-être posé les bases du divorce à venir. Le 8 novembre, deux jours après une défaite contre Grenoble (1-0), un communiqué du club fait l’effet d’un coup de tonnerre en annonçant le départ du coach. La fin d’une idylle de plus de sept ans avec un technicien qui a longtemps incarné la réussite du Raf, lors de son ascension du CFA à la Ligue 2 et des trois premiers maintiens décrochés dans le monde professionnel.

Malgré une place de relégable et la difficulté à concrétiser dans les résultats les promesses du début de l’automne, cette décision a été perçue comme brutale et surprenante. Deux semaines avant le début de la trêve coupe du monde, l’équipe première a été confiée à l’adjoint, Emerick Darbelet, promu entraîneur par intérim.

Laurent Peyrelade a été démis de ses fonctions en novembre.
Laurent Peyrelade a été démis de ses fonctions en novembre. Centre Presse Aveyron - Jean-Louis Bories

Les premiers pas réussis de Didier Santini

Pendant que le monde du football avait les yeux rivés vers le Qatar, le Raf s’est doté d’un nouvel entraîneur. En nommant Didier Santini, les dirigeants ont fait le choix de la nouveauté. "Je veux que ce soit neuf et passionné", a justifié Murat. Le technicien de 55 ans n’avait jamais dirigé une équipe dans les divisions professionnelles et venait de quitter Saint-Brieuc, relégable en National. "Pour moi, le football est une pièce de théâtre, il faut faire vibrer les gens", a prévenu le nouvel arrivant. Sous ses ordres, les sang et or ont eu un visage plus offensif, qui a rapidement plu au public.

L’opération séduction a été facilitée par le fait que son premier match sur le Piton a été couronné d’une victoire contre Dijon (2-1), la toute première de la saison à domicile. Ce succès survenu durant les fêtes de fin d’année avait en outre inauguré de la meilleure des manières les deux nouvelles tribunes de Paul-Lignon. Au-delà de sa volonté d’être plus protagoniste et audacieux, Didier Santini n’a pas tout chamboulé non plus. Adossé au même staff que son prédécesseur, il a continué à utiliser le même schéma en 3-5-2 et à faire appel aux mêmes hommes forts sur le terrain.

Didier Santini, après l’exploit à Auxerre en Coupe de France.
Didier Santini, après l’exploit à Auxerre en Coupe de France. Centre Presse Aveyron - Jean-Louis Bories

L’aventure Coupe de France

Le début de l’ère Santini a été marqué par un parcours en Coupe de France qui fera date dans l’histoire du club. Rodez a disputé un quart de finale, son troisième après 1991 et 2009. Et même si les partenaires de Rémy Boissier n’ont pas réussi à égaler la troupe de Michel Poisson, qui s’était hissée dans le dernier carré il y a 32 ans, ils sont parvenus à éliminer une équipe de Ligue 1 à l’extérieur, ce qui n’était jamais arrivé au Raf.

Les sang et or ont même accompli cet exploit à deux reprises, à Monaco (32e ; 2-2, 5-4 tab) et à Auxerre (8e ; 3-2). Avec la qualification à Saint-Etienne lors de l’entrée en lice (0-0, 4-3 tab), cette épopée faite uniquement de déplacements a revêtu un luxe sans commune mesure avec tout ce qui a été accompli avant. Et ce même si l’aventure s’est achevée dans le fracas d’une cuisante défaite à Toulouse (6-1).

Le temps des doutes

En janvier et février, le parcours victorieux en Coupe de France a contrasté avec les résultats décevants en championnat. En alignant une série de huit matches sans victoire, Lionel Mpasi and co ont reculé à la dernière place. Malgré quelques prestations encourageantes mal payées, comme face à Sochaux (1-2) et Guingamp (0-1), notamment, cette série a fait naître des doutes sur leurs capacités à se maintenir en Ligue 2.

Le retour de flamme

Mais d’une série à l’autre, les incertitudes ont été rapidement balayées. Trois jours après la fin du parcours en coupe, les Ruthénois se sont relancés en remportant le match à ne pas perdre, sur la pelouse de Niort (3-2). Dernier de la classe avant cette rencontre, le Raf comptait alors cinq longueurs de retard sur Pau, premier non relégable, et une sur les Chamois, avant-derniers. Autrement dit, cette affiche avait des airs de dernière chance…

Dans un match qu’ils ont globalement maîtrisé, les Aveyronnais s’en sont sortis au profit d’un dernier quart d’heure aux allures de miracle. Après une égalisation niortaise contre le cours du jeu (79e), Thomas Secchi, l’habituel troisième gardien, a signé un double arrêt miraculeux, puis a été sauvé par sa barre, avant que Lucas Buadès, tout juste entré en jeu, ne marque le but de la victoire en contre (88e) !

Ce scénario dingue a servi de déclic et redonné la confiance a tout un groupe. Le succès dans les Deux-Sèvres a marqué le début d’une période faste, faite de six victoires en sept rencontres en mars et avril, puis d’un nul probant contre Saint-Etienne. De quoi hisser le Raf au 12e rang avec sept points d’avance sur la zone rouge. Après la 33e journée, le maintien semblait n’être plus qu’une formalité…

De nouveau sous la menace

Seulement, il doit être écrit quelque part que rien ne peut être de tout repos pour le Raf. Tout près d’accomplir leur objectif, les hommes de Didier Santini ont baissé de rendement. Peut-être à cause d’un relâchement mental, comme l’a reconnu Joris Chougrani, certainement aussi à cause d’un coup de moins bien physique. La période faste de mars avril a laissé des traces dans les organismes. Avec l’enchaînement des bons résultats et de nombreuses blessures, en défense et au milieu, l’entraîneur a peu fait tourner son équipe et certains cadres semblent payer l’addition dans la dernière ligne droite.

Il faut aussi reconnaître que les Aveyronnais n’ont pas été vernis par les autres résultats, puisque plusieurs concurrents directs sont sortis de leur spirale négative et ont aligné des succès contre des cadors du championnat. Cela a notamment été le cas de Laval (tombeur de Sochaux, Bastia et Saint-Etienne), Valenciennes (vainqueur du Havre) ou encore Annecy (gagnant face à Le Havre et Bordeaux). Des performances qui obligent les sang et or, en même temps qu’elles peuvent les inspirer, au moment de se rendre en Gironde, eux qui peuvent s’assurer du maintien en cas de victoire, vendredi. Et de se prévoir une fin heureuse à une saison riche en émotions.

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