Fourrage : les agriculteurs aveyronnais sur le pont pour une "fenêtre de fauche" idéale

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  • Entre maturité de l’herbe et prévisions météo, un équilibre à trouver pour les agriculteurs.
    Entre maturité de l’herbe et prévisions météo, un équilibre à trouver pour les agriculteurs. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
Publié le , mis à jour
Xavier Buisson

Même si de fortes disparités (météorologiques notamment) existent dans le département, les prochains jours seront très favorables à la récolte des fourrages, un enjeu primordial pour les éleveurs du département.

Dans bon nombre d’exploitations agricoles aveyronnaises, les journées qui arrivent, jusqu’à ce dimanche soir, s’annoncent des plus chargées. L’heure est en effet à la récolte des fourrages, pour laquelle les bonnes conditions météorologiques sont primordiales.
Et tous les signaux sont au vert, à commencer par les stocks, qui sont au rendez-vous, comme l’explique Sandra Frayssinhes, conseillère en agronomie à la chambre d’agriculture, spécialisée dans les fourrages : « Les rendements sont corrects cette année du fait d’une bonne minéralisation à l’automne et d’une bonne pousse ce printemps, parfois supérieure à la normale. Les stocks sont bons, la croissance a été favorisée par les pluies régulières et de l’absence de fortes gelées en fin d’hiver».

Une "forte pousse" au printemps

Ce qui n’était pas le cas l’an dernier. «2022 et 2023 sont deux années opposées. En 2022, le mois de mai a été historiquement très chaud et sec, un record. Le mois de mai 2023 a été très pluvieux, ce qui génère des complications pour réaliser les stocks».
Pour les agriculteurs, plusieurs solutions existent. Tout d’abord l’ensilage, qui consiste à laisser sécher au champ l’herbe fauchée durant près de 24heures avant de la mettre en silo. Autres approches : l’enrubannage, sous forme de bottes (48 heures de séchage) et enfin le foin, qui nécessite, lui, près de quatre jours de séchage.
«Bien entendu, il ne faut pas de pluie, au risque de fournir une nourriture moins riche pour les animaux», poursuit Sandra Frayssinhes.
Le stade de pousse de la plante va lui aussi conditionner la qualité de la récolte. Si l’herbe est trop mature, elle contiendra beaucoup de fibres, ce qui sera moins digeste et moins nutritif pour l’animal. Tout l’enjeu, pour les agriculteurs, est donc de récolter au bon stade de maturité… et qu’il n’y ait pas de pluie ensuite pour empêcher le séchage.

«Une vache mange 5,5 tonnes de fourrage par an»

«En fin de semaine, il y aura une belle fenêtre de fauche pour le foin», explique la conseillère en agronomie. Même si certains ont déjà commencé l’ensilage ou l’enrubannage il y a quelques semaines.
C’est le cas de Laurent Saint-Affre, éleveur de vaches allaitantes à Ols-et-Rinhodes et qui consacre 135 hectares de son exploitation au fourrage, afin de nourrir près de 90vaches. «Avec cette surface fourragère, je suis très à l’aise quatre années sur cinq», explique l’agriculteur, par ailleurs vice-président de la chambre d’agriculture.
L’enjeu est important, à la hauteur du travail, sachant qu’une vache mange 5,5 tonnes de fourrage (ou de matière sèche) à l’année. «On commence à s’impatienter», poursuit-il, du fait des pluies régulières sur son secteur qui empêchent le séchage du foin qui, s’il est humide, «se dégrade en qualité et en valeur alimentaire. Le bon équilibre entre protéines et énergie commence à être dépassé».
Outre les disparités de rendement («entre les bons et les mauvais hectares», il peut varier chez Laurent Saint-Affre «d’un rapport de 1 à 3 ou 4»), les disparités météorologiques génèrent des différences d’approche en fonction des zones géographiques.
«Nous avons une fenêtre de quatre ou cinq jours de beau, ce qui va permettre de récolter… Mais nous restons tributaires du temps qu’il a fait, du temps qu’il fait… et du temps qu’il fera», résume Laurent Saint-Affre.
Beaucoup d’aléas qui conditionnent la bonne alimentation et, donc la croissance des animaux d’élevage. Le fourrage récolté actuellement sera donné aux bêtes dès cet été, dans les cas les plus tendus où l’agriculteur n’aurait pas d’autre solution, ou à l’automne pour la période d’hivernage, lorsque les bêtes seront à l’intérieur.

Repères

443093 bovins, dont 160286 vaches allaitantes, répartis dans 4507 exploitations.
943946 ovins dont 503697 brebis mères laitières et 105357 brebis mères allaitantes.
70819 caprins
78% des exploitations agricoles de l’Aveyron sont spécialisées dans les productions animales.
7637 exploitations implantées dans l’Aveyron en 2020 (soit 12% des exploitations de l’Occitanie), en baisse localement de 1457 par rapport à 2010 (-16%).
36% des bovins viande élevés dans le département le sont sur le plateau de l’Aubrac.
21% des exploitations tournées vers l’élevage ovin (soit 1627) sont localisées dans le Sud-Aveyron.
17 % des exploitations sont spécialisées dans le végétal.
1,7% par an, la baisse annuelle du nombre des exploitations dans le département entre 2010 et 2020.
508960 hectares, la surface agricole utile de l’Aveyron en 2020, en baisse de 2,5% depuis 2010. Elle est composée de 82% de prairies. En moyenne, une exploitation dispose de 67hectares, soit 9 de plus qu’en 2010.
1940 exploitations, soit 26%, sont gérées par une personnes âgée de 60 ans ou plus. 38% d’entre eux ignore quel sera le devenir de l’exploitation dans les trois années à venir. Dans 7% des cas, les exploitations disparaissent au profit de l’agrandissement d’une autre.
 

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