"S’il devait y avoir discrimination, elle serait vraiment positive" : l’expérimentation du RSA sous-condition présentée à Decazeville

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  • Le président du département Arnaud Viala et le préfet Charles Giusti à la conférence de presse vendredi.
    Le président du département Arnaud Viala et le préfet Charles Giusti à la conférence de presse vendredi.
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Roman Bouquet Littre

Présents à Decazeville vendredi, le préfet et le président du conseil départemental de l’Aveyron ont présenté les grandes lignes de l’expérimentation du RSA sous condition, contenue dans le projet de loi "plein-emploi".

À Decazeville, un point presse s’est tenu ce vendredi 7 juillet 2023 à l’occasion de la présentation aux acteurs locaux de l’expérimentation du RSA sous condition, en présence de Charles Giusti, préfet de l’Aveyron, et du président du département Arnaud Viala.

Cette expérimentation, qui a débuté dans le bassin de Decazeville, conditionne notamment le versement du RSA à une activité de 15 à 20 heures hebdomadaires, au risque de perdre tout ou partie de l’allocation. "Nos détracteurs disent que c’est discriminatoire. Nous avons considéré que ce bassin de Decazeville était celui où la situation économique était la plus fragile. Il était parfaitement logique d’y apporter les moyens supplémentaires, a expliqué le président du département. […] Donc, s’il devait y avoir discrimination, elle serait vraiment positive."

Depuis le début de l’année, l’Aveyron, département test avec 17 autres, a perçu 863 000 euros d’aide de l’Etat pour renforcer l’accompagnement des allocataires, entre 800 et 1 000 dans le sous-bassin de Decazeville, a précisé le président du département. Cela passe notamment par le renforcement des effectifs de Pôle emploi : "Nous avons déjà des premières personnes qui rejoignent nos équipes, et il y a d’autres recrutements en train de se réaliser."

Prévue jusqu’à la fin de l’année 2024, l’expérimentation, qui sera très vite étendue au Villefranchois, ne concernera pas "les allocataires empêchés par des problèmes médicaux par exemple", a voulu rassurer Arnaud Viala.

Tenter de répondre à un enjeu économique pour l’Aveyron

"Il y a un besoin de recrutement en Aveyron. Il suffit de prendre la route entre Rodez et Decazeville pour voir qu’il y a beaucoup de panneaux qui disent "on recrute"", a argumenté le préfet Charles Giusti.

Mais les syndicats craignent eux que les allocataires soient assignés à des emplois "dégradés", et parfois même coûteux pour les allocataires, déjà précaires. "Dans les allocataires du RSA, on a beaucoup de famille monoparentale avec des enfants. Certains allocataires nous disent que ça va leur coûter cher pour les faire garder", tente d’alerter Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT, qui regrette que les syndicats n’aient pas été consultés dans l’élaboration de cette expérimentation.

Débattu cette semaine au sénat, le projet de loi "plein-emploi" devrait être à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale en septembre.

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Les commentaires (4)
Larrynautik Il y a 10 mois Le 11/07/2023 à 13:08

Cette expérimentation est absurde et discrimine négativement les chercheurs d'emplois sans allocations chômage en les faisant passer pour des tire-au-flanc. La CGT ne s'y trompe pas en notant que cela n'aura aucun impact voire un impact très négatif sur ces personnes. Certains allocataires déjà très pauvres vont ainsi se voir privés de toutes ressources ; ils vont littéralement mourir de faim comme avant l'instauration du RMI, et nul n'est dupe de l'inefficacité de Pôle Emploi à gérer les dossiers des chômeurs.

En vérité cette mesure ne vise qu'à faire sortir davantage de personnes des chiffres du chômage, en les excluant totalement de la société. C'est une mesure politique qui met en péril la cohésion sociale ; que vont faire ces gens privés de nourriture ? Ils vont soit se laisser mourir de faim, soit mendier, soit voler, soit se faire emprisonner volontairement. On reparlera de la soit-disant fierté aveyronnaise d'avoir accepté une ignominie pareille !

Que le préfet et le président du département aient approuvé cette mesure abjecte et inhumaine en dit long sur leurs propres ambitions politiques et leur peu de considération pour les aveyronnais les plus pauvres. Comme si la vie n'était pas déjà assez rude comme ça quand on survit dans la misère, il faut aussi compter avec les "forces politiques" hostiles à toute solution réelle, humaine, applicable et réaliste. On ne résout pas la pauvreté par des délires travaillistes, ou en croyant que l'administration est en mesure de traiter efficacement un problème à plus de deux facteurs !

Régional Il y a 10 mois Le 12/07/2023 à 09:59

Pour votre gouverne, je peux vous dire que certains demandeurs d'emploi sont vraiment des "tire-aux-flancs" et ne veulent pas travailler mais vivre avec les aides publiques et je ne comprends pas que la CGT que vous citez dans votre rpopos ne semble pas informée de cet état de fait. Les offres d'emploi sont de plus en plus nombreuses sans être satisfaites par manque de candidat. De mon temps il n'y avait pas autant d'aides et on cherchait vraiment du travail. Maintenant certains ont tout, y compris des aides pour partir en vacances. Qui paie? Demande-t-on son avis au petit retraité imposable et qui subit sans pouvoir s'exprimer?

Larrynautik Il y a 10 mois Le 12/07/2023 à 13:05

@Regional

95% des chômeurs veulent réellement travailler (c'est une statistique réelle, pas une approximation). Ils veulent si possible des CDI à temps complet... comme ceux que vous avez eu VOUS à l'époque. Le problème c'est que l'on n'est plus "à l'époque", aux 2% de chômage des années 70, où il suffisait de traverser la rue pour trouver un boulot à temps complet sans aucune qualification. Quand aux offres non pourvues, ce sont des offres d'une heure de ménage ou de plonge qui ne permettent absolument pas de vivre.

Renseignez-vous un peu, vous croyez vraiment que s'il y avait des centaines de CDI à temps complet sans qualification, ils ne seraient pas immédiatement pourvus ? Y'a pas quelque chose qui vous intrigue là ?

Il y a 4 millions de chômeurs, si vous aviez vécu jeune aujourd'hui, pour chaque emploi disponible vous auriez eu 4 millions de concurrents ! En vérité vous avez seulement eu de la chance de naitre à la bonne époque et de pouvoir travailler. Mais le monde dans lequel vous avez grandi n'existe plus.

Quand à la retraite que VOUS avez, nombre de jeunes ne la verront jamais, à cause du report de l'âge mais surtout des périodes de chômage. Vous avez cependant pu constater que votre retraite à vous diminue, et oui, car après avoir réussi à éradiquer la misère chez les personnes âgées dans les années 80 grâce à la retraite, et bien voici venu le retour de cette misère des vieux, toujours plus ponctionnés mais ça, mon cher, ça n'est pas le fait du chômeur du coin, c'est le gouvernement qui en a décidé ainsi. Et je vais aussi vous lâcher une grosse info : l'an prochain, vous aurez encore moins, et l'année d'après aussi. Le peu de jeunes qui auront au final droit à une retraite, auront une retraite misérable.

Anonyme11542 Il y a 10 mois Le 11/07/2023 à 10:04

Bravo pour cette initiative ! Au boulot c'est bien de percevoir mais aussi de Donner !