On lui a retiré une partie du crâne : le témoignage glaçant d'Hedi, victime de violences policières à Marseille

  • Hedi a reçu plusieurs opérations, une partie du crâne lui a été ôté.
    Hedi a reçu plusieurs opérations, une partie du crâne lui a été ôté. Capture - Konbini
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Un policier a été placé en détention pour avoir tabassé Hedi, 22 ans : le jeune homme témoigne de ce fameux soir du 1er juillet à Marseille.

Quatre policiers de Marseille (Bouches-du-Rhône) ont été mis en examen (pour violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage ou menace d'une arme ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours), soupçonnés d'avoir passé à tabac un jeune homme de 22 ans dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023. Trois ont été relâchés puis placés sous contrôle judiciaire, le quatrième a été placé en détention provisoire.

La victime de ces policiers membres de la Bac Sud et de la Bac centre, Hedi, a témoigné de ces violences au micro de Konbini, mercredi 25 juillet, après avoir passé un jour dans le coma et une semaine en réanimation, et au terme de plusieurs opérations. Le jeune homme a subi plusieurs opérations et est aujourd'hui défiguré. "Les médecins ont été obligés de m'enlever un bout du crâne".

Hedi explique que ce soir du 1er juillet, des violences urbaines étaient présentes suite à la mort de Nahel, un adolescent tué par un policier à Nanterre, mais c'était aussi la Fête des terrasses à Marseille. Hedi s'y rendait avec un ami quand ils ont croisé l'équipe de policiers : "on leur a dit bonsoir, et on a vu qu'ils n'avaient pas envie de discuter avec nous. Ensuite, ça a commencé".

"D'après les médecins, ils ont opéré un mort"

"Au tournant, je me suis pris un impact dans la tête". Hedi dit ne pas avoir compris de quoi il s'agissait au début. Il est tombé au sol puis a été immobilisé par les policiers. "On m'a traîné dans un coin où il faisait tout noir. De là, on a commencé à me frapper (...) certains avec les poings, d'autres avec des matraques. À aucun moment on m'a demandé mes papiers ou ce que je faisais là". Hedi a été laissé par terre quand les policiers sont partis.

"J'ai voulu me toucher la tête, mais je n'ai pas senti mon crâne. J'ai senti quelque chose qui prenait toute ma main, quelque chose de rond". Il pourrait s'agir de résidus de flash-ball. 

Hedi ne se souvient pas d'avoir été emmené à l'hôpital, où il est resté un jour dans le coma. "D'après les médecins, ils ont opéré un mort". D'autres opérations sont encore à prévoir, notamment pour, éventuellement, replacer le volet crânien d'Hedi. "Je me suis regardé une fois à l'hôpital par curiosité. Je voulais savoir. Mais c'était trop".

Hedi dit ne "pas pouvoir expliquer" le geste des policiers, et espère "ne pas garder une réticence vis-à-vis de ça, c'est comme dans tout, il y a des gentils et des méchants. Donc, c'est important de ne pas faire un blocage et une généralité".

 

La fronde des policiers dans les Bouches-du-Rhône

Depuis le placement en détention du policier soupçonné d'avoir passé Hedi à tabac, les policiers marseillais sont nombreux à s'être mis en arrêt maladie. Selon Franceinfo, ils seraient un millier à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône à soutenir leur collègue.

Le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, a aussi défendu les agents mis en examen, estimant "qu'avant un procès, un policier n'a pas sa place en prison, même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail".

A lire aussi : "Un policier n'a pas sa place en prison" : tout comprendre sur la polémique qui enfle après les émeutes à Marseille

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, doit rencontrer les organisations syndicales de policiers ce jeudi 27 juillet 2023, notamment pour parler du placement en détention provisoire de l'agent marseillais de la bac. 

Dans la vidéo de Konbini, il est demandé à Hedi s'il a reçu quelconque forme d'excuses de la part des forces de l'ordre ou du gouvernement. La réponse est non.

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