Vu du ciel. Votre été en Aveyron : en route pour Conques, Plus beaux villages de France et sublime trésor rempli de Foy
Tout l’été, le lundi, la rédaction s’arrête dans un des Plus beaux villages de France. Aujourd’hui, c’est le village de Conques qui est mis en avant autour de son abbatiale, son Trésor, mais surtout une belle histoire de famille.
Conques, c’est chez lui. Et Charles Gaillac ne s’y trompe pas au moment de nous retrouver sur le parking de la Salesse. Il est 10 heures lorsque l’homme de 71 ans remonte un peu plus haut pour nous guider vers sa maison. Une ancienne grange rachetée en 2017 et réaménagée, depuis laquelle le septuagénaire et sa compagne, Alice, qu’il a épousée il y a 52 ans, ont un panorama exceptionnel sur le village.

Et sur le Bancarel. Comme un symbole. C’est à quelques mètres de là que Charles Gaillac est né, en 1951. "J’ai la chance de vivre en face de ma maison natale et de la voir tous les jours. C‘est beaucoup d’émotion au quotidien", confie-t-il. Si ses parents ont quitté le village en 1954, l’ancien artisan maroquinier est revenu, en 1993, dans une commune où son arrière-grand-père avait ouvert les yeux pour la première fois, au-dessus de la Chapelle.

Une harmonie
Depuis sa terrasse, Charles Gaillac se plaît à parler "d’harmonie". Que ce soit pour évoquer les toits, qu’il contemple sans déchanter. "C’est de la lauze en schiste", commente celui qui est retraité depuis 2012. Ou bien quand il s’agit de vanter l’architecture. "Une partie de la ville est bâtie sur le rocher. Il faut de l’entretien, on ne peut parfois pas refaire les murs en pierre sèche. Mais on essaye toujours de garder l’esprit", avoue-t-il en gardant toujours un doigt sur la roche.

Charles Gaillac passe en revue les deux fours encore en activité et les innombrables séchoirs qui ont longtemps fait honneur à la châtaigneraie, qu’il contemple aussi depuis son habitation. Encore une fois, le symbole est immense. "Mes parents sont partis parce que le marché de la châtaigne s’est effondré. On était cinq enfants, et il y a eu un exode. Plein de gens sont partis de Conques", rappelle l‘homme de 71 ans. Lui a tout fait pour revenir dans ce bourg qui abrite 80 âmes. Et quand Charles Gaillac s’aventure dans le village, il le répète : "Je suis tout le temps émerveillé, émotionné… ".

Sur le bout des doigts
Le septuagénaire s’arrête devant une grande bâtisse. Il l’admire comme s’il la découvrait. "C’est la maison de la famille Benazech." Avec passion, il raconte qu’un chanoine du même nom, prénommé André, "a été à l’origine de la sauvegarde du Trésor à la Révolution. Il a dit aux gens du village de le cacher". Sur la rue du Couvent, Charles Gaillac marque de nouveau le pas devant le numéro 9. "C’est ici que vit la doyenne du village. Alice ! Elle a 94 ans." Et lorsqu’il croise deux pèlerins, il leur demande tout naturellement s’ils ont besoin d’aide pour trouver leur chemin.

Un esprit avenant qui pourrait faire penser à celui… d’un édile ! "Je dis aux gens que je n’ai pas pu être maire, mais que je me suis vengé en me disant que j’allais avoir le village à moi, sans en avoir les responsabilités", taquine-t-il avec un clin d’œil, en faisant référence au splendide panorama offert par sa terrasse. Passé la porte de la Vinzelle, l’ancien maroquinier montre un bâtiment, situé en face du château d‘Humières, sur la place éponyme : "Là, c’était la forge de monsieur Marti. Un sacré personnage…" En remontant rue du palais, Charles Gaillac livre une autre anecdote. "Tout le monde s’attend à voir un Palais des mille et une nuits, mais non. C‘était le palais de Justice !"

Et Conques, c’est aussi la part belle au local. "Il y a beaucoup de bons artisans qui font des choses de qualité. Ce que l’on craint dans ces villages-là, c’est de voir arriver des marchands du temple. Et quand ça commence à déborder, c’est fini… ". En se promenant rue du Château, Charles Gaillac parle d’Amélie, aux commandes d’une boutique de verrier créateur. Juste à côté, Nicolas, qui a des collections de couteaux. En gardant les yeux rivés sur les devantures, il martèle : "Il faut absolument garder cette identité".

Deux poumons
Ici, il y a d’abord le poumon du village. "Le parvis de l’abbatiale, c’est le centre névralgique", reconnaît Charles Gaillac, en observant le tympan de Conques et ses 124 personnages. Avec autant d‘amour, il entre dans ce monument et savoure les vitraux de Pierre Soulages. 104 verrières qu’il dévore du regard. Tout comme le fameux Trésor. Et cette statue reliquaire de Sainte-Foy. "Elle a été restaurée avec des perles. Ce n’est pas la valeur marchande, mais la valeur historique qui est impressionnante", chuchote-t-il.

Dans cette singulière anatomie, il y a enfin le poumon de Charles Gaillac qui n’est autre que Germain. Son fils, qui a soufflé 51 bougies. Revenu à Conques en 2017, il s’est installé dans une bâtisse appartenant à ses parents, où des chambres d’hôtes étaient (et sont encore) installées. Un passage de témoin sur la culture et la promotion du local.

"Les plateaux de charcuterie viennent de la maison Reynier de Saint-Cyprien. Le fromage provient d’un éleveur de la ferme de Bouteillous, monsieur Bordes, à Marcillac. La pâtisserie vient de monsieur Sabde, à Saint-Cyprien, et le café est torréfié place du marché, à Rodez", énumère Germain Gaillac, en présentant sa carte avec une passion tout aussi communicative que celle de son père. Qui, en voyant son fils servir un client, concède doucement : "Mon plus grand bonheur, c’est qu’il soit revenu à Conques". Son trésor à lui.

à cet article à partir de


J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?