Coup d'Etat au Niger : la force d’intervention de la Cedeao activée, la tension monte en Afrique

  • Le président du Nigeria Bola Tinubu jeudi, lors du sommet, à Abuja.
    Le président du Nigeria Bola Tinubu jeudi, lors du sommet, à Abuja. MAXPPP
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Centre Presse Aveyron

Quelles perspectives après ce coup de pression, jeudi 10 août 2023, sur les putschistes qui ont pris le pouvoir au Niger ?

Assiste-t-on à un tournant en Afrique, continent secoué par les putschs en série ces dernières années ? La Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), réunie en sommet à Abuja (Nigeria), a créé la surprise, jeudi, en ordonnant l’activation immédiate de sa force d’intervention à la suite du coup d’État du 26 juillet au Niger.

Aucune option écartée

Le président du Nigeria, Bola Tinubu, a précisé qu’aucune option n’avait été écartée pour assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Niger, notamment l’usage de la force. L’organisation a toutefois indiqué qu’elle privilégiait une résolution pacifique de la crise. Depuis le placement en résidence surveillée du président Mohamed Bazoum le 26 juillet, la junte a rejeté plusieurs tentatives de médiation et ignoré un ultimatum de la Cedeao, qui a menacé d’intervenir militairement pour restaurer la démocratie, même si cette opération est présentée comme un dernier recours, a confirmé jeudi le président Tinubu.

"En réaffirmant notre engagement sans relâche envers la démocratie, les droits de l’homme, et le bien-être du peuple du Niger, il est crucial de donner la priorité aux négociations diplomatiques et au dialogue qui sont les piliers de notre approche", a-t-il indiqué en tant que président de la Cédéao. Bola Tinubu a présenté le coup d’État du 26 juillet au Niger comme une menace pour la stabilité régionale et affirmé que toutes les voies devaient être épuisées pour assurer un retour à l’ordre constitutionnel.

Nouveau gouvernement

Les putschistes multiplient, eux, dans le même temps, les signaux montrant qu’ils n’entendent pas céder. À Niamey, Mahamane Roufai Laouali, présenté comme le secrétaire général du gouvernement, a annoncé ainsi jeudi, la nomination d’un nouveau gouvernement composé de 21 ministres. Des militaires ont été désignés aux postes de ministres de la Défense et de l’Intérieur. Ali Mahamane Lamine Zeine, nommé Premier ministre lundi, détient le portefeuille des Finances.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’inquiète, dans ce contexte, du sort réservé au président démocratique élu du Niger, Mohamed Bazoum et de sa famille, détenus dans leur résidence présidentielle sans eau courante ni électricité et privés d’aliments frais depuis plusieurs jours.

L'oeil des Occidentaux

Les Occidentaux ne perdent pas de vue, non plus, les réserves en uranium et en pétrole qui donnent au Niger un intérêt économique et stratégique d’importance aux yeux des États-Unis, de l’Europe, de la Chine et de la Russie. Quelles perspectives désormais, après ce coup de pression de la Cedeao ? Au Niger, beaucoup soutiennent la junte. Les sanctions économiques et menaces d’intervention militaire ne font que renforcer sa popularité.

L’hypothèse d’une intervention militaire et le risque d’une escalade militaire au Sahel, où l’insurrection jihadiste a fait des milliers de morts, des millions de déplacés et entretient une crise humanitaire, divise au sein de la Cedeao. D’autant que les militaires au pouvoir au Mali et au Burkina Faso ont promis de se ranger au côté des putschistes de Niamey en cas d’opération armée des pays voisins.

France et Mali : les visas suspendus

La tension monte, parallèlement, entre France et le Mali qui ont tous deux suspendu la délivrance de visas aux ressortissants de l’autre pays par leurs services consulaires respectifs à Bamako et à Paris. "Dans le contexte actuel de fortes tensions régionales, tout déplacement au Mali est formellement déconseillé. Les ressortissants français au Mali sont appelés à la plus grande vigilance", indique le ministère français des Affaires étrangères sur son site internet.

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