Aveyron : un an après l’incendie de Mostuéjouls, les professionnels « oubliés »

  • À l’Auberge du Terroir, on dénonce un suivi « catastrophique » de l’incendie.
    À l’Auberge du Terroir, on dénonce un suivi « catastrophique » de l’incendie. Repro Centre Presse
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Clara Guichon

Il y a un an, la commune de Mostuéjouls se retrouvait au cœur d’un brasier. Plus de 1300 hectares étaient partis en fumée, du jamais vu… Depuis, les professionnels du tourisme installés dans le secteur attendent toujours des « compensations ».
 

"Le suivi de l’incendie a été catastrophique", laisse tomber Nicolas Bouviala. Il est l’un des responsables, de l’auberge du Terroir, qui a dû fermer pendant 10 jours, au moment de l’incendie il y a un an. « La personne qui vient nous voir, un an après, c’est une journaliste, souligne-t-il. Ce n’est pas la commune, ni la préfecture, ni l’assurance… » Sa colère, elle vient de cette indemnisation qu’il n’a pas touchée, dans la mesure où l’établissement n’a pas été atteint par les flammes. « On a perdu beaucoup d’argent avec la fermeture, explique-t-il. Ce sont les dix jours les plus importants de la saison. Hier, on était complet. Aujourd’hui, aussi. Et demain, également. Mais est-ce qu’on touchera un jour une indemnité ? Je pense que ça sera un combat de trois ou quatre ans. »

« L’impression qu’un ouragan était passé… »

Au camping des Bords du Tarn, Éric Étienne est sur la même ligne. Il accuse une perte de 15 % de son chiffre d’affaires. « C’est une somme d’argent que l’on ne récupérera jamais. Et, à cause de cela, il y a des investissements que l’on n’a pas pu faire. » Il y a un an, à 2 heures du matin, il avait reçu la consigne d’évacuer les 400 touristes qui dormaient en tente, mobil-home ou bungalow. « Quand vous voyez votre camping abandonné, les vélos éparpillés par terre… C’est très dur émotionnellement, avoue-t-il, la gorge serrée et les yeux rouges. J’avais l’impression qu’un ouragan était passé »

Les touristes reviennent

Il est toujours amer de la gestion de la crise, qu’il qualifie de « très mauvaise ». « C’était difficile de dire à une famille qu’il fallait qu’elle aille vers Millau et que, sur la route, elle devrait être prise en charge, sans pouvoir donner plus d’informations, rapporte-t-il. Les autorités ont aussi renvoyé des touristes chez eux lorsque l’on avait rouvert. » Le souvenir est douloureux, « ancré à vie », estime Nicolas Bouviala. La fréquentation touristique de cette année rassure Éric Étienne. « Il y a du monde, note le propriétaire du camping de 110 emplacements. On est complet depuis une semaine et encore pour une dizaine de jours. On refuse des familles tous les jours. »
« C’est un territoire résilient, juge Philippe Champetier, responsable de la branche aveyronnaise de la Fédération de l’hôtellerie de plein air. Il y a eu le Covid, les inondations, l’incendie… Mais les touristes reviennent toujours. »

À la mairie, « on a toujours la crainte d’un autre incendie »

Christine Bedel attrape les derniers bulletins municipaux et énumère les points qu’elle a notés sur une demi-feuille. La maire égrène, une à une, les actions menées depuis l’incendie. Le feu a été teint il y a un an. Mais dans sa tête, les souvenirs sont brûlants. « C’est spécial à chaque fois qu’on en parle », confie-t-elle avec émotions, marquant une pause avant de reprendre la parole. « Je dirais que c’est un traumatisme. » Elle repense à la première fois qu’elle est remontée sur le causse. « J’y ai rencontré les propriétaires de parcelles qui étaient très touchées », raconte-t-elle, sans s’attarder davantage sur cette image, visiblement douloureuse. « En fait, ça reste un traumatisme pour tout le monde, poursuit-elle. Des habitants disent qu’ils ne peuvent plus monter. Les professionnels du tourisme ont aussi beaucoup souffert. »
Après l’urgence, il a fallu gérer la reconstruction. « Ça a été très fatigant, avoue-t-elle. Il faut monter des dossiers, chercher des financements, consulter des entreprises, monter d’autres dossiers… Il y a eu plein de réunions. Et ça a été difficile de boucler le budget car 90 % de celui dédié à l’investissement est parti là-dedans. C’est seulement maintenant qu’on souffle un peu. » Christine Bedel se dit émue par la solidarité qui s’est organisée autour du village. Citant, entre autres, les communes voisines, les communautés de communes, le Département, les acteurs des forêts (Office national des forêts, Centre national des propriétaires forestiers et Parc naturel régional), le Sdis.
« Aujourd’hui, il y a la peur d’un autre incendie, ajoute-t-elle. Des habitants sont très attentifs aux travaux de débroussaillement et nous préviennent quand ils voient des zones pas taillées. On a toujours cette crainte. »
 

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Les commentaires (1)
Palourde Il y a 8 mois Le 13/08/2023 à 06:20

C'est sur ils ont perdu de l'argent , mais ils ont encore leurs biens et sont en vie .. Donc un peu de retenue !