Tour de France à vélo nu à Millau : deux interpellations et quatre verbalisations

Les vélos n'auront même pas eu le temps de goûter aux routes millavoises. Ce mardi 15 août, le Tour de France à vélo nu (le WNBR pour World naked bike ride) a tourné court. Six naturistes ont fait fi de l'interdiction préfectorale pour se retrouver, comme annoncé, au point de rassemblement, sous le pont du Larzac, du côté de la Maladrerie. Là, une dizaine de policiers étaient aussi sur place. Habillés, bien sûr...

Cyclisme, vélo et naturisme

"Le but de notre mobilisation, c'est que l'on puisse discuter de la sécurité des cyclistes, rappelle Jean-François Feunteun, président de l'association Le Mouvement naturiste. Un cycliste nu est un cycliste vu, comme le dit notre slogan. On souhaite aussi discuter de paix, de climat, de biodiversité."

L'organisateur sort un Livre blanc rédigé par plusieurs ONG et intitulé "Pour que vive la nature". Derrière lui, des membres de son collectif ont monté deux petits stands sur lequel on peut notamment lire "Pour que vivent la nature et notre humaNUté".

Christian, originaire de Vendée, joue au peintre sur le torse d’Hubert, cheveux longs et string. "On fait toujours du bodypainting (peinture sur le corps, NDLR) avant le départ à vélo, explique Jean-François Feunteun. C'est une démarche artistique et revendicative." Hubert arbore un grand soleil jaune sur la poitrine. "Quand je serai vieux, je pourrai dire aux jeunes que j'ai agi et que j'ai fait ce que je pensais être juste", conclut l'organisateur.

"Vous savez ce que c'est la différence entre la nudité et l'exhibition sexuelle ?"

Vers 10 h 30, la mobilisation bascule. L'un des manifestants est interpellé. Il porte un chapeau, un t-shirt floqué de la devise "liberté, égalité, fraternité"... et visiblement, pas de slip. Il est embarqué, direction le commissariat, pour exhibition sexuelle et participation à une manifestation interdite. "Malheureusement, on a l'habitude de ce genre de réponse", soupire Hubert.

Un policier se joint à la conversation, plaisantant sur le bodypainting. "C'est intolérable ce que vous venez de faire", l'interrompt Denis, originaire des Hautes-Pyrénées. "Il y a des enfants", rétorque le policier. "Vous n'avez pas le droit. Vous savez ce que c'est la différence entre la nudité et l'exhibition sexuelle ?" "Je ne vais pas faire de la sémantique." "Si, c'est un texte de loi ! C'est lorsqu'il y a un geste explicite ou la simulation d'un acte sexuel, que l'on soit nu ou pas, d'ailleurs."

Des réactions contrastées

Justement, sur son ventre, Jean-François Feunteun s'est plié au jeu du bodypainting. Sur son ventre est peint, en jaune, le nombre 222.32. Référence à l'article du Code pénal définissant l'exhibition sexuelle. "On s'y met tous en même temps par solidarité", annonce le juriste. Dans la foulée, il est lui aussi interpellé et embarqué dans une voiture de police.

Une heure s'écoule avant que les forces de l'ordre se décident à verbaliser les quatre naturistes restant pour participation à une manifestation interdite. Une heure pendant laquelle les participants au Tour de vélo nu saluent poliment promeneurs et coureurs, sans évoquer les thèmes liés à la sécurité des cyclistes ou à l'environnement.

Une heure pendant laquelle les passants ne réagissent pas tous de la même manière. Un sourire, un coup d'œil ou un éclat de voix. "Ça vous embêterait de vous tourner quand je demande à mes filles de ne pas regarder, s'emporte une maman, au volant de sa voiture. Elles ont six ans. Ça vous paraît normal ?" Avant de lancer, en démarrant en trombe : "Allez vous faire soigner."