Votre été en Aveyron : en Ségala, sur le "Cheval du roi" et dans les pas de Gargantua

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  • À La Bastide l’Évêque, des bénévoles expliquent le fonctionnement des martinets.
    À La Bastide l’Évêque, des bénévoles expliquent le fonctionnement des martinets. - Photos Greg Alric et archives Pa.D.S.
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

"Regards croisés" avec les professionnels du tourisme qui ont accepté de passer une journée au sein d’un autre territoire. Aujourd’hui, les conseillères en séjours au sein du Pays rignacois se sont laissées guider sur les routes du Ségala, de Rieupeyroux à La Bastide l‘Évêque, en passant par Lescure-Jaoul et La Salvetat-Peyralès.

En tant que conseillères en séjours au sein du Pays rignacois, nous avons été conviées par nos homologues du Ségala à visiter leur territoire, proche du nôtre par sa géographie mais également par sa culture, ses traditions, la richesse de son bâti et de ses légendes. En effet, ce petit pays, que l’on nomme "Ségala" par son ancienne culture du seigle (ségal en occitan), est une petite pépite de l’Aveyron, à deux pas de chez nous !

Rieupeyroux et l’histoire de Gargantua !

Nous partons en vadrouille à la découverte de Rieupeyroux, sauveté fondée au XIe siècle par une communauté de moines bénédictins. Nous cheminons dans les ruelles médiévales, concentrées sur les explications de notre guide. Celle-ci nous explique que tout comme pour nos villages, Rieupeyroux n’a pas été fondée ici par hasard… Créée dans un mouvement de paix et de protection des habitants des campagnes au sein de l’Église du Xe siècle, elle est située sur un ancien chemin propice au transport de biens marchands, à la transhumance et donc à l’acquisition de redevances.
Sa construction particulière, rappelant celle des bastides (construites plus tardivement afin de favoriser le commerce comme La Bastide l’Évêque par exemple), permettait aux habitants une protection de l’Église. Au centre bourg se trouvait autrefois uniquement le bâti, destiné aux villageois. C’est ici que cohabitaient alors marchands, éleveurs, artisans. Il y avait même une foire deux fois par an (!) et… Gargantua.

Oui oui, l’une des légendes du Ségala. Ce géant, de passage dans la sauveté, avait fait la rencontre d’Escaffre, seigneur de Peyrolles, qui avait promis aux moines de Limoges la construction de l’église, qu’il n’arrivait pas à terminer. En le croisant dans le village, il décida de le missionner pour terminer au plus vite l’édifice. Un mois plus tard, l’église Saint-Martial prenait place au sein du bourg. Trois jours plus tard, les cloches étaient enfin installées. Or, le seigneur, qui refusa de payer les trois jours de retard, réveilla la colère du géant qui, dans la nuit, jeta dans le village trois rochers (encore visibles…) afin de détruire l’église. Les habitants, effrayés, auraient alors décidé de tuer le géant pour arrêter sa colère. De cette anecdote réside encore dans l’église l’omoplate de Gargantua (ou plutôt celle d’une baleine…).

La chapelle Saint-Jean-Baptiste de Modulance à Rieupeyroux.
La chapelle Saint-Jean-Baptiste de Modulance à Rieupeyroux.

Interpellées par cette découverte, nous poursuivons notre périple à 800 mètres d’altitude. Ici, domine la chapelle Saint-Jean-Baptiste de Modulance. C’est ici que Gargantua aurait jeté les rochers sur le village… C’est surtout ici le point culminant du Ségala, où se dessine (par beau temps !) au loin la chaîne des Pyrénées, de l’Aubrac, des Puys du Cantal. Un lieu ressourçant qui dispose d’une vue imprenable sur les alentours. Ce site nous rappelle nos jolis points de vue de Mirabel, d’Escandolières, de Goutrens ou encore de Cassagnes Comtaux avec son vignoble et le Rougier de Marcillac à deux pas…

Les oiseaux déploient leurs ailes jusqu’au Cheval du roi

Le Cheval du roi à Lescure-Jaoul.
Le Cheval du roi à Lescure-Jaoul.

Nous reprenons notre chemin en passant par Lescure-Jaoul. En Ségala, un village, une légende ! Nous arrivons ici au point de vue du Cheval du roi (ou "Lou Chaval del rey" pour les Occitans) ! Devant nous, trône une roche granitique de 6 tonnes, en forme de dos-d'âne (d’où, tout simplement, le nom de Cheval du roi). Le plus étonnant dans cette roche, c’est qu’elle est en granit, introuvable dans cette zone. Elle a donc été transportée sur au moins plusieurs kilomètres ! Son orientation est ouest nous fait penser plutôt à un dolmen.

Autre curiosité de Lescure, sa tour ornithologique. En plein cœur du Puech de Flauzins, en plus de nous faire découvrir les espèces d’oiseaux et leur migration, elle offre une vue à 360° sur la vallée du Viaur. Un moment de quiétude et une belle découverte à la fois !

À Lescure-Jaoul, au Puech  de Flauzins, une tour ornithologique permet de découvrir des espèces d’oiseaux et leur migration.
À Lescure-Jaoul, au Puech de Flauzins, une tour ornithologique permet de découvrir des espèces d’oiseaux et leur migration.

Patrimoine et halte déjeuner à La Salvetat-Peyralès

Cap sur La Salvetat-Peyralès. Nous arpentons les routes sinueuses de la vallée pour rejoindre le célèbre château de Roumégous et la chapelle de Murat. Aujourd’hui délaissés, ces deux édifices sont le témoignage de l’occupation humaine dans la vallée, à la confluence du Jaoul, du Vergnou et du Viaur. L’eau, un élément évidemment fondamental dans le développement de nos villages, comme pour Bournazel avec ses étangs et Belcastel avec l’Aveyron, véritable garde-manger des habitants.

La chapelle de Murat et, derrière, en toile de fond, le château de Roumégous, à La Salvetat-Peyralès.
La chapelle de Murat et, derrière, en toile de fond, le château de Roumégous, à La Salvetat-Peyralès.

À l’origine, une petite forteresse avait été érigée, en conséquence du Traité de Brétigny en 1360, puis, l’actuel château prit place en pierre de schiste (comme à Belcastel) à la frontière entre les possessions du roi de France et du roi d’Angleterre. Un emplacement stratégique pour le château qui, au fil du temps, passa de familles en familles jusqu’au début du XXe siècle. Cet endroit est un réel havre de paix. Toutefois, ces visites enrichissantes nous ont creusé l’estomac.

Nous déjeunons à l’auberge du Tilleul à La Salvetat-Peyralès. Ici nous dégustons des produits frais, locaux, et des plats bien typiques de chez nous : un régal !

La Bastide l’Évêque et ses martinets

L’après-midi, nous partons à la découverte de La Bastide l’Évêque. Grâce au commentaire audio d’Oreilles en balade, nous parcourons le bourg sur les traces des enfants locaux. Leur accent chantant nous emporte dans l’histoire de cette bastide épiscopale.

Fondée en 1280 par l’évêque de Rodez Raymond de Calmont, La Bastide était initialement destinée à regrouper les habitants des campagnes environnantes et à développer les échanges commerciaux grâce notamment à sa situation géographique favorable et à la présence de gisements d’argents et d’abondantes forêts. Après une petite halte historique dans l’Église Saint-Jean Baptiste (en granit rose !), nous admirons les jardins placés en dehors du centre bourg (comme à Rieupeyroux). Tout comme Bournazel, nous notons ici la présence de la route antique entre Segodumum (Rodez) et Divona (Cahors) au pont du Cayla. Cette route, convoitée pour le bétail, marchandises et lingots d’argent traversait alors le pont, qui était un lieu de péage.

Balade en toute fraîcheur.
Balade en toute fraîcheur.

Nous faisons alors une petite halte au bord de l’Aveyron pour admirer l’édifice mais également son château autrefois occupé par les Anglais durant la Guerre de Cent Ans, nous sommes hors du temps. Notre guide nous récite à cet instant la légende du Cayla. Lors de l’Invasion des Anglais à la suite du Traité de Brétigny de 1360, le Prince Noir (de Rignac) gouvernait le territoire. Missionnées pour récupérer les châteaux alentour, ses troupes se rendirent à la tour du Cayla afin d’en prendre possession. Lors de cette bataille meurtrière, la cloche fut démontée par les Anglais vainqueurs puis descendue jusqu’au fond du gouffre. Depuis cette époque, personne n’a pu retrouver trace de cette cloche, que l’on entend retentir à Noël et à la Saint-Jean…

Mais le Ségala est également une terre de traditions et de savoir-faire. Nous cheminons enfin vers les martinets de la Ramonde. À la fondation du village, se développèrent au bord du Lézert pas loin de 13 martinets destinés à la création de chaudrons, de marmites et d’autres outils destinés aux chaudronniers. Une activité florissante jusque dans les années 1850 où les martinets furent laissés à l’abandon.

À La Bastide l’Évêque, des bénévoles expliquent le fonctionnement des martinets.
À La Bastide l’Évêque, des bénévoles expliquent le fonctionnement des martinets.

C’est dans ce lieu particulier, bucolique grâce à la présence du ruisseau et de la verdure (propice aux balades) et unique au monde, que nous faisons la rencontre de bénévoles passionnés, qui, dans les années 90, ont eu l’ambition folle de recréer une forge à battre le cuivre. Grâce à la volonté de ces bénévoles et leur travail de longue haleine, le projet fut terminé au début des années 2000, permettant aujourd’hui la découverte de ces métiers d’autrefois. Nous sommes ensuite accueillies dans la forge remise en service où, se dressent majestueusement une roue à aube, soufflet géant, et un incroyable marteau de 200kg ! C’est parti pour la démonstration. Une visite passionnante qui nous rappelle les métiers présents autrefois en Pays rignacois (forgeron, charron, rétameur…) dont certains lieux en témoignent la présence.

Après toutes ces découvertes enrichissantes, nous rebroussons chemin en direction de notre territoire. Une chose est sûre : une multitude d’autres lieux sont encore à découvrir en Ségala, et nous avons déjà hâte d’y retourner !

Contact office de tourisme Aveyron Ségala à Rieupeyroux : 05 65 65 60 00.

 
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