La guerre en Ukraine vue d'Aveyron : "C’est comme si tout s’écroulait autour de nous"

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  • Ania garde néanmoins  espoir en l’avenir.
    Ania garde néanmoins espoir en l’avenir. Repro Centre Presse
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Propos recueillis par Myriam Albouy, traduction de Mariana Rodnianska

Ania Zarochintseva fait partie de la vingtaine d’Ukrainiens, en majorité des femmes, arrivés à Decazeville depuis le 19 mars 2022 pour fuir la guerre. Rencontre.
 

A l'occasion de l'anniversaire de l'indépendence de l'Ukraine le jeudi 24 août, Ania Zarochintseva a accepté de se confier sur son parcours au cours duquel seule la survie a véritablement compté.

Comment s’est passée votre arrivée et quelles ont été les premières difficultés ?
Après trois jours de voyage en bus avec mes enfants, nous avons laissé dans la précipitation toute notre vie en Ukraine. Mon mari est sur place encore… mobilisé comme tous les hommes du pays. C’est un crève-cœur ! À arrivée, nous avons été pris en charge par les autorités françaises, d’abord à Rodez, puis à Decazeville par François Marty et sa municipalité. En lien avec Accès Logement, on nous a attribué des appartements meublés, issus de nombreux dons des habitants du territoire. Nous les en remercions profondément. Chaque famille a été rapidement mise en relation avec un parrain ou une marraine pour nous permettre de nous rassurer, nous intégrer au mieux. La plus grande difficulté a été la barrière de la langue et heureusement que Mariana était présente à ce moment-là pour nous aider à comprendre un minimum. C’est un déracinement. Notre monnaie ne sert à rien ici. Alors, c’est comme si tout s’écroulait autour de nous, un véritable traumatisme.

Cela fait maintenant un an que vous êtes ici. Avez-vous appris la langue et comment vous sentez-vous ?
Effectivement, j’ai pu avoir quelques cours d’apprentissage du français par le Greta. Trois mois l’année dernière, puis deux semaines en juin cette année. Je participerai à une nouvelle session en septembre. C’est encore difficile pour moi de m’exprimer en français. C’est pour cela que j’essaie tant bien que mal de rencontrer du monde en allant dans les divers événements et manifestations que proposent les associations pour communiquer, avancer dans l’apprentissage de la langue et aller de l’avant. Mes enfants sont scolarisés au collège et au lycée. Ils apprennent également. Aujourd’hui, je me sens mieux, disons en sécurité mais je suis contrainte de ne pas travailler. Mes diplômes ne sont pas reconnus en France, je n’ai pas le permis et j’ai encore des difficultés à parler et comprendre la langue pour pouvoir prétendre à un travail. Cette situation est extrêmement inconfortable et douloureuse pour moi. Je n’aurai jamais imaginé vivre cela un jour.

Comment vous projetez-vous vers l’avenir ?
Pour l’instant, c’est relativement incertain. Moi, je me verrais bien rester ici. J’y suis bien car le cadre de vie est apaisant et les gens ici sont avenants. Je me suis inscrite au club de football de Combes, je noue de nouvelles amitiés ici. Peu à peu avec mes enfants, nous construisons une nouvelle vie. Seulement, pour l’instant, nous avons un statut qui ne nous permet pas de rester en France. Tant que la guerre perdure, nous avons un statut de « déplacés ». Ce qui signifie que nous devrons revenir en Ukraine dès la fin de la guerre.
En attendant, je m’investis comme je peux au sein de l’association Dzyga qui réunit notre communauté pour permettre de faire entendre nos voix, nous soutenir dans la vie quotidienne et partager notre culture, ici.

Dzyga, ou la résilience de la communauté ukrainienne

Toupie en français, « Dzyga » désigne le mouvement, le partage. Une ligne directrice que Mariana Rodnianska a voulu donner à la nouvelle association Dzyga, basée à Decazeville et dont elle est la présidente.

La réfugiée ukrainienne a pu expliquer aux nombreuses personnes venues soutenir sa démarche - dont le conseiller régional Pascal Mazet et Alain Alonso, 1er adjoint au maire de Decazeville - les multiples engagements qu’elle aspire à mobiliser.

L’association tend à réaliser des actions humanitaires, culturelles ou éducatives pour permettre de porter assistance au peuple Ukrainien et aux réfugiés de prendre des initiatives permettant de sensibiliser l’opinion publique à la cause ukrainienne et de procéder à la collecte de toute aide en nature ou en argent pour réaliser les actions visées ci-dessus. C’est avec une profonde gratitude qu’elle a remercié l’ensemble des représentants de l’État, les parrains et marraines, toutes les personnes pour « l’aide et l’esprit de solidarité, qualité commune de nos deux peuples ».

Alain Alonso a rappelé que « par son histoire, la France a accueilli dans des circonstances et pour des causes différentes, des populations exogènes venues trouver ici un refuge, un travail ou un conjoint ».

Le 1er adjoint a poursuivi en indiquant : « l’Ukraine et sa jeune démocratie, nous regardent. Soyons collectivement les meilleures hôtes possible. La moindre des humanités nous y oblige. Merci de nous aider à comprendre le drame ukrainien et à saisir la géopolitique de cette Europe de l’Est à la fois si proche et si lointaine, et dont on ignore trop de choses ».
 

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