Connaître le poids des passagers : une technique efficace pour économiser du kérosène ?

  • Korean Air, Air New Zealand, Finnair : de plus en plus de compagnies aériennes proposent aux passagers de faire un petit tour sur la balance avant de monter à bord.
    Korean Air, Air New Zealand, Finnair : de plus en plus de compagnies aériennes proposent aux passagers de faire un petit tour sur la balance avant de monter à bord. Pyrosky / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - De plus en plus de compagnies aériennes proposent aux passagers de faire un petit tour sur la balance avant de monter à bord. Une méthode qui pose question, notamment en termes de confidentialité de données et de possibles discriminations, mais que les compagnies justifient par des raisons de sécurité. Moins souvent évoqué, l'objectif visant à dépenser moins de kérosène pourrait aussi pourtant peser dans la balance.

Passer sur la balance avant d’embarquer ? C’est la mesure récemment mise en place par la compagnie aérienne nationale Korean Air dans deux villes de Corée du Sud : à l'aéroport international de Gimpo (GMP) du 28 août au 3 septembre et à l'aéroport international d'Incheon (ICA) du 8 au 19 septembre. Jugée "intrusive" ou carrément "grossophobe", l'idée n’a pas manqué de susciter l’indignation des internautes sur les réseaux sociaux. Certains redoutent de voir le prix des sièges augmenter, tandis que d'autres s'inquiètent que des "informations personnelles et intimes" soient communiquées sans savoir comment elles seront utilisées. Des craintes que la compagnie Korean Air semble avoir anticipé, puisqu'elle assure dans un communiqué que "les passagers et les bagages seront pesés de manière anonyme et les données seront ensuite communiquées au ministère de l'aménagement du territoire, des infrastructures et des transports".

La compagnie aérienne sud-coréenne est toutefois loin d’être la première à employer ce genre de méthode. Quelques mois plus tôt, les passagers de l'aéroport d'Auckland en Nouvelle-Zélande ont été invités à passer sur la balance avant d'embarquer dans le cadre d'une expérimentation initiée par la compagnie nationale Air New Zealand, qui a pris fin le 2 juillet. Avant elle, plusieurs compagnies américaines, ainsi que Finnair (Finlande) et Uzbekistan Airlines (Ouzbékistan) ont elles aussi eu recours à la pesée (facultative) des passagers. Là encore, en garantissant la plupart du temps l'anonymat et des prix inchangés.

Réduire la consommation de kérosène

Mais alors, à quoi servent ces pesées ? Principal argument : obtenir des données pour établir une moyenne des passagers réguliers (c’est-à-dire qui prennent l’avion au moins cinq fois par an) et équilibrer le poids des avions afin de garantir une meilleure sécurité pendant les vols. Actuellement, le poids de chaque vol effectué en avion est en partie calculé sur la base d’une moyenne globale de poids estimée aux alentours de 80 kg (mais qui varie selon les pays et diffère pour les hommes, les femmes et les enfants) ainsi que de la pesée des bagages et des équipements.

Mais une autre raison pourrait justifier cette pesée : celle de réaliser des économies de kérosène, partant du principe que plus un avion est lourd, plus il en consommera. Or, connaître de façon précise la charge de chaque passager permettrait donc de réduire les dépenses de carburant comme l’a souligné l’entreprise britannique Fuel Matrix en 2019. Cette entreprise spécialisée dans les économies de carburant aurait mis au point un logiciel capable de calculer la quantité exacte de kérosène dont les avions ont besoin juste avant le décollage, en se basant entre autres sur le poids des passagers et des bagages.

Une méthode qui requiert toutefois de recueillir les informations des passagers en amont, et en toute discrétion, afin d'éviter toute discrimination. Fuel Matrix suggère notamment de demander aux passagers d’indiquer cette information au moment où ils réservent leur billet. Une solution qui fonctionne sur le papier… à condition que les passagers en question se montrent honnêtes à ce sujet ! Une autre solution, plus fiable mais sans doute plus intrusive, serait de peser les passagers au moment des contrôles de sécurité effectués avant l'embarquement. Par exemple en passant devant le scanner, ce qui selon Roy Fuscone, PDG de Fuel Matrix, interviewé en 2019 par le média CNN Travel, représente une manière efficace et discrète d'obtenir les informations. Reste à savoir comment les compagnies pourront garantir l'anonymat.

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