Jean-François Bélières, l'Africain de Coubisou, ingénieur agricole et chercheur au Cirad

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  • S’il a parcouru le monde, notamment le continent africain, en tant qu’ingénieur agricole, en particulier pour le Cirad,  Jean-François Bélières n’a jamais coupé le cordon avec Coubisou et la maison familiale de Cervel.
    S’il a parcouru le monde, notamment le continent africain, en tant qu’ingénieur agricole, en particulier pour le Cirad, Jean-François Bélières n’a jamais coupé le cordon avec Coubisou et la maison familiale de Cervel. L'Aveyronnais - Rui Dos Santos
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Originaire de Cervel, âgé de 66 ans, cet ingénieur agricole et chercheur a œuvré sur le sol du Sahel, avec un faible pour le Mali.

S’il a goûté, adolescent, à la vie de scout, en compagnie, notamment, d’un certain Pierre-Marie Puech, devenu ensuite, directeur de Saint-Joseph à Rodez et de l’enseignement diocésain, Jean-François Bélières s’est construit avec les valeurs du rugby. Avec, en particulier, Jean-Luc Rouziès et Patrick Mercier, il a enfilé, en 1969, le maillot d’Espalion. Ce pilier ou 3e ligne centre a même porté celui du voisin ruthénois durant deux saisons, chez les juniors.

Sa passion ovale a été tellement forte qu’elle lui a permis de vivre "des expériences marquantes". Il a ainsi joué aux Phacochères de Saint-Louis au Sénégal, avant de devenir… international pour le Mali ! Dans le même temps, c’est lui qui est à l’origine de l’école de rugby de Bamako, la capitale malienne, avec, très rapidement, une centaine de gamins autour de lui. Mais, ses premiers orteils sur le sol africain, il ne les a pas posés crampons aux pieds.  C’est, en effet, le travail qui l’a invité à traverser la Méditerranée.

Jean-François Bélières a vu le jour à Cervel, sur la commune de Coubisou, en février 1957, dans la maison familiale. Comme ses neuf frères et sœurs. Sa maman, née Nayrolles, avait effectué un court déplacement, venue de Nadaillac, un hameau voisin. Il a, tout d’abord, fréquenté l’école de Vinnac, du cours préparatoire au certificat d’études. Comme il était, "paraît-il, insupportable à la maison", il s’est retrouvé, au collège, "pensionnaire à Espalion, à sept kilomètres du domicile".

"Un Aveyronnais à Grenade !"

"Assez bon en mathématiques", il a pourtant choisi la biologie et un bac D, essuyant les bancs avec Gilbert Cayron, le futur maire d’Espalion. L’’école d’ingénieur agronome de Purpan à Toulouse a été le tremplin "qui m’a mis sur orbite, qui a décidé de la suite de ma carrière". Après cinq ans et son diplôme en poche, celui qui aimait, aussi, faire les saisons comme garçon de café à La Grande Motte, avec Michel Fages, a troqué une mer pour un océan puisqu’il a opté pour un volontariat du service national actif sur l’île de la Grenade, dans les antilles anglophones.

Sa mission : œuvrer sur le développement agricole en intégrant, par exemple, séchage solaire, énergies renouvelables, biogaz. L’aventure dans "ce petit paradis de trente kilomètres de long et quinze de large" a duré onze mois. Moins que prévu car "le climat est devenu explosif". Il a témoigné, à l’époque, pour un quotidien départemental au pays. Il n’a pas oublié le titre : "Un Aveyronnais à Grenade !".

De retour en métropole, Jean-François Bélières s’est engagé, de 1984 à 1988, avec l’association Bois de feu, basée à Aix-en-Provence puis à Paris, spécialisée dans le montage de projets (expertise et communication) auprès des instances de coopération avec le Mali, le Cameroun, le Burkina Faso, Sénégal, Tchad, Niger, Guinée Bissau… Il venait de prendre la double nationalité franco-africaine !

Un faible pour le Mali

"Idéaliste et humaniste", il n’a jamais perdu de vue une réflexion, dont il a fait son moteur : "Les inégalités se sont creusé dans ces pays du Sahel et entre les pays. Elles font autant de dégâts que le réchauffement climatique. Les deux sont d’ailleurs liés". Après la dissolution, au milieu des années 90, de l’ONG pour laquelle il travaillait, l’ingénieur aveyronnais est rentré en France, posant ses valises au centre de gestion et d’économie agricole à Toulouse, tout en postulant à trois organismes. Dont le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

"J’ai foncé !", se réjouit-il encore aujourd’hui. Il est toujours chercheur au Cirad, spécialisé dans le fonctionnement des exploitations agricoles et le développement des petits territoires. Cet engagement fort, il l’a exprimé au Burkina Faso, en Nouvelle Calédonie, au Sénégal et, plus récemment, à Madagascar, où il a pris ses quartiers en 2013, souvent comme expatrié.

Son coup de cœur reste le Mali, "tant au niveau professionnel que pour le rugby" : "C’est un pays riche de sa population. J’ai beaucoup appris. J’ai la chance d’avoir mené des enquêtes en milieu rural. Mes racines terriennes aveyronnaises ont été un atout".

"Je reviendrai vivre en Aveyron"

L’heure de la retraite va bientôt sonner pour Jean-François Bélières. Et il a sa petite idée pour la destination de ces grandes vacances : "Je reviendrai sans doute en Aveyron. Peut-être à Coubisou, plus certainement à Espalion. J’apprécie la douceur de vivre, la tranquilité également, de la vallée du Lot. J’ai d’ailleurs retrouvé à Madagascar l’agriculture qui était pratiquée sur ces terres à la fin du XIXe siècle".

Si le terme de son activité professionnelle approche, ce n’est pas pour autant que l’intéressé a dessiné cette nouvelle existence. "Je vis au présent, je n’anticipe pas", confirme-t-il. Certainement le côté africain qui bat en lui... Il est, en effet, comme ça, attaché à l’instant : "Je n’ai jamais souffert de l’expatriation, avec une bonne faculté d’adaptation. J’ai toujours trouvé ma place, pris du plaisir".

Avec un leitmotiv écrit en lettres majuscules, au-dessus de son bureau, dans sa salle de bains : "Le contexte prime sur le modèle. Il faut donc tenir compte de ce qui existe". S’il n’est donc pas homme à sortir les jumelles, il a cependant coché sur son agenda, voilà fort longtemps, la date du 22 octobre. Ce dimanche-là, à 15 h 15, Jean-François Bélières prendra place dans les tribunes du stade Paul-Lignon avec, à l’affiche, Rodez contre Léguevin, comptant pour la 4e journée de Fédérale 3.

Il sera partagé entre les couleurs sang et or qu’il a portées et celles des banlieusards toulousains défendues par... son fils. évoluant au centre, née d’une maman malienne, âgé de 30 ans, passé par Montpellier, Simon Bélières est enseignant chercheur à Toulouse. Son père parle de lui avec "énormément de fierté".

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