Le viaduc de Millau toujours sous haute surveillance, cinq après après la tragédie du pont de Gênes

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    Des inspections régulières ont lieu sur la superstructure. CEVM / Repro CP
Publié le
Ollivier Le Ny

Cinq ans après la tragédie du pont de Gênes, qu’en est-il de notre plus grand ouvrage d’art en Aveyron ? Le contrôle du géant lie calendrier d’inspection méthodique et capteurs de suivi en temps réel. Explications.

Sur l’écran du PC supervision, un petit carré rouge dans la mosaïque des points verts indique qu’une lumière est allumée, une porte ouverte, quelque chose de ce genre dans le géant de béton et d’acier. "Que l’on ouvre une trappe et l’information remonte ici", glisse Aurélie Heitzmann, la directrice d’exploitation, laissant imaginer le degré de détail dans la surveillance de l’emblématique viaduc.

L’ouvrage qui franchit la vallée du Tarn a été ouvert au trafic en 2004. "Il vieillit bien, sourit le directeur de la Compagnie Eiffage du viaduc de Millau. Plutôt mieux qu’on ne l’avait imaginé au départ", dit Emmanuel Cachot. 270 m au-dessus du vide, 343 m à son point le plus haut, long de près de deux kilomètres et demi, l’ouvrage aux onze piles, dont deux sont les plus élevées du monde, est un colosse dont aucun élément n’échappe à la vigilance des 48 personnes qui, se relayant 24 heures sur 24, ont un œil sur lui. Et en font l’un des ponts les plus suivis du pays.

L’an un d’un cycle de six

L’affaire n’est pas que celle de caméras de vidéosurveillance équipées d’un système de détection automatique d’incident, qui offrent "de savoir en temps réel ce qui se passe", décrit Emmanuel Cachot. Pas uniquement le fait des 150 capteurs qui monitorent l’humidité à l’intérieur du tablier, la dilatation des joints aux extrémités, la température de la chaussée, la tension de haubans, l’inclinaison des piles ou bien la vitesse du vent. Elle est aussi programmation et anticipation.

Le viaduc est entré dans l’an 1 d’un cycle d’inspections de six années qui se répète inlassablement. Échelles, corridors, piles, observation par drones, emploi de nacelles, corrosion du tablier, etc., "l’an 1 est celui où l’on passe partout", décrit le patron de la société. L’an 4 lui ressemble, 2, 3, 5 et 6 sont ceux d’inspections visuelles.

Chaque année, la peinture du tablier est mise à mal pour s’assurer de son adhérence et des visites géotechniques s’attardent sur le sol des fondations et des culées. "Il bouge, mais d’infime façon. On est dans la précision de la mesure." Alliance de métal et de béton, le viaduc de Millau est exposé à la corrosion de l’un, la "maladie" de l’autre. Brise-vent, trottoirs et corniches, "le chantier de renouvellement de la protection anticorrosion va durer plusieurs années", qui réduit la circulation à une voie par sens cet automne. Régulièrement, des prélèvements de béton sont effectués, puis soumis à tous les outrages, en laboratoire, afin de contrôler ses qualités. Pourtant, ce "n’est pas la circulation actuelle qui impose au viaduc ses plus fortes contraintes, remarque Aurélie Heitzmann. Il les a endurées durant sa construction", quand piles et tablier inachevés n’assuraient pas son équilibre, sa pleine résistance.

L’année prochaine, le viaduc de Millau célébrera ses 20 ans ; il est garanti pour cent vingt, mais il ira sûrement au-delà de cette échéance. "Les outils de calcul de l’époque ne permettaient pas de se projeter plus loin", sourit Emmanuel Cachot.

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