Procès d'Eric Dupond-Moretti : pour la première fois, un ministre en exercice comparait devant la Cour de justice de la Répulique

  • Eric Dupond-Moretti devant la justice, à compter de ce lundi 6 novembre 2023. Eric Dupond-Moretti devant la justice, à compter de ce lundi 6 novembre 2023.
    Eric Dupond-Moretti devant la justice, à compter de ce lundi 6 novembre 2023. MAXPPP - Delphine Goldsztejn
Publié le , mis à jour
F.B

Ce lundi 6 novembre 2023, Éric Dupond-Moretti, 62 ans, va écrire une nouvelle page de son extraordinaire parcours judiciaire : il sera le premier ministre en exercice à comparaître devant la Cour de justice de la République (CJR).

Il a défendu des coupables et des innocents, des victimes et des bourreaux, avant d’être nommé garde des Sceaux le 6 juillet 2020. Poursuivi pour "prises illégales d’intérêts", il y risque gros : cinq ans de prison plus 500 000 € d’amende au pénal, et une probable fin de carrière politique, s’il est condamné.

143 pages

Mais le vrai enjeu de cette audience est peut-être pour lui ailleurs, comme on l’entrevoit à travers la lecture, ardue mais passionnante, des 143 pages de l’arrêt de renvoi de la CJR, que nos confrères de Midi Libre ont consulté. Car en filigrane s’y esquisse aussi le combat final qui pourrait opposer cet ancien avocat au verbe haut à ces magistrats qu’il a beaucoup dénigrés dans sa carrière. Et qui le lui rendent bien, entre haine feutrée et détestation courtoise.
Au cœur du procès, deux affaires nées juste après le coup de tonnerre que fut la nomination place Vendôme du célèbre pénaliste, alors qualifiée de "déclaration de guerre à la magistrature"par l’USM, le puissant syndicat de magistrats. Sitôt installé, le ministre déclenche des enquêtes internes contre quatre juges avec qui il a eu maille à partir quand il était avocat.

Le premier est Édouard Levrault, détaché jusqu’en 2019 à Monaco, où ce juge d’instruction va s’attirer de solides inimitiés. Le 10 juin 2020, dans “Pièces à conviction”, il affirme que son poste n’a pas été renouvelé à la demande de la Principauté, car il s’en est pris à deux personnages très influents : Dimitri Rybolovlev, actionnaire majoritaire de l’AS Monaco et Cristophe Haget, directeur de la PJ monégasque. Leur point commun ? Ils ont eu pour avocat Me Éric Dupond-Moretti. L’autre dossier concerne trois magistrats du Parquet national financier, qui a lancé l’affaire dite des écoutes, ayant valu à Nicolas Sarkozy et à son avocat Me Thierry Herzog une condamnation en appel à trois ans de prison dont un ferme pour "corruption et trafic d’influence"

Il continuera à exercer ses fonctions ministérielles

Durant tout le procès, Éric Dupond-Moretti continuera à exercer ses fonctions ministérielles, tout en comparaissant, matin et après-midi, à ces audiences qui s’annoncent longues.

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