Congrès du groupement des hôteliers-restaurateurs : "Pas question d’augmenter la taxation de nos entreprises"

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  • La ministre Olivia Grégoire.
    La ministre Olivia Grégoire. DR
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Receuillis par Lola Cros

Ministre déléguée auprès de Bercy, chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, Olivia Grégoire sera présente lors du congrès du groupement des hôteliers-restaurateurs, organisé aujourd’hui et demain à Paris, en présence de nombreux Aveyronnais de la filière. Ainsi que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, qui ouvrira cette première édition. Entretien avec Olivia Grégoire.

La "transition", que vous évoque ce thème ?

Je pense d’abord à la transition environnementale. Notre pays se met en ordre de bataille pour affronter les chocs liés à l’épuisement de nos ressources et au dérèglement climatique qui, été comme hiver, impactent tous les acteurs du tourisme et n’épargnent pas nos hôteliers, restaurateurs et cafetiers. Notre rôle, en tant que responsables politiques, est triple : fixer un cadre juridique lisible, donner l’impulsion et accompagner les acteurs. Le secteur a été au rendez-vous du plan de sobriété l’an dernier. On a aussi tout un travail à mener sur la sobriété en eau. Nous devons faire plus et plus vite. C’est aussi une question d’attractivité alors que les consommateurs sont de plus en plus attentifs aux engagements écologiques. Je présenterai bientôt, avec Christophe Béchu, une initiative pour mieux orienter les entreprises vers les dispositifs d’accompagnement à la transition environnementale.

La principale inquiétude de ces professionnels, c’est le coût de l’énergie. Avez-vous de quoi les rassurer ?

Je comprends cette inquiétude. Personne n’a oublié les mois difficiles de l’hiver dernier. Nous avons réagi pour mettre en place des dispositifs de soutien : un plafonnement de prix pour les TPE, un amortisseur pour les PME, et un guichet pour les entreprises très consommatrices. Nous avons cherché à optimiser ce dispositif pour qu’il soit le plus protecteur et le plus simple d’accès, notamment pour nos plus petites entreprises. Pour cet hiver, notre engagement reste aussi fort, surtout pour ceux qui font face à des tarifs très élevés à cause des contrats pluriannuels conclus en 2022. Ce qui est certain c’est que nous n’aurons pas une envolée des prix comme certains ont pu le connaître l’an passé.

Lors du dernier congrès, le GHR demandait que "le bouclier tarifaire soit ouvert à toutes les entreprises dont la facture énergétique représente plus de 3 % du chiffre d’affaires et dont l’augmentation est d’au moins 50 %". Quelle est votre position ?

Nous avons mis en place un soutien massif, et l’État a pris à sa charge une part importante des factures des entreprises. Mais vous connaissez la situation de nos finances publiques : la charge de la dette en 2027 représentera 60 milliards d’euros, soit plus que ce que rapportent à l’État toutes les recettes perçues par l’impôt sur les sociétés. C’est vertigineux. La dette d’aujourd’hui, ce sont les impôts de demain. Or, pas question aujourd’hui d’augmenter la taxation de nos entreprises. D’où la prolongation en 2024, à ma demande, de l’exonération de toute imposition et prélèvements sociaux pour les pourboires. On doit aller vers des dispositifs responsables économiquement et éthiquement justes, dans le sens où ils aident les plus vulnérables. Le saupoudrage aurait désavantagé ceux qui avaient vraiment besoin d’aide. C’est pourquoi nous avons déployé un dispositif exceptionnel de soutien pour identifier les cas difficiles, en lien direct avec le GHR et les autres fédérations. Dans chaque département, des conseillers aux entreprises en difficulté continuent un travail d’accompagnement de grande qualité.

En vue des Jeux olympiques et paralympiques, le secteur a un grand rôle à jouer pour accueillir et représenter "l’art de vivre à la française". Tout est prêt ?

C’est le moment de faire gagner en visibilité et en reconnaissance ces métiers d’accueil et de service, qui reflètent pour les visiteurs l’art de vivre à la française. Depuis septembre 2022, des campagnes de communication sur ces métiers sont déployées par l’État, des semaines des métiers du tourisme sont organisées sur l’ensemble du territoire, entre autres. Les acteurs, eux, se préparent depuis des mois : pour preuve, le contrat de filière qu’ils préparent et par lequel ils s’engagent à remplir des engagements pour la qualité de l’offre, de l’accueil et surtout de l’emploi (insertion des jeunes, travail sur la qualité de vie au travail…). Ils le savent mieux que quiconque : c’est un moment clé alors même que la profession cherche des bras.

Quel message porterez-vous face aux professionnels lors du congrès ?

Celui que je porte tous les jours : nous avons de la chance d’être à un moment où les défis – que nous impose l’accueil de grands évènements – doivent accélérer la mise en avant de toute la filière HCR, cheville ouvrière de "l’art de vivre à la française".

Notre sens de l’accueil sera aussi scruté au regard de l’accessibilité de nos lieux, car près de 400 000 personnes attendues seront en situation de handicap. La France doit être au rendez-vous et c’est la raison pour laquelle, nous avons mis en place, depuis le 2 novembre, un fonds pour accompagner nos petits établissements dans des travaux de mise en accessibilité.

Nous avons un important retard à rattraper ! C’est pourquoi ce fonds est doté de 300 millions d’euros sur 5 ans.

C’est-à-dire, concrètement ?

L’État financera 50 % des dépenses pour ces projets, dans la limite de 20 000 €, auxquels peuvent s’ajouter 500 € pour le diagnostic et l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Pour bénéficier de cette aide, les demandeurs doivent déposer un dossier sur le site (asp-public.fr). Nous voulons que les Jeux soient un véritable tremplin. C’est la première fois que l’État alloue une telle somme pour accompagner les commerces pour l’accessibilité. Ça fait des années qu’on blablate sur le sujet, là on met les moyens sur la table. À tous nos commerçants, restaurateurs et hôteliers : emparez-vous en !

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