Marc Dollat, co-directeur de la MJC de Rodez : "Le théâtre libère la parole"

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  • Marc Dollat, le directeur de la MJC, importe beaucoup d’idées du Québec, très en avance sur la situation des adolescents.
    Marc Dollat, le directeur de la MJC, importe beaucoup d’idées du Québec, très en avance sur la situation des adolescents. Centre Presse Aveyron - S. O.
Publié le
Salima Ouirni

Le théâtre, c’est également l’occasion de travailler sur des sujets graves, comme l’inceste, le harcèlement, les abus… Des sujets difficiles que l’art sait mettre sur la scène pour briser le silence. Tour d’horizon avec Marc Dollat, co-directeur de la MJC.

Marc Dollat, co-directeur de la MJC et directeur artistique, ne s’y trompe pas. Le théâtre reste une formidable machine pour transmettre des messages. Cette année, il a travaillé, via le festival NovAdo, sur les blessures des jeunes. Avec les ados, les professionnels, les compagnies, ils mettent ensemble et en exergue des thématiques sociétales pour lever la chape de plomb et libérer la parole.

Le festival NovAdo a débuté sa 9e édition. Où en est-on actuellement de son déroulement ?

Nous venons de passer le premier week-end consacré à "Ado en impro" pour des matches en improvisation. Nous avons eu six équipes des régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine et un peu partout. Nous enchaînons actuellement sur les spectacles professionnels, avec "Vive", un spectacle de la compagnie Superlune, de Villeurbanne, en résidence. C’est un spectacle qui traite, avec délicatesse, de l’inceste, autour d’un procès. Il s’agit de la libération de la parole. Briser le silence autour de ce tabou pour permettre à chacun de trouver son chemin, de faire preuve de résilience et de sortir de ce secret écrasant.

Ensuite, nous aurons un spectacle qui s’appelle "Nous", de la danse contemporaine, qui parle de la relation à l’autre, de trois personnages qui se croisent et dont les désirs apparaissent au fur et à mesure. Le dernier spectacle s’intitule "Parpaing", 114 Compagnie. Il est construit autour de l’identité et de la famille. Il raconte l’histoire d’un jeune qui a été adopté et qui découvre ce secret, un peu par hasard. Le spectacle pose la question du comment on construit sa propre identité, quand on a un passé aussi bancal et qu’on découvre des secrets aussi énormes.

Les enfants touchés par l’inceste et les violences sexuelles sont au nombre d’un pour dix, selon le rapport de la Ciivise. Comment le théâtre peut-il aider les adolescents à parler de l’inceste ?

Je pense que la première des choses à faire, c’est de parler de cette thématique, qui a souvent été tue et associée au silence. Là, on sent que les choses commencent à sortir. Il y a eu récemment des acteurs célèbres qui ont parlé. On sent que dans la société, la parole est en train de sortir. Et moi, je pense que plus les artistes vont pouvoir parler de cette thématique, plus on en parlera et plus la parole sera plus simple à libérer. Les ados pourront prendre la parole pour dénoncer ce qu’ils ont subi. "Vive" est une pièce sur un procès. On pose directement l’interdit puisque c’est le père qui est jugé par des avocats.

On ne se pose même pas la question de l’interdit. L’interrogation est donc de savoir comment cette jeune fille va arriver à briser le silence et pouvoir parler ? Comment sa parole lui permet de construire sa résilience. Je pense que plus le théâtre aborde ces questions, plus il sera facile pour les ados de se libérer et les victimes de savoir qu’elles sont victimes. Car, quand on est sous emprise, il est difficile de savoir, parfois qu’on l’est. Pour accompagner ces thématiques, nous travaillons avec le CIDFF et l’Adavem 12, France victimes et la MGEN. La mutuelle nous prête une exposition sur le harcèlement, qu’on expose dans le hall des spectacles. Nous allons d’abord transformer notre feuille de salle, qui habituellement comporte des références, là nous allons y mettre des informations pour parler si l’on est témoin ou victimes de ces abus-là.

Le public jeune est difficile à attraper pour l’amener aux spectacles, vers le théâtre et la scène. Comment travaillez-vous pour le faire venir ?

Sur chacun des spectacles, on a au moins une représentation pour les scolaires. Sur "Vive", on en a deux, dont une avec le Département, dans le cadre de "l’art de vivre au collège". C’est la même chose sur les autres spectacles. Nous accueillons cinq à six classes sur chaque représentation. On arrive aussi à faire venir des publics, comme les familles ou des établissements qui sortent en soirée, comme "Ce soir, je sors mon prof". C’est une opération qui s’était arrêtée avec le Covid et qui repart bien maintenant. Par ailleurs, on a des jeunes qui font du théâtre ou qui nous suivent sur les événements que l’on fait autour de la pratique amateur des ados.

Est-ce que vous savez sur quelles thématiques vous vous orientez pour le prochain festival ?

À ce stade, on va parler d’envie, plutôt. C’est un festival qui avait perdu de son ampleur. On est tous touchés par l’inflation. Pour autant, j’espère que nous allons pouvoir faire une édition un peu plus importante, en termes de spectacles et de rendez-vous. Ce sera un anniversaire. Je verrai bien les spectacles sortir de la MJC pour être plus ouverts sur l’agglomération. C’est mon deuxième souhait.

Et le troisième, c’est de faire renaître le partenariat avec nos amis du Québec. On voudrait faire venir des compagnies et des artistes québécois, qu’on pourra croiser et rencontrer sur les différentes actions qu’on mènera. Pour la thématique, on verra, car c’est un peu trop tôt. Il y a beaucoup de choses à développer (et qu’on a découvert au Québec), comme, les présentations de projets aux adolescents, par les artistes. La présentation est faite en live et en classe, via des extraits, que les élèves critiquent. Cela fait avancer les acteurs et évoluer les jeunes.

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