Inondations du Pas-de-Calais : les pompiers aveyronnais en renforts avec l'envie "de participer à cet effort national"

Publié le

L'Aveyron, qui possède l'un des plus importants service de pompiers sauveteurs nautiques de la zone sud, a envoyé plusieurs spécialistes au secours du Pas-de-Calais.

Cela va bientôt faire deux semaines que le Pas-de-Calais est en proie à des inondations après les passages successifs des tempêtes Ciaran, Domingos puis Elisa. Le département a de nouveau basculé en vigilance rouge dans la soirée de mardi 14 novembre 2023, alors que dans la matinée partaient cinq pompiers aveyronnais en renfort, spécialisés dans le secours nautique. Ils ont intégré un groupement composant avec des pompiers du Var et des Pyrénées-Orientales, ainsi que des marins-pompiers de Marseille.

"Déjà ce week-end, on avait reçu une demande de recensement pour connaître nos disponibilités, mais des moyens d'autres départements avaient été engagés. Puis lundi, on a été sollicités à nouveau avec une demande de réponse très rapide", raconte le lieutenant Mehdi Digouth, responsable équipe nautique du département de l'Aveyron. 

Trois pompiers professionnels et deux pompiers volontaires de l'Aveyron ont donc pris la direction du Pas-de-Calais, pour une mission de sept jours. "C'était une vraie volonté de l'Aveyron de participer à cet effort national, comme nous l'avions vécu l'an dernier avec les feux dans le sud du département, où les autres étaient venus nous aider".

A lire aussi : Aveyron : un an après l'incendie de Mostuéjouls, au pied des arbres calcinés, le vert reprend peu à peu ses droits

Quelles seront les missions des pompiers aveyronnais ?

Une première colonne de la zone sud est partie vers le Pas-de-Calais, en rassemblant les pompiers de l'Aude, de l'Hérault et du Vaucluse. "Comme nous, l'Aude a envoyé des spécialistes de l'intervention nautique, équipés pour l'assistance à la population". La mission du groupement d'Aveyronnais, qui commence mercredi matin, ne devrait pas être différente. "Elle va consister à assister les gens qui sont restés dans leurs habitations, acheminer de l'aide alimentaire ou du transport de médicaments aux personnes isolées", énumère le lieutenant Medhi Digouth. 

A lire aussi : Intempéries : cinq sapeurs-pompiers de l'Aveyron partent en renfort dans le nord de la France

Le jet ski des pompiers aveyronnais, qui a déjà servi lors des intempéries du mois d'octobre dans l'Hérault et le Gard, a été emporté dans le Pas-de-Calais, tout comme plusieurs planches de sauvetage gonflables. "Il y a de grandes zones inondées, parfois il n'est possible de se déplacer qu'en bateau. Eventuellement, si le besoin s'en fait sentir, nos pompiers pourront opérer pour du sauvetage ou de la mise en sécurité".

L'expérience de ces spécialistes nautiques pourra aussi profiter aux équipes déjà sur place. "Des centaines de pompiers sont mobilisés, tous ne sont pas spécialisés dans ce type de situation. Les unités nautiques peuvent soutenir ou mettre en sécurité les autres pompiers, par exemple quand il faut se déplacer dans l'eau".

Si le Pas-de-Calais est repassé en vigilance orange, c'est la Haute-Savoie qui a basculé en alerte rouge ce mercredi. "On garde toujours des effectifs localement en Aveyron, et une possibilité d'engagement si on a besoin de nous ailleurs", relève le lieutenant, qui évoque la possibilité d'envoyer renforts dans les Alpes.

A lire aussi : "Jamais de telles quantités de pluies n'avaient été mesurées" : un énième record météo vient de tomber en France

Première intervention aussi loin de l'Aveyron

Le service de sauveteurs aquatiques de l'Aveyron est composé d'une cinquantaine de sapeurs-pompiers. Il est le plus conséquent de l'ancienne région Midi-Pyrénées. Lorsque des incidents surviennent dans la zone sud, "on est systématiquement sollicités pour savoir ce qu'on peut mettre à disposition".

Cette zone sud comporte 21 départements, qui vont des Hautes-Pyrénées jusqu'aux Alpes-Maritimes, en englobant la Corse. Un large territoire sur le lequel les effectifs des différents départements peuvent facilement se coordonner. Mais pour une fois, c'est dans le nord de la France qu'intervient l'Aveyron. "Nous n'étions jamais intervenus aussi loin. Quand on est engagé dans le Var, déjà, ça nous paraît à l'autre bout du monde, mais alors là !", s'en amuse le lieutenant Medhi Digouth. 

"Nos équipes vont revenir du Pas-de-Calais avec une expérience riche, qui va profiter au reste du personnel et des équipes. On a l'habitude d'intervenir dans des situations de ruissellement et de crues torrentielles. Dans le Pas-de-Calais, on assiste plutôt à une montée des eaux lente sur une très large zone. Donc ce que vont apprendre nos pompiers va faire avancer les compétences de chacun, à leur retour". 

Que se passe-t-il en cas de vigilance jaune, orange et rouge ?

Ces dernières semaines, l'Aveyron a été placé plusieurs fois en vigilance jaune pour des risques de crues. "Ce sont des alertes régulières, sur lesquelles on est toujours prêts à intervenir. Mais c'est à partir de la vigilance orange qu'on lance systématiquement un recensement du personnel disponible, qu'on prépare le matériel et qu'on forme des groupes de façon préventive", explique le lieutenant Medhi Digouth.

En cas de vigilance rouge, un fait beaucoup plus rare pour l'Aveyron, des moyens sont alors "pré-positionnés" pour assister les populations et afin "d'observer sur place l'évolution de la situation". 

"En réponse aux aléas liés au chargement climatique"

L'équipe de sauveteurs aquatiques existe depuis plus de 10 ans en Aveyron, ce qui en fait l'une des plus anciennes du département. "En réponse aux aléas liés au changement climatique, il y a une vraie volonté de développement dans ce service. Déjà en termes d'achat de nouveaux équipements, mais aussi en moyens humains. Il le faut bien, car quand on est engagé sur des inondations, on part sur des journées de 24 heures non-stop. Pour faire tourner efficacement dans ces moments-là, il faut pouvoir compter sur beaucoup de personnels".

Une dizaine d'entraînements sont menées chaque année dans le département, justement sur 24 heures pour confronter les pompiers aux conditions difficiles de ce type d'intervention. "Il y a le froid, la condition physique... Il faut tenir. Pour l'aspect inondation, on s'entraîne sur le stade en eaux vives de Millau. Pour l'aspect plan d'eau, des exercices sont menés partout dans le département pour connaître le terrain sur lequel on peut être amenés à intervenir".

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?