INTERVIEW. Aveyron : Mathieu Kiefer présente son film "Mon Bassin", une "lettre d’hommage à un endroit qui me manque parfois"

Abonnés
  • Mathieu Kiefer, lors du tournage au bar-salon de coiffure "Chez le Vin's" de Vincent Salabert.
    Mathieu Kiefer, lors du tournage au bar-salon de coiffure "Chez le Vin's" de Vincent Salabert. M.K.
Publié le
Bernard-Hugues Saint-Paul

En clôture du festival "De la terre à la mine", le cinéma La Strada de Decazeville projette ce samedi 9 décembre à 20 h 50 le documentaire "Cher Bassin", de Mathieu Kiefer, tourné à Decazeville. Puis, le film sera diffusé sur France 3 Occitanie le 29 mars prochain.

"C’était très important pour moi que la toute première projection se passe à Decazeville, là où le film est né", indique Mathieu Kiefer, réalisateur du documentaire "Cher Bassin", qui sera projeté ce samedi 9 décembre à 20 h 50 au cinéma La Strada de Decazeville, en clôture du festival "De la terre à la mine", en sa présence.

Originaire de Villefranche-de-Rouergue, Mathieu Kiefer a vécu dans plusieurs endroits, notamment dans le Bassin decazevillois. Il a déménagé avec sa famille dans le Tarn, pour des raisons professionnelles concernant sa compagne, mais le couple reste toujours très attaché au Bassin.

Le réalisateur avait tourné deux courts-métrages en 2014 : le documentaire "Deux traces d’ailleurs" (le portrait d’une prof de philo et squatteuse ) et une fiction "Tonus confiance" (un DRH ayant licencié des gens est assailli par des remords). Il a par ailleurs sorti en 2019, le documentaire « Le Grand Ordinaire », sur son expérience en tant que malade du Trouble Obsessionnel Compulsif.

Pour "Cher Bassin", Mathieu Kiefer a posé sa caméra – en mars et avril 2023- dans deux lieux decazevillois : "Chez le Vin’s", bar et salon de coiffure de Vincent Salabert à Fontvernhes et aux Etablies, lieu associatif aux Estaques, où une tatoueuse tarnaise originaire de Decazeville, Léa Verlaguet, a installé provisoirement son matériel de tatouage.

"J'ai habité le Bassin et j'y suis toujours attaché"

Le choix du titre "Cher Bassin" ? Une lettre d’amour, une déclaration ?

Une lettre d’amour contrarié. Comme dans tout sentiment amoureux, il est un peu ambivalent. J’ai habité le Bassin et j’y suis toujours attaché. En faisant le film, je me suis aperçu qu’il y a beaucoup de gens y compris parmi les habitants qui avaient une sorte d’amour vache pour ce territoire qui parfois est un peu dur au quotidien, avec des choses qui manquent, où en termes d’emploi c’est compliqué.

Et en même temps, il y a un lien affectif assez fort. "Cher Bassin" est lié au fait que dans le film, pour la voix off, j’ai demandé à beaucoup de gens que j’avais filmés d’écrire des lettres au Bassin et de les lire. Cela a permis aux gens mal à l’aise à la caméra ou par pudeur, de pouvoir exprimer ce qu’ils pensaient sur le Bassin, en glissant les mots des uns dans la bouche des autres.

Pour moi, "Cher Bassin" est devenu un film hommage, dans le sens où quand je l’ai commencé, je me suis posé la question de comment vivre sur ce territoire abîmé, puis en partant, c’est devenu davantage une lettre d’hommage à un endroit qui me manque parfois. J’ai vécu dans plusieurs endroits en Aveyron. Le Bassin est vraiment celui auquel je suis le plus attaché, alors que pourtant la vie n’y était pas forcément facile. C’est ce paradoxe que je voulais explorer : comment peut-on être plus attaché affectivement à ici qu’à d’autres endroits où la vie est plus facile.

Des surprises et des évolutions au fil du tournage ?

Au début, je voulais faire le portrait du Bassin de Decazeville. En cours de route, grâce au tatouage et à la coiffure, c’est devenu un portrait plus sensible, dans le sens où pour une fois, j’ai été amené à quitter l’actualité politique et économique du Bassin, en étant dans le corps des gens. Dans ce glissement dans le sensible, il y a quelque chose de poétique qui est arrivé et que je n’ai pas forcément vu venir au début, car je pensais faire un film plus dur et âpre. Mais dans la douceur de la coiffure et du tatouage, a émergé progressivement un film très doux, où il y avait du temps pour du silence, pour être ensemble, juste regarder le Bassin, sans forcément avoir un avis sur tout, mais en le racontant de manière plus poétique. Ce film fait un pas de côté. Il y avait déjà eu des films sur le Bassin, mais davantage des états des lieux, économique, sociologique etc.
Là, on est plus dans le sensible et la poésie. Des gens ont vraiment écrit de très très belles lettres dont des poèmes.

Êtes-vous satisfait ?

Très. Cela n’a pas été une sinécure. Le film a été monté à Lyon. Cela a été compliqué, mais la monteuse Alix Lumbreras, avec qui j’avais déjà fait "Le Grand Ordinaire" a vraiment assuré. Elle a rencontré le Bassin par ces images et le film s’est réinventé à ce moment. Je suis très content. Je voulais faire un film ni trop lumineux ou positif mais ni nostalgique ou dur. Tout le monde me dit qu’il est doux, et c’était exactement le but : faire un film doux avec une réalité plus dure.

Quels rendez-vous à venir ?

Il y aura deux avant-premières : une à Decazeville ce samedi et l’autre à Toulouse le 20 décembre. J’envoie actuellement le film dans des festivals. Je serai heureux de parler du Bassin. Le film sera aussi diffusé sur France3 Occitanie le 29 mars 2024 à 22 h 50, puis en replay sur le site de France Télévision.

Quel parcours pour "Le Grand Ordinaire" ?

Il continue à être vu. Il vit sa vie de manière autonome. On m’appelle de temps en temps pour une projection-rencontre. Il a pas mal été diffusé dans des lycées en Occitanie, c’était chouette de le montrer à des jeunes.

Vos prochains projets ?

Un court métrage de fiction, "Barouf" qui est écrit et que j’espère pouvoir lancer en production début 2024.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Decazeville

127000 €

2 Km Centre-ville, Maison T6 avec garage, terrasse, cave et terrain clos de[...]

Toutes les annonces immobilières de Decazeville
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?