Réforme du transport des malades : les taxis en colère, s'opposent au covoiturage forcé des patients et manifestent ce lundi
Un appel à manifester est lancé ce lundi 11 décembre matin devant les CPAM de Marseille et de Toulouse.
Des taxis en colère pour un projet de loi de finances de la Sécurité sociale… Le lien nous échappe un peu moins lorsqu’on précise qu’il s’agit du transport de patients devant suivre des soins en milieu hospitalier notamment.
Des frais si le patient refuse
Avec l’article 30 de ce projet de loi, adopté mercredi 6 décembre à l’Assemblée via le 49.3, le covoiturage sera de rigueur lorsqu’un patient ira à son rendez-vous médical avec un véhicule sanitaire léger ou avec un taxi conventionné.
Du moins si le médecin prescripteur juge ce partage de véhicule compatible avec l’état de santé du patient. Si le patient refuse, il devra payer une partie des frais qui sont normalement pris en charge par la Sécurité sociale (55 % actuellement, le reste pris en charge par les mutuelles).
"Système de bétaillères déshumanisées"
Outre les associations de patients, les taxis conventionnés sont vent debout face à cette mesure. « Le transport de malades représente 95 % de mon activité, témoigne Marjolaine Miras, licenciée dans le Gard. S’il faut partager les courses entre malades, cela va compliquer les choses, surtout si c’est géré par une plate-forme. Patients et taxis n’auront plus de libre choix, nous n’aurons plus de patients attitrés. »
Une inquiétude partagée par Xavier Renard, taxi à Montpellier. "Le covoiturage est louable sur le principe mais cela va tout simplement déshumaniser le système pour des patients qui doivent déjà supporter des soins souvent lourds et récurrents. On va les mettre dans des salles d’attente, allonger les temps de transports dans un système de bétaillères, sans affinités avec le chauffeur".
La crainte d'Uber
On peut effectivement se demander si les auteurs de ce texte ont pensé à l’impact d’une telle mesure sur le moral et la santé des malades, et donc sur le surcoût possible en matière de soins. C’est un des arguments des taxis, qui avancent des économies de bouts de chandelle. "Nous allons au-delà du rôle de transporteur avec le malade", argumente Xavier Renard. "On parle avec eux de leur moral, de leur maladie, de leur famille, un lien important pour eux".
L’autre crainte est de voir des sociétés comme Uber se mettre sur les rangs. "Si on laisse les centres hospitaliers gérer ces taxis partagés avec des applications informatiques, nous craignons de voir les VTC d’Uber se mettre en avant et certains taxis conventionnés ou ambulanciers risquent de se retrouver marginalisés. Est-ce que l’Etat veut aller à terme vers un transport non conventionné moins coûteux ? La question se pose".
Un rassemblement à Toulouse ce lundi
Certains syndicats ont donc appelé à un mouvement de manifestation qui prendra forme ce lundi 11 décembre, devant les caisses primaires d’assurances maladie. Les taxis d’Occitanie sont appelés à se rassembler à Toulouse et Marseille. Certainement pour faire du bruit.
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