"On ne cesse de tout critiquer, c'est insupportable" : entre la majorité et les oppositions, le ton monte à Rodez

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  • Christian Teyssèdre  et ses oppositions  plus que jamais dos à dos.
    Christian Teyssèdre et ses oppositions plus que jamais dos à dos. JAT
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Mathieu Roualdés

Intervention de la police municipale en conseil municipal lundi, opposition qui claque la porte le lendemain… Encore une fois, la tension était forte en cette fin d’année, davantage sur la forme que le fond.

Pour certains, c’est tout ce qui fait le sel de la politique et commun à toutes les assemblées dans lesquelles le débat est possible. Pour d’autres, c’est un triste spectacle et une démocratie au plus bas… À Rodez, en tout cas, cela fait jaser. Rarement, le débat n’aura été aussi électrique que ces derniers temps. Les dernières assemblées de ce début de semaine ont même été le théâtre de rares scènes. Pour ne pas dire du jamais-vu.

Lundi soir tout d’abord, le conseil municipal s’est étiré durant plus de quatre heures. Il fut houleux. Jusqu’aux invectives, parfois grossièrement dissimulées. Surtout, au beau milieu de la séance, Christian Teyssèdre a dû faire appel à la police municipale pour expulser plusieurs personnes assises dans les rangs du public, passant outre l’interdiction d’intervenir… Il s’agissait de partisans de l’opposition Rodez Citoyen, dont l’ancienne élue Claudine Bonhomme.

Ils quittent la salle du conseil avant la fin des débats

Le lendemain, cette même opposition a carrément claqué la porte du conseil d’agglomération, après une nouvelle escarmouche avec le maire ruthénois. Il venait de les accuser de "bordéliser le débat". "Allons bordéliser ailleurs dans ce cas", ont répondu Marion Berardi et Alexis Cesar, tout en quittant la salle. Était-ce synonyme d’une goutte de trop, d’un ras-le-bol général ? Ou d’un coup d’éclat "pour faire le buzz", comme il a été reproché ? Hier, dans un communiqué de presse, les deux élus ont précisé leur position : "Face à un maire-président, au pouvoir depuis trop longtemps, qui ne supporte pas que l’on puisse penser différemment de lui, qui ne supporte pas d’avoir une opposition et qui s’attend à ce que tout le monde lui fasse allégeance, nous réitérons notre proposition de campagne : il est urgent de repenser la politique autrement".

Plus que les divergences politiques, les débats enflammés sur tel ou tel projet, la considération des minorités serait donc au cœur des tensions. À gauche comme à droite, elle est d’ailleurs régulièrement dénoncée. Et les derniers conseils n’ont rien arrangé… En septembre dernier pourtant, Christian Teyssèdre avait exaucé un vœu en préambule d’une assemblée : "Nos conseils ne doivent pas devenir l’Assemblée nationale d’aujourd’hui. On a tous ici à se respecter et faire en sorte que chacun n’essaie pas de faire de coups politiques devant la presse ou leurs amis en tribunes. Ayons la tête haute et défendons les intérêts des Ruthénois".

"On n’est pas à Moscou ici !"

Cela n’a pas eu le moindre effet. Il y a plusieurs semaines, le conseiller départemental Serge Julien avait d’ailleurs perdu son flegme habituel en lâchant "on n’est pas à Moscou ici !", après que la majorité lui a reproché "de répéter tout le temps les mêmes choses" et "une certaine malhonnêteté". Le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, répète d’ailleurs à l’envi, lors de conférences de presse, qu’il est " atterré par cette opposition qui ne propose jamais rien !"

"On ne va pas en faire pour qu’il nous les vole toutes", nous confiait, hors des micros, un élu tout sourire… Comme si finalement les prochaines élections de 2026 se jouent déjà dans l’hémicycle. D’où une tension grandissante. Car ; n’en déplaise, l’échéance est dans toutes les têtes. L’édile serait repartant pour un quatrième mandat et les oppositions jouent des coudes pour se placer au mieux sur la ligne de départ. Elles sont plus nombreuses cette année et il faut exister. Le départ de plusieurs membres de la majorité – Sarah Vidal, Jean-Michel Cosson, Arnaud Combet, Mathilde Faux –, constitués aujourd’hui en un groupe, a créé une nouvelle voix dissidente au sein de l’hémicycle. Et entre les deux, le point de non-retour est atteint. Le dernier conseil en fut une nouvelle fois la preuve. Dans une question, Jean-Michel Cosson a parlé "d’indigestion verbale" du maire, ce dernier lui a ensuite renvoyé "qu’il règle ses affaires", en rapport avec une récente plainte en diffamation d’un agent de l’Agglomération – Bruno Gares – contre l’élu. "Depuis des mois, vous ne racontez que des bobards, des bobards… Regardez la définition du mot car les Ruthénois ne s’y tromperont pas", a aussi lâché l’édile à son ancienne première adjointe, Sarah Vidal.

La forme plus que le fond

Un peu plus tard, c’est Alain Rauna, conseiller de la majorité, qui est intervenu pour s’interroger "sur les rires cyniques à chaque fois qu’on prend la parole" de l’opposante Iléana Bertau (Rodez Citoyen). "Vous êtes toujours en dehors du règlement, elle a droit de narguer mais il a le droit de le dire aussi !", a abondé Christian Teyssèdre.

Bref, si plusieurs dossiers électrisent régulièrement l’assemblée - litige avec Carrefour Contact, budget de la rénovation de Paul-Lignon, projet au haras –, c’est une nouvelle fois la forme, plus que le fond, qui irrite les débats. Avant même l’ouverture de ces derniers ce lundi, Christian Teyssèdre avait pris la parole en évoquant l’ordre du jour afin "d’éviter des débats stériles par la suite". "Ne vous en déplaise et même si avec vous, le problème ce sont toujours les autres, nous allons quand même parler comme le veut le débat démocratique", ont répondu les opposants. Dès leur arrivée dans l’hémicycle, ces derniers paraissaient déjà agacés par la dernière publication du bulletin municipal. " Une honte" ont dit certains, évoquant plusieurs attaques de l’édile contre eux et certaines rubriques telles qu’une nommée "Rétablissons la vérité".

"Je le ferai à chaque fois, les Ruthénois seront informés et ils ne seront pas dupes ! Ils ne le sont pas déjà quand ils voient les débats ici ", a avancé Christian Teyssèdre. Depuis plusieurs années, tous les conseils municipaux sont filmés et diffusés en direct par la Ville. Ils ne dépassent que très rarement les 1 000 vues… Le spectacle, si l’on peut dire, promet pourtant d’être toujours plus prenant. Dans l’attente de 2026.

Interrogé ce mercredi 20 décembre sur le départ des deux élus de Rodez Citoyen lors du conseil d’agglomération mardi, Christian Teyssèdre n’a pas réagi.
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