Le "sans alcool", une tendance mondiale à laquelle chaque pays goûte à son rythme

  • Le "dy january" a conquis le monde entier
    Le "dy january" a conquis le monde entier Zoomstudio / Shutterstock
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Plus qu'une mode, la consommation de boissons sans alcool est une tendance de fond, qui n'est pas seulement portée par le défi du mois de "janvier sobre" ("dry january"). Partout dans le monde, ces breuvages constituent de nouvelles alternatives pour les jeunes, dans des pays comme les Etats-Unis où l'offre fut quasi inexistante, sinon comme en France, où l'on a envie de repenser son rapport à l'alcool.

Au pays du vin de Bordeaux et du champagne, où l'on sait produire les jus parmi les plus convoités de la planète, comme ceux de la Romanée-Conti en Bourgogne ou du Château Yquem à Sauternes, les Français sont aussi les plus curieux en matière de boissons sans alcool. Compte tenu de la culture bachique qui imprègne fortement les traditions familiales et les habitudes, on peut en effet s'étonner que ce nouveau rayon à la croissance insolente a recruté 25% de consommateurs tricolores en plus en 2022. Un intérêt accru qui est favorablement soutenu par de multiples innovations : l'ouverture de caves axant leur offre sur le sans alcool comme celle du Paon qui boit à Paris, mais aussi la mise au point de breuvages qui veulent parier sur autre chose que la désalcoolisation comme la marque Petit Béret. Référencée par les magasins Carrefour, l'enseigne occitane a mis près de dix ans à élaborer ses "jus" sans fermentation alcoolique.

Alors que 29% de Français ont déclaré vouloir tenter le défi du "dry january" consistant à s'abstenir de boire de l'alcool, sinon à en diminuer sa consommation durant tout le mois de janvier, la France est considérée comme un pays clé de ce nouveau marché qui ne se résumait dans les années 90 qu'à quelques références hyper sucrées. Dixit le cabinet britannique IWSR qui analyse l'activité économique du vin, des spiritueux mais aussi du sans alcool, et mesure aussi leur consommation.

La France n'est pas la seule à être réceptive aux boissons sans alcool. Il y a aussi les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Australie, l'Espagne ou encore le Royaume-Uni et le Canada. Dans plusieurs de ces pays, la vigne est pourtant bien présente et concourt même dans des proportions très différentes à leur croissance économique. Ces neuf pays auxquels il faut ajouter la France concentrent environ 70% du volume des ventes de boissons sans alcool. En 2022, le marché mondial du "no/low" (contraction anglophone pour désigner les boissons sans alcool ou en contenant très peu) représentait 11 milliards de dollars. Au sein de ces pays réceptifs à la tendance, le volume a même progressé de 7%.

D'après les dernières estimations de IWSR, les ventes en volumes devraient augmenter chaque année de l'ordre de 6% à l'horizon 2027. Dans le détail, les recettes sans alcool devraient avoir plus de succès (+7%), sinon avoir davantage de latitude pour recruter de nouveaux consommateurs. Les élixirs faiblement dosés en alcool, dont la croissance serait de l'ordre de 3% entre 2023 et 2027, serait moindre sans doute parce que cette catégorie est déjà installée. Quand on réunit les deux catégories, la bière et le cidre représentent 72% des volumes écoulés auprès des dix pays principalement consommateurs.

Des jeunes Américains qui découvrent le no/low

Cependant, si l'on décrit ici l'effet global de la tendance no/low, tous les consommateurs n'y adhèrent pas de la même façon, ou plutôt au même rythme. Par exemple, aux Etats-Unis, ce type d'offres étant quasiment inexistant, il y a tout à construire. Le cabinet IWSR considère donc que la croissance devrait être de l'ordre de 15% par an entre 2023 et 2027, après une progression déjà fulgurante de 25% entre 2019 et 2023. Les jeunes Américains sont considérés comme des amateurs qui seront réceptifs à ces nouvelles recettes, tout comme au Brésil, au Canada et en Afrique du Sud. Au Royaume-Uni, pays du "dry january", ce sont aussi les millenials qui achètent du sans alcool. Au pays de Sa Majesté, on pourrait prendre encore davantage goût à la tendance suite de la mise en place du système Alcohol Duty consistant à taxer les boissons en fonction de leur volume d'alcool.

A l'inverse, en Allemagne et en Espagne, on s'attend à une croissance beaucoup plus faible pour la simple et bonne raison qu'on est déjà habitué à ce genre d'apéros sans alcool. Les ventes ne devraient ainsi augmenter que de 2% chaque année d'ici 2027. "Les pays où la consommation de boissons sans alcool est la plus établie ont tendance à s’orienter vers des consommateurs plus âgés, des taux d’évitement de l’alcool plus élevés et des répertoires no/low plus restreints", explique Susie Goldspink du cabinet IWSR. En résumé, dans les pays où tout est à faire, c'est davantage la catégorie des jeunes consommateurs qui est sensible à cette nouveauté, tandis que dans les pays où il existe déjà un rayon, ce sont plutôt des consommateurs plus âgés qui s'y intéressent.

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