Aveyron : il dissimulait du cannabis dans des meubles, le convoyeur polonais condamné à deux ans de prison
L'affaire était jugée devant le tribunal correctionnel de Rodez, ce mercredi 24 janvier.
Sa course s’est arrêtée à Millau le 19 novembre dernier sur la RD911, à proximité de l’A75. Elle devait le mener de l’Espagne à la Pologne, son pays d’origine, avec quelques arrêts pour des livraisons en Allemagne…
Prix de revente estimée : 128 000 €
Mais c’était sans compter sur le flair des douaniers sud-aveyronnais, habitués à traquer les convoyeurs étrangers dans le coin devenu un passage incontournable du trafic européen de drogue. Cette fois, le chauffeur, 41 ans, aurait pu passer entre les mailles du filet. Sa cargaison de meubles, à bord d’un utilitaire de location, n’a pas intrigué dans un premier temps… Mais elle n’a pas passé l’étape d’une fouille davantage poussée au sein du garage des douanes. Dans les meubles se trouvaient 32,2kg d’herbe de cannabis. Prix de revente estimée : 128 000 €.
Cinq téléphones, "bonus à la livraison"...
Présenté devant le tribunal ce mercredi 24 janvier après-midi après plusieurs semaines en détention à Druelle, le chauffard, carrure imposante, crâne rasé, bomber noir, a juré "ne rien savoir de ce qu’il transportait". Et d’expliquer qu'il avait accepté la mission, via une plateforme en ligne, sorte de bourse pour les transporteurs... Le hic, c'est que plusieurs éléments ne plaident pas en sa faveur.
Déjà, la location de l'utilitaire : elle est intervenue une semaine avant le trajet. Dedans, les policiers ont retrouvé cinq téléphones portables. Aidé d'une traductrice, le prévenu parvient difficilement à s'expliquer sur cela. "L'un est pour ma famille, l'un pour mes amis, l'un pour le travail...", bredouille-t-il, avant que la présidente, Mélanie Cabal, n'insiste : "Pourquoi avoir un téléphone pour ses amis et un pour sa famille ? Puis, il en reste toujours deux pour lesquels on ne connaît pas l'utilisation". "Il y en a un qui faisait office de GPS et l'autre, c'était en réserve", tente de se justifier le Polonais. Puis, le tribunal s'interroge sur le prix promis pour sa livraison de l'Espagne à l'Allemagne : 220 € et "un bonus", lit-on dans un mail. "Outre le fait qu'on ne comprend pas bien l'objet de ce bonus, selon nos calculs le trajet lui aurait coûté au minimum 236 €... Donc, il travaille à perte !", a relevé la procureur, Esther Paillette, relevant également des traits de personnalité du prévenu pouvant laisser penser à une "mule" : divorcé, il cumule près de 40 000 € de dettes et les autorités polonaises l'auraient menacé de saisir sa maison.
Le tribunal va au-delà des réquisitions
A-t-il ainsi cédé aux sirènes de l'argent facile ? Les juges en sont convaincus. Ils ont même été au-delà des réquisitions - 18 mois de prison -, dans leur délibéré. Le chauffeur polonais a été condamné à deux ans. Avec un maintien en détention à Druelle et une interdiction d'apparaître en France durant 10 ans à sa sortie... "Depuis le début de la procédure, personne ne croît dans ses déclarations. Pourtant, il n'a pas forcément le profil de convoyeur de drogues que l'on peut voir ici : il est patron d'une société de transports depuis plusieurs années, inconnu de la justice polonaise, décrit comme un bon père de famille et comment pouvait-il vérifier sa cargaison ? Devait-il déballer et détruire tous les cartons d'emballage, au risque de se le faire reprocher par les clients ?", avait plaidé l'avocate ruthénoise, Biétrix de Nogaret.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?