Aveyron : garage clandestin derrière une épicerie, véhicules aux kilomètres rabaissés... trois personnes condamnées au tribunal

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  • Le doyen de l’ordre des avocats, Me Hubert Aoust,  a considéré dans sa plaidoirie que l’affaire relevait d’une  "certaine paupérisation  de notre pays".
    Le doyen de l’ordre des avocats, Me Hubert Aoust, a considéré dans sa plaidoirie que l’affaire relevait d’une "certaine paupérisation de notre pays".
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Trois personnes ont été condamnées pour des ventes de véhicules, non déclarés et présentant parfois de sérieuses anomalies.

Sur les registres, la société, radiée depuis février 2022, affiche toujours comme activité principale "commerce d’alimentation générale". Il s’agissait plus précisément d’une épicerie. Elle est restée ouverte un peu moins de deux ans, avenue du stade à La Primaube. Sans que personne ne se doute qu’elle cachait, dans sa cour arrière, un garage automobile clandestin, grâce auquel trois personnes, un couple et leur filleul, ont tiré bénéfice. Jusqu’à se retrouver, côte à côte, à la barre du tribunal de Rodez ces derniers jours, avec une longue liste de poursuites : "escroquerie en bande organisée", "travail dissimulé", "faux et usage de faux"… En clair, à la suite d’une large enquête de la gendarmerie et sa brigade de recherche, on reproche au trio d’avoir vendu des dizaines de véhicules, sans les déclarations légales. Et surtout, plusieurs avec des compteurs kilométriques rabaissés et des vices cachés. Combien au total ? 29, au moins, selon les enquêteurs.

L’enquête débute dans un garage à Saint-Christophe

Avant de découvrir la cour arrière de l’épicerie primauboise, ces derniers s’étaient concentrés sur un autre garage. Déclaré celui-ci et installé à Saint-Christophe-Vallon. À sa tête, le plus jeune des prévenus, le filleul, né en 1980 en Arménie. Si aujourd’hui, il est chauffeur routier, il fut créateur de plusieurs sociétés de vente d’automobiles dans le département. À Saint-Christophe-Vallon, cela n’a pas duré longtemps. Quelques semaines après l’ouverture, en pleine crise du coronavirus, le maire de la petite commune se rend à la gendarmerie : le voisinage peste contre des activités nocturnes… Puis, très rapidement, une autre plainte arrive, d’une jeune femme de Dordogne. Elle a acheté une Peugeot 207, via une annonce sur Le Bon Coin… La voiture est bien moins chère que les prix du marché et ça vaut bien le déplacement jusqu’en Aveyron. Mais dès le trajet du retour, la "belle affaire" montre des signes de fatigue. Un passage chez son garagiste de confiance le lendemain et un contrôle technique plus tard, le constat est sans appel : la courroie de distribution mais aussi les freins présentent de graves anomalies. Le véhicule est immobilisé. D’autres plaintes viendront, toutes pour des problèmes sur l’état des véhicules… Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Alors que le garage de Saint-Christophe ferme ses portes, les enquêteurs suivent toujours la trace du vendeur d’auto. Elle les mène jusqu’à La Primaube, où l’épouse de celui qu’il nomme "son parrain", sans lien de sang, vient d’ouvrir une épicerie. Ils sont Arméniens, aussi. Et plus que l’alimentaire, "le parrain", né en 1980, est aussi spécialisé dans les voitures. Avec son filleul, il en vendra plusieurs dizaines dans la cour arrière de l’épicerie, cette fois sans aucune déclaration.

Le hic, c’est que là aussi, les plaintes tombent : une dame qui a acheté une Audi A3 explique qu’elle n’a jamais pu la vendre, les papiers n’étant pas en règle et toujours au nom des vendeurs, un homme dénonce l’origine douteuse de son véhicule, certainement acquis en Allemagne, un autre ne parvient plus à passer les vitesses sur son Volkswagen Touran…

"Chez nous, en Arménie, ça se règle sans problème"

Au tribunal, 12 plaignants demandent réparation. Le seul présent lors du procès s’est rétracté au dernier moment : après insistance, "le parrain" lui a remboursé son véhicule qui présentait une fuite sur le moteur. "Tous ces gens, ils auraient dû faire comme ce Monsieur, venir me voir, j’ai toujours été arrangeant, gentil avec les clients. Je ne connais pas bien les lois françaises mais chez nous, en Arménie, ça se règle sans problème. C’est ça le plus important", se défend-il. Son filleul, lui, nie tout. Il répète que "tous les véhicules passaient sans encombre les contrôles techniques avant d’être vendus" et que s’il y a problème, "ce n’est pas de mon fait". Quant aux compteurs rabaissés, "je n’ai jamais fait cela !" insiste-t-il. Pour la substitut du procureur, Émilie Passier, il ne fait, en revanche, que peu de doutes "que les prévenus étaient de mèche avec un centre de contrôle technique, situé à Toulouse, où ils passaient les véhicules""On a surtout de la chance que ce dossier n’ait pas pris une tournure bien plus grave lorsqu’on voit les anomalies constatées comme des freins qui ne fonctionnent pas !", a-t-elle ajouté.

"Pourquoi n’a-t-on pas poursuivi ce fameux contrôleur dans ce cas ?, a répondu Me Hubert Aoust, avocat de la défense. Je pense que nous avons davantage affaire à des branquignols, excusez de l’expression, que de véritables escrocs organisés. Ce dossier, c’est surtout celui de la paupérisation de notre société, où les gens peu fortunés veulent acheter des voitures comme neuves à des prix qui défient toute concurrence… Et de l’autre côté, des gens qui pensent pouvoir faire fortune".

Son client, le filleul, a écopé d’une peine de 18 mois de prison avec sursis. Sa tante de six mois et son "parrain" de 12 mois, toujours avec sursis. Avec l’interdiction pour tous d’exercer une profession commerciale durant les dix prochaines années. Ce qui n’est pas anodin puisque le couple est depuis plusieurs mois à la tête… d’un garage automobile. Dans la banlieue toulousaine, cette fois.

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