Patrimoine : et si l’Aveyron était une mine d’or pour l’urbex ?

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  • L’urbex intrigue par la visite de lieux abandonnés. Une façon de (re) découvrir l’histoire.
    L’urbex intrigue par la visite de lieux abandonnés. Une façon de (re) découvrir l’histoire. Centre Presse Aveyron - O.C.
  • L’urbex intrigue par la visite de lieux abandonnés. Une façon de (re) découvrir l’histoire.
    L’urbex intrigue par la visite de lieux abandonnés. Une façon de (re) découvrir l’histoire. Centre Presse Aveyron - O.C.
  • Le photographe Didier Bezombes voit en urbex, la possibilité d’un cadre décalé pour sublimer la beauté.
    Le photographe Didier Bezombes voit en urbex, la possibilité d’un cadre décalé pour sublimer la beauté. Repro Centre Presse Aveyron - Didier Bezombes
Publié le , mis à jour
Olivier Courtil

L’exploration urbaine connaît un engouement pour découvrir des lieux abandonnés. Quid en Aveyron ? On vous explique tout. 

Samedi soir sur la Terre. Un lieu abandonné de la couronne ruthénoise a été indiqué. « Il y a parfois un sans-abri qui s’amuse à faire peur », prévient l’un des contacts. Tenue de circonstance (baskets, survêtements), adrénaline dans les veines, l’aventure commence. Il faut déjà repérer une entrée. Une petite fenêtre fait l’affaire. Le saut est un peu haut mais un évier tombe à pic pour servir de marchepied et pénétrer sans heurt. Les lumières des téléphones portables permettent d’avancer et d’immortaliser l’instant. Une feuille administrative retrace des travaux prévus, désormais à l’arrêt.

D’ailleurs, le site fourmille de brouettes et d’échafaudages. Une bétonnière n’attend plus que la remise en route. En quelques années à peine, le lieu a déjà pris un sacré coup de vieux, à l’inverse de la nature qui reprend ses droits. Des fientes d’oiseaux en témoignent. Puis surgit l’émotion. Une mosaïque apparaît au-dessus d’une cage d’ascenseur. Symbole du lieu en perdition qui lui en a donné le nom. C’est la récompense, vient l’heure de retourner sur ses pas. Dehors, la peur retombe. Point d’inconnu croisé. La satisfaction d’avoir remonté un pan d’histoire pour s’en imaginer d’autres.

Le souvenir en images

Voilà un exemple d’urbex, l’exploration urbaine qui gagne du terrain à mesure que le monde est cartographié au millimètre. Sans prendre en compte le passé. L’urbex est marqué sous le sceau du secret. Quid en Aveyron ? Une page Facebook Urbex Rodez Aveyron a été créée. « Bonjour, merci de nous avoir contactés. Nous avons reçu votre message et apprécions votre prise de contact. » Message policé, classé sans suite. On y devine certains lieux qui sont d’ailleurs proposés en un clic sur internet où se trouve le meilleur comme le pire, pour partir à la découverte du Royal Aubrac comparé au film « Shining » de Stanley Kubrick, des bains de Sylvanès ou d’une usine abandonnée dans le bassin de Decazeville. Pléthore de destinations répertoriées sur le web moyennant paiement, évidemment. Ce n’est pas l’urbex. Comme se faire prendre en photo sur la cathédrale de Rodez. Le lieu doit demeurer mystérieux. C’est le revers de la médaille.

L’explosion de l’exploration urbaine pour découvrir des sites à l’abandon et interdits d’accès fait perdre de vue cet obscur objet du désir. Car l’urbex reste un saut dans l’inconnu. Il attire le regard comme cette bâtisse sans fenêtres ni volets dont les murs tremblant semblent vouloir parler. À l’article de la mort. Vers une exploration urbaine. Vers une exploration humaine. « C’est ce décalage qui est intéressant », explique Didier Bezombes, photographe installé à Rodez qui a mis sur pied un shooting urbex dans les anciennes mines de charbon de Bertholène avec une Miss, mise en lumière dans un paysage lunaire.

L’urbex consiste à redonner vie au passé. Et dans cet instant présent, proposer un goût d’éternité. C’est le temps retrouvé du paradis perdu. Cela se vit. Et plus vrai encore, dans l’interdit. D’où la règle d’or de ne jamais communiquer le lieu. Bientôt hélas, des offices de tourisme, des agences de voyages proposeront des séjours, des virées urbex. Et ce qui doit se laisser explorer, comme une chapelle restée sacrée car à l’abri du temps et des regards, au risque sinon d’être dévoilée, notée, classée, rangée. Connue urbi et orbi. Or, l’urbex est l’eldorado de la liberté. Urbain et rural, il intrigue. Si « j’urbex », affirmatif. Où ? No comment.

À la Sorbonne

Le nom urbex est la contraction en anglais d’exploration urbaine. Le terme a été inventé par Jeff Chapman alias Ninjalicious qui a créé le magazine « Infiltration » en 1996. Dans sa charte éthique, il écrit : « Ne prends rien que des photos, ne laisse que des traces de pas, ne garde que des souvenirs. »
La pratique s’est répandue au point de devenir un sujet d’étude. La première rencontre universitaire autour de l’urbex a été organisée par Nicolas Offenstadt à l’université Panthéon-Sorbonne en octobre 2018.
Le phénomène s’est amplifié sur les réseaux sociaux et la toile a parfois mis des noms sur les images. Ces visites inopinées ont été parfois l’objet de révélation tout aussi intrigante comme ces restes humains découverts par des amateurs dans un hôpital abandonné dans le Val-de-Marne.
À noter que les personnes prises sur le fait encourent 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende. Ce qui n’a jamais été prononcé.

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