"Quand un croquis m’accroche, je passe à la sculpture" : l'Aveyronnais Bernard Gratio sculpte le corps féminin par plaisir et passion

Abonnés
  • Le sculpteur entrayol passe de nombreuses heures dans son atelier boutique du tour de ville.
    Le sculpteur entrayol passe de nombreuses heures dans son atelier boutique du tour de ville. Centre Presse Aveyron - Joël Born
Publié le
Joël Born

Installé à Entraygues, son village natal, Bernard Gratio se passionne depuis sa jeunesse pour le travail du bois. Dans son atelier boutique, il réalise notamment de très belles sculptures de corps féminins. Des nus tout en finesse, d’autres tout en rondeurs…

Tous les jours où presque, peu importe la saison et la couleur du ciel, Bernard Gratio se retrouve dans son atelier boutique du Tour de ville d’Entraygues pour s’adonner à sa passion de toujours : la sculpture sur bois. En ce jour gris et pluvieux, au confluent du Lot et de la Truyère, la rivière roule avec force ses eaux tumultueuses et grossies. Encore à moitié endormi, le village attend avec impatience l’arrivée du printemps. Bernard nous ouvre gentiment la porte de son "chez lui". "Ici, c’est mon univers, c’est là où je passe le plus clair de mon temps, image l’Entrayol. Le matin, c’est rando de très bonne heure, et après c’est sculpture…"

"L'école n'a pas voulu de moi et moi je n'ai pas voulu de l'école"

Cet ancien employé à l’Équipement – "pour rester au pays" – est, comme bien d’autres artistes, un véritable autodidacte. "L’école n’a pas voulu de moi et je n’ai pas voulu de l’école, plaisante-t-il. Pour faire des études, il fallait être excellent partout et je ne l’étais pas…"

Bernard Gratio sculpte le corps féminin par plaisir et passion
Bernard Gratio sculpte le corps féminin par plaisir et passion

Gamin déjà

Tout gamin déjà, ce fils de menuisier ébéniste du village de Ginolhac, sur les hauteurs d’Entraygues, savait se servir d’un couteau pour tailler des bouts de bois. La sculpture, Bernard l’a presque toujours pratiquée depuis sa jeunesse, mais il s’y est mis sérieusement depuis une trentaine d’années. "Pendant longtemps, je dessinais (notamment des dessins à la plume ou à la plume et au lavis, NDLR) plus que je ne sculptais. Mais le dessin, ça va trop vite, explique le retraité. Il me faut quelque chose qui m’occupe un certain temps, c’est ainsi que je suis vraiment passé à la sculpture". Bernard a conservé pas mal d’outils de son père Auguste et, comme il se plaît à le souligner, il travaille à l’ancienne avec gouges, ciseaux, burins et autres rifloirs, ces mini-râpes à bois.

Bernard Gratio sculpte le corps féminin par plaisir et passion
Bernard Gratio sculpte le corps féminin par plaisir et passion

Toutes ses sculptures sont minutieusement et longuement poncées à la main, pour leur apporter la patine finale. Bernard travaille toutes sortes de bois, des bois provenant de la région qu’il achète ou parfois qu’on lui donne, mais ses préférences vont au buis et au tilleul, "les deux extrêmes, l’un est très dur, l’autre est tendre." Lorsqu’il réalise des pièces en tilleul, il appose une couche de peinture acrylique, afin de faciliter la finition.

D’abord des croquis

Bernard commence par coucher sur le papier quelques esquisses au crayon. "Quand un croquis m’accroche, je passe à la sculpture." Personnages, animaux, représentations religieuses, cannes et autres bâtons de pèlerins, il réalise, avec un talent certain, toutes sortes de sculptures mais il affectionne tout particulièrement les corps féminins et la sensualité qui s’en dégage, sujet principal de son œuvre. Des femmes presque toujours sans visage, minces ou rondes, aux formes parfois très généreuses.

"Les nus féminins ont été tellement représentés qu’on peut parfois trouver des ressemblances avec d’autres sculpteurs", remarque Bernard. S’il apprécie les sculptures de Toutain et les peintures de Botero, mais pas ces sculptures qu’il trouve "trop lourdes", l’artiste entrayol avoue ne pas subir véritablement d’influences artistiques. "Un jour, une dame bien en chair traversait dans la rue devant mon atelier et c’est elle qui m’a inspiré mes "Madames" rondes", confie Bernard. De Madame à la mer à Madame après l’amour, Madame au sauna ou Madame à l’ombrelle, il a ainsi réalisé tout une série de femmes aux rondeurs affirmées, qui ont séduit de nombreux amateurs.

Bernard Gratio sculpte le corps féminin par plaisir et passion
Bernard Gratio sculpte le corps féminin par plaisir et passion

Le plaisir avant tout

L’homme respire la simplicité, la modestie. D’ailleurs, expos et salons ne sont pas vraiment son truc. "Je me moque de flatter mon ego, résume le septuagénaire. Je n’ai jamais cherché la célébrité, je cherche, avant tout, à me faire plaisir. S’il n’y a pas ça, ce n’est pas la peine, et puis ça permet d’avoir des projets, de voir des gens." Simple, modeste et un brin perfectionniste aussi.

"Quand j’ai réalisé une belle pièce, je suis content, mais je me dis que l’on peut toujours mieux faire…" Depuis longtemps déjà, le sculpteur sur bois entrayol a fait sien cette pensée de Confucius : "Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie." Dans son atelier entrayol, Bernard n’a jamais vraiment le temps de voir le temps passer…

Bernard Gratio, sculpteur sur bois, 8, Tour de ville, 12140 Entraygues-sur-Truyère. Tél. 06 85 63 42 90. Sur internet : bernard-gratio.over-blog.com.
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?