VIDEO. Colère des agriculteurs : à Rodez, le "collectif paysans" rallume le brasier

Publié le
Mathieu Roualdès

De la laine et de la paille déversées devant la DDT en matinée, un feu géant à Saint-Éloi dans l’après-midi… Vendredi à Rodez, de nombreux paysans se disant "non syndiqués" ont ravivé la colère. En soirée, la préfecture a pourtant assuré que la Coordination rurale du Lot était aussi à la manœuvre.

On pensait la colère agricole passée en Aveyron, du moins dans ses manifestations et actions "coup de poing". Et pourtant. Vendredi, en milieu de matinée, les tracteurs ont de nouveau investi les rues de Rodez. Celles du quartier de Bourran en particulier où se trouvent les bureaux de la DDT (Direction départementale des territoires).

Et l’administration n’a pas été ménagée. De la laine, de la paille, des bottes, une façade bâchée, les agriculteurs ont "déversé" leur colère avec des pancartes pour le moins explicites : "Envoie le pognon Macron, sinon ça va chier !", "La mort est dans le pré", "Macron, réveille-toi !"… Dans l’après-midi, c’est au rond-point de Saint-Éloi que la colère est montée d’un cran. Cette fois, des pneus ont été incendiés. Un brasier s’est rapidement constitué, obligeant même les sapeurs-pompiers à intervenir.

Au total, une centaine d’agriculteurs étaient présents, avec autant de tracteurs. La raison de leur présence ? Le versement des aides de la Pac, promis au 15 mars par Gabriel Attal. "On n’en a toujours pas vu la couleur, ou partiellement. Le gouvernement nous a encore une fois menti, avec de belles paroles. Et il joue la montre, mais ça ne fait qu’accentuer la colère", explique Éloi Nespoulous.

Jeune producteur de lait ovin à Durenque, il était présent à l’appel du "collectif paysans occitan 12". Et personne d’autre. "Nous, nous sommes indépendants et on veut que ça bouge !", assure-t-il, fier de voir de nombreux jeunes dans les rangs des manifestants.

Fabien Rivière, laitier à Sévérac-d’Aveyron, était l’un d’eux. Durant de nombreuses années, il fut un membre actif des Jeunes agriculteurs, avant d’en partir. Il raconte : "On était plusieurs dans les manifestations des principaux syndicats et franchement, ça ne bougeait pas, rien n’avançait, c’était que de la façade. On a décidé de créer le collectif à ce moment-là et dès notre première action, le 22 février, cela a bien pris. On était plus d’une centaine de tracteurs à défiler dans les rues de Rodez. Et nous voilà de retour".

Le préfet condamne "avec fermeté"

"Le préfet de l’Aveyron condamne avec la plus grande fermeté cette action, dont l’image est contraire à celle des manifestations antérieures du monde agricole, conduites avec force mais en responsabilité et dignité par les agriculteurs aveyronnais".

Dans un communiqué de presse hier soir, le préfet Charles Giusti a fait part de sa condamnation des actions réalisées à Rodez, en assurant qu’elles ont aussi été organisées par la Coordination rurale du Lot. "À l’issue d’échanges libres et constructifs, des débordements provenant notamment d’agriculteurs extérieurs au département de l’Aveyron ont été observés. Un feu de paille, de palettes et de pneus a été allumé au rond-point Saint-Félix à Rodez, incommodant les riverains et mobilisant quatre véhicules incendie et un véhicule de commandement du Service départemental d’incendie et de secours, à l’heure de pointe, ce vendredi en fin d’après-midi".

La Coordination rurale, à la manœuvre ou en soutien ?

Comme la plupart de ses camarades, le grief est surtout fait au principal syndicat agricole : la FNSEA et son président Arnaud Rousseau. "C’est comme si le syndicat des menuisiers était dirigé par Ikea", sourit Éloi Nespoulous, pour qui le mot d’ordre du "collectif paysans" est clair : défendre le modèle agricole aveyronnais et le consommer local.

"Et pas simplement les grosses fermes, mais toutes celles qui font aujourd’hui notre milieu rural ! On aime les petits paysans nous", tient-il à préciser. Comme une nouvelle "pique" à l’encontre des autres syndicats... De tous ? La question se pose car vendredi encore, au sein de la manifestation, plusieurs bonnets jaunes siglés "CR", de la désormais célèbre Coordination rurale, étaient visibles. Certains étaient même venus du Lot. C’était déjà le cas lors des dernières actions du collectif où quelques pancartes accrochées au tracteur étaient particulièrement favorables à Jordan Bardella et au Rassemblement national.

Alors, la Coordination tenterait-elle une percée dans le département ? "Nous ne sommes fermés à personne, mais nous sommes indépendants !", répondent les créateurs du "collectif paysans". Vendredi, ils ont d’ailleurs annoncé qu’ils pensaient présenter une liste en leur nom lors des prochaines élections à la Chambre d’agriculture, en janvier prochain. "Faut que ça change", disent-ils. En multipliant les actions dans les prochaines semaines ? "On reviendra s’il le faut".

Quant au brasier allumé hier à Saint-Éloi et visible de toute l’agglomération ruthénoise, le collectif devance les critiques : "Oui, ce feu n’est pas écologique et il pollue. Mais c’est celui de la contestation et il pollue bien moins que les bateaux qui arrivent de l’autre bout du monde avec de la bouffe de merde !"

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