"Notre réponse sera bien plus importante" : l’Iran met en garde Israël et les États-Unis en cas de réplique, après l’attaque de samedi soir

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Nicolas Drusian avec Reuters

La communauté internationale appelle à la retenue en craignant une violente escalade militaire au Moyen-Orient.

L’Iran a mis en garde, dimanche 14 avril 2024, Israël et les États-Unis contre une réponse de grande ampleur en cas de réplique à son attaque de drones et de missiles lancée la nuit précédente contre le territoire israélien. La menace d’un conflit ouvert entre les deux ennemis du Moyen-Orient, susceptible d’entraîner les États-Unis dans son sillage, a fait encore monter d’un cran la tension régionale.

Washington a prévenu que l’Amérique ne cherchait pas à entrer en guerre avec l’Iran mais que les États-Unis protégeraient leurs forces et l’État d’Israël.

L’Iran a attaqué en réponse à une frappe meurtrière israélienne présumée perpétrée le 1er avril contre son consulat en Syrie, dans un contexte d’affrontements entre Israël et les alliés régionaux de l’Iran sur fond de guerre à Gaza. Selon l’armée israélienne, 99 % des quelque 300 projectiles lancés samedi soir ont été abattus avec l’aide des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la Jordanie.

Une base de l’armée de l’air située dans le sud d’Israël a été touchée, ce qui ne l’a pas empêchée de fonctionner, et un enfant de sept ans a été grièvement blessé par des éclats d’obus. Aucun autre dommage grave n’a été signalé.

Les grandes puissances appellent à la retenue

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Amir Abdollahian, a fait savoir que Téhéran avait informé les États-Unis que son attaque contre Israël serait "limitée". "Nous avons intercepté, nous avons repoussé, ensemble nous gagnerons", a déclaré pour sa part le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur les réseaux sociaux avant une réunion du cabinet de guerre à la mi-journée.

Pour le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, l’attaque a été déjouée mais l’opération militaire n’est pas terminée. "Nous devons être préparés à tous les scénarios", a-t-il dit. La Douzième chaîne de télévision israélienne a cité un responsable israélien anonyme évoquant une "réponse significative" à l’attaque.

Des puissances comme la Russie, la Chine, la France et de nombreux États arabes comme l’Égypte, le Qatar et les Émirats arabes unis ont appelé à la retenue. "La France travaille à la désescalade avec ses partenaires et appelle à la retenue", a écrit le président français Emmanuel Macron dans un message sur le réseau X.

La mission de la République islamique auprès des Nations Unies a dit qu’il s’agissait de punir les "crimes israéliens" et que l’Iran "considérait désormais l’affaire close". Mais le chef d’état-major de l’armée iranienne, le général Mohammad Bagheri, a lancé une mise en garde à la télévision. "Notre réponse sera bien plus importante que l’action militaire de ce soir si Israël riposte contre l’Iran", a-t-il prévenu, menaçant les bases américaines si Washington aidait Israël à riposter.

Réunion des pays du G7 ce dimanche

Le président américain, Joe Biden, a réaffirmé son soutien à Israël sans annoncer de représailles contre l’Iran, dans l’attente d’une réunion en visioconférence des dirigeants des pays du G7 prévue dimanche après-midi, heure européenne.

Le Conseil de sécurité de l’Onu devait pour sa part se réunir en fin de journée à New York. Le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a proposé la tenue, mardi, d’une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’UE.

Les analystes se demandaient dimanche si l’attaque iranienne visait à faire des dégâts en Israël ou bien plutôt à sauver la face sans provoquer un conflit majeur. "Je pense que les Iraniens ont pris en considération le fait qu’Israël dispose d’un système antimissiles multicouches très, très puissant et ils ont probablement pris en considération le fait qu’il n’y aurait pas trop de victimes", a estimé Sima Shine, un ancien haut responsable du Mossad à l’Institut d’études sur la sécurité nationale de Tel Aviv.

Quelles conséquences en cas de réplique d’Israël ?

Samedi, les Gardiens de la révolution iraniens ont saisi un cargo lié à Israël dans le détroit d’Ormuz, l’une des routes commerciales les plus importantes au monde, illustrant les risques d’un conflit plus large pour l’économie mondiale. Le transport aérien a été perturbé dans les pays de la région et les cours des actions ont chuté en Bourse en Israël et dans les États du Golfe.

La guerre à Gaza, lancée par Israël après une attaque du Hamas soutenue par Téhéran le 7 octobre, s’est étendue via des organisations fidèles à l’Iran au Liban, en Syrie, au Yémen et en Irak. Allié le plus puissant de l’Iran dans la région, le groupe chiite libanais Hezbollah a tiré des roquettes contre une base israélienne dans la nuit.

Israël a déclaré avoir frappé dimanche matin un site du Hezbollah au Liban. L’attaque du 7 octobre qui a fait 1 200 morts et 253 otages côté israélien, la défiance interne à l’égard du gouvernement et la pression internationale en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza pèseront sur les décisions de Benjamin Netanyahu quant à la réponse à apporter à l’attaque iranienne. Le Premier ministre israélien prône depuis des années une ligne dure contre l’Iran, poussant les États-Unis à hausser le ton sur le programme nucléaire de Téhéran et son soutien au Hezbollah, au Hamas et à d’autres groupes de la région.

"Nous avons été massacrés pendant six mois"

Dimanche à Jérusalem, les Israéliens racontaient leurs peurs nocturnes, le bruit des sirènes et des explosions, mais les avis divergeaient sur la réponse à donner à cet épisode inédit. "Je pense que nous avons reçu l’autorisation de réagir maintenant. Je veux dire, c’était une attaque majeure de l’Iran", a déclaré Jérémy Smith, 60 ans.

En Iran, la télévision d’État a montré des images de petits rassemblements dans plusieurs villes pour célébrer l’attaque, mais en privé, certains Iraniens s’inquiétaient d’une éventuelle riposte israélienne. À Gaza, dévastée par six mois d’une guerre qui a fait 33 729 morts selon le ministère de la Santé palestinien, de nombreux Palestiniens approuvaient l’attaque iranienne.

"Nous avons été massacrés pendant plus de six mois et personne n’a osé faire quoi que ce soit. Maintenant, l’Iran, après que son consulat a été touché, riposte", a déclaré Majed Abu Hamza, 52 ans, de la ville de Gaza.

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