Syrie: les Européens fermes et unis, sans approuver des frappes

  • Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (g) en compagnie de son homologue lituanien Linas Linkevicius, lors de son déplacement à Vilnius, le 7 septembre 2013
    Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (g) en compagnie de son homologue lituanien Linas Linkevicius, lors de son déplacement à Vilnius, le 7 septembre 2013 Pool/AFP - Susan Walsh
  • Laurent Fabius (d) et John Kerry (g) discutent dans les jardins du ministère des Affaires étrangères à Paris, le 7 septembre 2013
    Laurent Fabius (d) et John Kerry (g) discutent dans les jardins du ministère des Affaires étrangères à Paris, le 7 septembre 2013 AFP - Lionel Bonaventure
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AFP

Les pays de l'Union européenne se sont accordés samedi à Vilnius sur la nécessité d'une réponse internationale "forte" à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie mais sans aller jusqu'à soutenir le projet de frappes défendu par le secrétaire d'Etat américain John Kerry et par la France.

Au lendemain d'un G20 où il n'avait pas réussi à obtenir un large soutien international, le président américain Barack Obama a lancé un appel aux membres du Congrès américain pour qu'ils approuvent le principe d'une opération armée. "Nous sommes les Etats-Unis. On ne peut pas rester aveugle devant les images de Syrie que nous avons vues", a-t-il déclaré dans son allocution hebdomadaire à la radio.

Les Etats-Unis ont eu la satisfaction de voir l'Allemagne se joindre à l'appel lancé la veille par onze pays présents au G20 pour une "réponse internationale forte", de nature non spécifiée, aux attaques chimiques du 21 août dans la banlieue de Damas.

Sans reprendre exactement les termes de cet appel, les ministres des Affaires étrangères de l'UE, réunis à Vilnius, sont tombés d'accord sur la nécessité d'une "réponse claire et forte".

La formule "réponse forte" est suffisamment vague pour satisfaire les 28 pays de l'UE, aussi bien la France qui défend la même position que les Etats-Unis, que ceux, plus nombreux, restant très réticents à un engagement militaire sans l'aval de l'ONU.

Les "28" sont aussi d'accord pour dire qu'il existe de "fortes présomptions" sur la responsabilité du régime de Bachar al-Assad dans le massacre de centaines de civils au moyen d'armes chimiques le 21 août et sur le fait que les auteurs doivent être traduits devant la Cour pénale internationale.

La chancelière allemande Angela Merkel a salué la position européenne la jugeant d'une "importance inestimable". John Kerry, qui s'était déplacé à Vilnius pour expliquer la position de Washington, a également exprimé sa satisfaction après cette "forte déclaration sur le principe de responsabilité", avant de quitter la Lituanie pour Paris.

Arrivé en début de soirée dans la capitale française, il devait aussitôt s'entretenir avec le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius "pour faire le point (sur la crise syrienne) après le G20 et la réunion de Vilnius", selon le ministère français des Affaires étrangères.

Les pays européens les plus prudents se sont déclarés très satisfaits par l'engagement pris vendredi par le président français François Hollande d'attendre la publication du rapport de l'ONU avant d'engager la France dans une opération militaire.

"Nous accueillons très favorablement les déclarations de M. Hollande", a résumé la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, à l'issue de la réunion. "Cela a permis de débloquer les discussions" à Vilnius, a témoigné un diplomate.

Kerry à Paris puis Londres

En revanche, M. Kerry a indiqué à ses partenaires européens que Washington ne prenait pas le même engagement. "Il a dit clairement que les Etats-Unis n'avaient pas décidé d'attendre" le rapport pour éventuellement agir, a relaté un responsable américain.

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui regroupe Bahreïn, le Koweït, Oman, les Emirats arabes unis, le Qatar et l'Arabie saoudite, a exhorté dans un communiqué publié à Ryad la communauté internationale à intervenir immédiatement en Syrie pour "délivrer" le peuple syrien de la "tyrannie" de son gouvernement.

Selon Jean Asselborn, le chef de la diplomatie du Luxembourg, pays siégeant actuellement au Conseil de sécurité de l'ONU, la préparation du rapport "pourrait prendre encore une semaine et demie". Mais, a-t-il ajouté en citant des informations obtenues auprès de l'ONU, il est possible que "des éléments importants de ce rapport soient transmis au Conseil de sécurité" avant sa publication formelle.

Aux yeux de la plupart des Etats de l'UE, ce rapport représente une étape essentielle, susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations d'attaques aux gaz toxiques.

Lundi, le Congrès américain se réunit après les vacances parlementaires et le président Obama s'adressera mardi aux Américains après avoir décidé samedi dernier du principe de frappes "ciblées et limitées" contre la Syrie, mais pas avant le feu vert du Congrès.

Le même jour, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem sera à Moscou, grand allié de Damas.

La réunion du G20 de Saint-Petersbourg a illustré les profondes divisions internationales, le président russe Vladimir Poutine ayant déclaré que la ligne de Moscou était partagée par plusieurs grands pays, dont la Chine, l'Inde et le Brésil.

Les contacts diplomatiques vont rester intenses durant le week-end. Le président français François Hollande devait rencontrer le président libanais Michel Sleimane samedi soir à Nice dans le sud de la France, et John Kerry sera à Londres dimanche soir.

Soucieux d'éviter une intervention, le pape François a appelé les chrétiens, les autres religions et les non-croyants à une journée de jeûne et de prière samedi.

Sur le terrain, les combats ont repris samedi entre forces fidèles au régime syrien et rebelles aux environs et dans la ville chrétienne de Maaloula, au nord de Damas, deux jours après le retrait de combattants rebelles de l'une des entrées de la cité antique, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Source : AFP

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